Après avoir enregistré deux mois consécutifs de gains vigoureux et réguliers qui ont permis à la Bourse canadienne de générer enfin des rendements positifs en 2017 - et de franchir la marque record des 16 000 points -, l'indice TSX de la Bourse de Toronto s'est remis depuis trois semaines à faire du surplace, réactivant les doutes sur les capacités de la Bourse canadienne à enrichir ses participants.

Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas. L'an dernier, la Bourse de Toronto a été l'un des marchés boursiers qui ont produit parmi les plus forts rendements au monde, enregistrant une plus-value de 18 %.

Plusieurs analystes financiers étaient d'ailleurs d'avis que le marché boursier canadien allait poursuivre en 2017 sur cette vigoureuse lancée et connaître une autre année de forts rendements qui allaient même supplanter pour une deuxième année consécutive ceux des bourses américaines.

Ce n'est pas du tout le scénario qui s'est produit. À partir du mois de février jusqu'au début du mois de septembre, la Bourse canadienne n'a fait que s'enliser pour présenter un rendement de - 4 % pour les huit premiers mois de l'année, alors que l'indice S&P 500 affichait des gains de plus de 10 % pour la même période.

Puis, un déclic s'est produit et un solide ralliement s'est mis en place pour pousser de plus de 1000 points l'indice TSX et lui faire franchir la marque record des 16 000 points.

Résultat des courses, le TSX, qui affichait des rendements négatifs depuis le début de l'année, a renversé la tendance et affiche aujourd'hui des gains de 5,3 % depuis le début de 2017.

Depuis trois semaines, toutefois, l'élan des derniers mois s'est estompé et l'indice canadien fait du surplace pendant que les trois marchés boursiers américains poursuivent leur progression.

Cette pause est-elle le prélude à une torpeur plus large et plus généralisée, ou est-elle le tremplin qui permettra au TSX de rebondir d'ici la fin de l'année, en profitant notamment du possible rallye du père Noël ?

UN MARCHÉ, DEUX VISIONS

En début de semaine, l'agence financière Bloomberg a mis en parallèle la vision opposée de deux stratèges boursiers qui illustre combien le marché canadien reste imprévisible et pourrait prendre des chemins bien différents.

Brian Belski, de BMO Marchés des capitaux, est convaincu que le marché canadien est encore solide, que les entreprises ont encore beaucoup de tonus et que l'indice TSX sera en mesure de progresser d'au moins 10 % au cours de la prochaine année.

Selon lui, les investisseurs canadiens ont tendance à surréagir aux mauvaises nouvelles telles que les prix du pétrole ou la difficile renégociation de l'ALENA.

Matt Barasch, stratège chez RBC Marchés des capitaux, est convaincu du contraire et estime que les litiges commerciaux à venir avec les États-Unis, la réforme fiscale américaine et les prix stagnants du pétrole vont priver le marché canadien de toute vélocité.

Selon lui, l'indice TSX devrait terminer l'année 2018 à 16 300 points. Rappelons que l'indice canadien a terminé la journée d'hier à 16 108 points. Selon le stratège de RBC, la Bourse canadienne va donc produire au cours des 13 prochains mois un rendement nul.

Que pessimisme et optimisme s'affrontent aussi ouvertement n'est pas étranger au fait qu'il existe beaucoup d'incertitude aux États-Unis entourant la viabilité du « bull market » actuel qui perdure depuis maintenant neuf ans.

Neuf ans de marché haussier, c'est long. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la durée de vie moyenne des marchés haussiers a été de quatre ans. Le cycle actuel de neuf ans est le deuxième en importance à voir le jour au cours des 70 dernières années, pour ce qui est de la durée.

Le plus long « bull market » enregistré au cours de cette période a duré 12 ans, de 1987 à 2000, et il a coïncidé avec la plus longue phase d'expansion économique américaine, qui a duré 10 ans, de novembre 1991 à septembre 2001.

Chose certaine, si la croissance économique reste forte aux États-Unis en 2018, comme plusieurs l'anticipent, les marchés boursiers américains devraient poursuivre leur progression, et si c'est le cas, la Bourse canadienne devrait faire pareil. Si les marchés plantent aux États-Unis, le TSX risque à coup sûr de planter lui aussi.

Infographie La Presse

Source : Thomson Reuters