L'entreprise a mis du temps à redorer son image au Québec, mais depuis 2010, la Financière Sun Life connaît un regain de vie notable sur le territoire qui l'a vue naître.

Bon, ce n'est pas encore le retour du siège social de la Sun Life à Montréal, mais l'institution financière, fondée il y a plus de 150 ans, est présidée pour la première fois de son histoire par deux Québécois : Robert Dumas, qui occupe les fonctions de PDG de la Financière Sun Life Québec depuis 2017, et Jacques Goulet, qui a été nommé le 15 janvier dernier président de la Financière Sun Life Canada.

Les choses ont passablement évolué au cours des 40 dernières années pour la Financière Sun Life. Il y a 40 ans, il faut le rappeler, la compagnie d'assurances Sun Life, fondée à Montréal en 1865, annonce le déménagement de son siège social à Toronto.

L'adoption de la loi 101, six mois plus tôt, par le gouvernement du Parti québécois, n'est pas étrangère à la décision de la direction quasi exclusivement anglophone de l'institution financière de déménager ses pénates à Toronto.

L'entreprise a mis du temps à redorer son image au Québec, mais depuis 2010, avec la création d'une unité d'affaires québécoise distincte et la nomination d'Isabelle Hudon comme PDG, la Financière Sun Life connaît un regain de vie notable sur le territoire qui l'a vue naître.

« En 2010, on avait 1600 employés au Québec. Aujourd'hui, on compte sur des effectifs de 2100 personnes. Le nombre de cadres de niveau supérieur est passé de 65 à 150 durant cette période. »

- Robert Dumas, qui a succédé à Isabelle Hudon en 2017

Robert Dumas a fait carrière durant 28 ans chez Mercer. Il était responsable du Canada et de l'Amérique latine lorsqu'il a été recruté, en 2012, par la Financière Sun Life pour épauler Isabelle Hudon à titre de vice-président principal.

« C'est Dean Connor, PDG mondial de la Financière Sun Life et ancien collègue chez Mercer, qui m'a embauché et c'est lui qui a convaincu l'an dernier Jacques Goulet de devenir président de la Financière Sun Life Canada », poursuit Robert Dumas.

Jacques Goulet est un autre vétéran de chez Mercer, où il a travaillé durant 29 ans en assumant des postes de direction à Toronto, Paris, Genève et New York, où il était durant les cinq dernières années le grand responsable des activités mondiales du groupe.

« Ç'a été une décision facile, Dean Connor n'a pas eu à me convaincre. La Financière Sun Life est une marque forte au Canada et dans le monde, et j'avais le goût de me rapprocher. Je suis originaire de Shawinigan et j'y ai toujours ma maison », précise l'actuaire de formation.

UNE PRÉSENCE QUÉBÉCOISE FORTE

Les deux hauts gestionnaires québécois m'ont donné rendez-vous cette semaine dans l'édifice iconique de la rue Metcalfe qui abrite le siège social québécois de la Financière Sun Life pour discuter des activités de l'institution et mettre en relief le rôle que le Québec y joue aujourd'hui.

« En 1978, au moment du déménagement du siège social, il n'y avait pas beaucoup de dirigeants francophones au sein de la direction. Moins que les doigts d'une seule main.

« Robert et moi occupons des postes stratégiques et j'ai nommé peu de temps après mon arrivée un autre Québécois, Alex Guertin, comme vice-président principal et chef de la direction financière », souligne Jacques Goulet.

Robert Dumas poursuit en précisant que le Québec est une pépinière d'actuaires et que le marché québécois est plus progressiste et précurseur que celui du reste du Canada.

« On est en avance sur l'assurance médicaments. Le Canada veut adopter un système semblable au nôtre. On a un système réglementaire différent et on est créatifs.

« C'est nous, au Québec, qui avons créé en 2015 une première mondiale en mettant sur pied la première assurance longévité contre l'amélioration de l'espérance de vie pour le régime de retraite des employés de Bell Canada. On sait innover. »

- Robert Dumas

Jacques Goulet insiste pour sa part sur le fait que c'est à Montréal que se fait tout le développement des nouvelles technologies financières qui vont servir l'industrie de l'assurance, des caisses de retraite et de la gestion de placements.

« On a 300 employés dans le Mile End qui développent les fintechs de demain. C'est l'expertise de Montréal qui est mise au service de toute la Financière Sun Life », constate-t-il.

Enfin, huit hauts dirigeants de la division québécoise ont hérité de mandats nationaux parce qu'ils ont une expertise unique. C'est notamment le cas de Jean-Michel Lavoie, pharmacien, économiste et titulaire d'un MBA qui planche sur l'avenir de l'assurance médicaments au Canada.

La Financière Sun Life a décidé de puiser de nouveau dans le terreau qui l'a vue naître et grandir, et cette tangente semble être bien ancrée dans la tête de ses dirigeants.

D'autant qu'à 53 ans, Jacques Goulet a le profil idéal pour succéder au PDG mondial du groupe, Dean Connor, lorsque ce dernier partira à la retraite. La présence québécoise au sein de la Financière Sun Life est en fait plus forte aujourd'hui qu'elle ne l'était au moment de son départ de Montréal en 1978.