Viendra? Viendra pas? Dominique Strauss-Kahn sera-t-il le candidat de la gauche contre Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2012? Chose certaine, ce n'est pas ce qu'on souhaite à l'Élysée, l'ancien ministre des Finances du gouvernement Jospin étant, selon les sondages, le politicien le plus populaire de France, en plus d'avoir une envergure intellectuelle hors du commun.

Viendra? Viendra pas? Dominique Strauss-Kahn sera-t-il le candidat de la gauche contre Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2012? Chose certaine, ce n'est pas ce qu'on souhaite à l'Élysée, l'ancien ministre des Finances du gouvernement Jospin étant, selon les sondages, le politicien le plus populaire de France, en plus d'avoir une envergure intellectuelle hors du commun.

En parrainant la candidature de M. Strauss-Kahn au Fonds monétaire international, en 2007, M. Sarkozy croyait se débarrasser d'un rival encombrant: le mandat de M. Strauss-Kahn se termine en octobre 2012... six mois après l'élection présidentielle!

Mais rien n'empêche M. Strauss-Kahn de quitter le FMI avant la fin de son mandat, même s'il avait promis en 2007 de le mener jusqu'au bout. Il devrait alors démissionner au plus tard cet été, puisque le Parti socialiste, sous la pression de ses rivaux, a fixé l'échéance des mises en candidature à la mi-juillet plutôt qu'à l'automne, comme le souhaitaient les partisans de M. Strauss-Kahn.

Ce dernier laisse planer le mystère sur ses intentions, et pour cause: le patron du FMI ne peut s'engager dans la politique partisane sous peine de devoir illico démissionner de son poste... ce qui ne l'a pas empêché de discuter à maintes reprises de politique française avec son vaste aréopage de fidèles compagnons, qui font habilement mousser depuis des mois la candidature du grand absent (le siège du FMI est à Washington).

Le signe le plus clair que ce dernier vise l'Élysée s'est produit le week-end dernier, à Paris, où se tenait une réunion regroupant les ministres des Finances du G20 et les représentants des grandes institutions financières internationales.

M. Strauss-Kahn en fut la vedette incontestée, pourchassée du début à la fin par des essaims de caméras. Surtout, il a accepté d'être interviewé au bulletin télévisé de 20 heures à France 2 - un créneau très politique, où il n'aurait eu aucune raison d'aller s'il entendait rester au FMI.

Très habilement, il s'en est tenu à son devoir de réserve... tout en polissant son image d'homme de gauche - une image mise à mal par l'extrême-gauche, qui l'accuse d'avoir vendu son âme au capitalisme international. À l'entendre protester de son attachement aux Français et expliquer, avec une sobre éloquence, en quoi ses politiques, au FMI, servaient les peuples, on sentait bien qu'il parlait à un futur électorat.

Autre élément prémonitoire, sa femme, Anne Sinclair, une ancienne journaliste doublée d'une fine politique, laissait savoir récemment qu'elle ne souhaitait pas que son mari fasse un second mandat au FMI... Cette petite phrase survenait pile, au moment où la cote de popularité de DSK fléchissait, ses admirateurs commençant à se lasser de cet interminable suspense.

Bref, tout indique que DSK quittera le FMI, vraisemblablement le plus tard possible afin de limiter les ennuis que causera à l'institution le départ prématuré de son directeur général.

Le plus ironique, c'est que le héros d'aujourd'hui, tout comme cet autre poids lourd qu'était Laurent Fabius, avaient été rangés en 2006 au rayon des «éléphants» - des bonzes archaïques - alors que la belle Ségolène, avec ses discours de type évangéliste, triomphait dans les sondages, jusqu'à devenir candidate du PS aux présidentielles.

Les socialistes s'en mordirent les doigts longtemps et sont, depuis, revenus aux valeurs sûres - d'autant plus que la crise financière a fragilisé le pays.

Cette année, l'électorat n'a plus envie de suivre des néophytes sur la voie de l'improvisation. D'ailleurs, les principaux rivaux de DSK, au PS, sont eux aussi des politiciens de type classique, des gens sérieux et consciencieux comme Martine Aubry, l'actuelle patronne du PS, et François Hollande, qui l'avait précédée au poste de secrétaire général, et dont l'étoile a monté ces derniers temps.