On se croirait dans l'Italie de la Renaissance. Le mécène répand ses largesses, puis vous les retire, dans sa suprême et orgueilleuse indépendance.

On ne peut en vouloir à Daniel Langlois, dit-on ici et là, et c'est vrai, dans la mesure où c'est lui qui a entièrement financé la construction d'Ex-Centris, ce merveilleux cadeau fait aux Montréalais. C'est la loi du prince, la loi du propriétaire. L'argent parle, n'est-ce pas?

 

Mais si, on peut lui en vouloir. Lui en vouloir de pénaliser tout le milieu du cinéma, tous les cinéphiles et tous les simples amateurs qui remplissaient fidèlement ses salles, parce que Monsieur, las du cinéma conventionnel, trop plébéien, décide maintenant d'encourager le multimédia et «l'exploration culturelle»... après avoir tout de même fait pas mal d'argent pendant 10 ans avec les rentrées de la billetterie, car à ce que je sache, on n'entrait pas gratuitement à Ex-Centris.

Il y a là-dedans quelque chose de croche, pas au sens moral, mais sur le plan humain. Ce retrait inopiné d'un cadeau que nous avions fait nôtre, comme on fait avec tous les cadeaux. Cette désinvolture. La manière. Cette façon de dire: «Moi, je retire mes billes, j'ai assez donné, j'ai d'autres intérêts, débrouillez-vous.» Était-ce même un cadeau? Force est de le constater, ce n'était qu'un prêt. On peut reprendre un prêt. Pas un cadeau. C'est parfaitement légal mais c'est moche, c'est petit, c'est le genre de décision qu'on attend d'un businessman unidimensionnel, pas d'un homme de culture.

Montréal a perdu l'Élysée (que Langlois a démoli pour bâtir son complexe), le Parisien, les salles du complexe Desjardins... Par sa qualité, Ex-Centris compensait ces pertes.

Avec sa disparition, il ne restera plus une seule salle de haut standing à Montréal pour le cinéma d'auteur, ou pour celui qui s'écarte des sentiers battus - tous ces films européens, magrébins, israéliens ou chinois que les écrans parisiens diffusent à foison, mais qu'on ne voit jamais ici. Et voilà qu'on perd trois écrans d'un coup! Il ne reste que le Beaubien et le Cinéma du Parc... Le Beaubien est un cinéma de quartier, beaucoup trop excentré. Le Cinéma du Parc n'offrira jamais le même confort, le même design haut de gamme, la même vue dégagée, la même qualité de la projection.

Il y a des salles où la visibilité est encore meilleure parce qu'au lieu d'être en plan incliné, elles sont construites en gradins - par exemple, celles de l'AMC dans l'ancien Forum ou celles de Scotia Bank (quel affreux nom pour un cinéma!). Ces salles offrent aussi, très souvent, des films intéressants, qui ont le mérite d'être sous-titrés plutôt que doublés... mais généralement sous-titrés en anglais. Et là, vous devez supporter les odeurs de pop-corn, les plateaux indécents remplis de cochonneries, les cartons graisseux et les cannettes qui roulent sous les fauteuils... Ex-Centris, c'était le bijou. L'irremplaçable bijou.

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La santé par l'Internet

Le 6 janvier dernier, je refilais aux lecteurs un truc pour obtenir des renseignements sérieux sur les problèmes de santé, et contourner les charlatans et les babillages futiles qui polluent ces sites. Vous ajoutez à la mention le mot «mayo», pour la clinique Mayo aux États-Unis. Dans cette même chronique, je déplorais que nos institutions n'offrent pas ce genre de service en français. Plusieurs lecteurs m'ont recommandé deux sites, qui sont effectivement très corrects. Vous googlez «guidesante.gouv.qc.ca», un site qui vient du ministère de la Santé, et vous allez à l'index pour identifier le problème qui vous préoccupe. L'autre est financé par la Fondation Chagnon, à l'adresse «passeportsante.net». Bonne recherche!