Les verdicts se suivent et ne se ressemblent pas.    

Après le scandale qu'avait suscité le verdict de non-culpabilité de Guy Turcotte, une vague de soulagement parcourt le pays. Non, les crimes d'honneur ne passent pas au Canada. Oui, les assassins de ces trois belles adolescentes et de cette première épouse humiliée devront payer, longtemps, pour ce crime inique.

Un bémol, pourtant: pourquoi la même sentence à la mère et au fils, qui n'avait que 18 ans au moment des faits?

Même si la preuve contre ces derniers était incontournable, n'y a-t-il pas des degrés dans la responsabilité morale, entre ces deux-là et le maître d'oeuvre de l'opération? Ce garçon a eu le cerveau lessivé depuis le berceau, de même que sa mère, conditionnée toute sa vie à son rôle de loyale servante...

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Retour sur d'autres verdicts...

Un garçon de 16 ans, dans une querelle de taverne, tue un quidam à coups de couteau. Reconnu coupable de meurtre non prémédité, il est condamné à une peine d'emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération avant sept ans.

Un cardiologue de 39 ans, affecté par le départ de sa femme, assassine ses deux enfants à coups de couteau. Il est reconnu non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux... et souhaite maintenant, après un stage assez confortable à l'institut Pinel, reprendre sa vie comme si de rien n'était.

Le petit voyou l'a attrapé en pleine face, le bras de la justice. Le docteur, lui, non seulement s'en est tiré, mais ses brillants avocats ont réussi à dénicher une psychiatre qui a eu le toupet de soutenir devant la Commission d'examen des troubles mentaux que M. Turcotte devrait recouvrer sa liberté sans condition.

«Son risque de commettre (de nouveau) un crime violent n'est pas plus élevé que pour quiconque», professe la Dre Dominique Bourget.

Ah bon? Le type a disjoncté grave, comme on dit en France, jusqu'à poignarder ses propres enfants. Mais c'était, comment dire, un incident ponctuel, une erreur de parcours. À classer. À oublier.

Pour cette psy, l'ex-femme de Guy Turcotte est «irréaliste» quand elle dit craindre pour sa vie.

Irréaliste? C'est peu de dire que le Dr Turcotte en voulait à sa femme. Poignarder leurs enfants, n'était-ce pas l'attaquer elle, à travers la chair de sa chair? Pas besoin d'être psy pour comprendre cela.

On sait que bien des psys sont encore plus... bizarres que leurs patients. Mais celle-ci, elle est en quelque sorte la championne des psys bizarres. Elle estime que Guy Turcotte, ayant «beaucoup cheminé», est maintenant prêt pour une sortie sans condition. Selon elle, il n'a même pas besoin de thérapie.

Pardon? On assassine deux enfants, et on n'a pas besoin de thérapie? On assassine deux enfants et il n'y aura pas de punition? On efface tout et l'on continue?

Le malheureux petit voyou a reçu une sentence d'adulte même s'il n'avait que 16 ans au moment du crime. Le voilà en taule, entouré de criminels adultes dans une prison pour criminels adultes, sa vie gâchée à jamais, alors que s'il avait été jugé comme le mineur qu'il était lors du meurtre, il aurait été envoyé dans un centre d'accueil où il aurait eu une chance de réhabilitation.

Ah, mais bien sûr, ce petit voyou-là n'avait pas de quoi impressionner un jury, tandis qu'un cardiologue... Le petit n'avait pas non plus, comme le Dr Turcotte, les moyens d'embaucher deux étoiles du Barreau montréalais. Lesquelles, d'ailleurs, poursuivent aujourd'hui leur mission salvatrice en pilotant sa demande de libération conditionnelle.

Justice de classe, direz-vous? Et comment!