L'année qui s'achève nous a rappelé qu'il ne faut pas se fier au comportement des seuls premiers jours de janvier pour préjuger du rythme et du tonus économiques qui l'animeront jusqu'à la fin de décembre. Parce que la première semaine de 2016 n'augurait rien de moins qu'une autre année d'errance économique et financière, un scénario qui ne s'est fort heureusement pas matérialisé.

Durant les cinq premiers jours de janvier 2016, la Bourse américaine a enregistré le pire début d'année de son histoire en retranchant près de 6 % de sa valeur.

Le 7 janvier, cinquième jour ouvrable de 2016, on constatait aussi que la Bourse canadienne entrait en territoire baissier puisqu'elle venait de cumuler un recul de 20 % de sa valeur depuis l'atteinte de son sommet de septembre 2014 à 15 657 points.

Parallèlement à cette catastrophe boursière, les prix du baril de pétrole - qui s'étaient déjà effondrés en 2015 - accéléraient dans les premiers jours de janvier leur chute alors que le baril de pétrole brut léger américain allait éventuellement clôturer à 26,55 $.

En ces premiers jours de janvier 2016, le dollar canadien testait le seuil des 70 cents US, une frontière qu'il franchira au milieu du mois pour clôturer au niveau plancher des 68,68 cents US.

Bref, en ce début d'année maussade, je ne donnais pas cher pour l'ensemble de 2016. J'entrevoyais même le pire et pourtant, comme quand le Canadien perd 5 à 1 après deux périodes, il ne faut jamais perdre espoir d'un possible retournement de situation.

(J'étais au Centre Bell, le 29 septembre 2009, lorsque le Canadien se faisait lessiver 5 à 0 par les Rangers de New York et que j'ai décidé de rentrer à la maison. On était au milieu de la deuxième période. J'ai appris la suite en auto, en écoutant la radio et en me mordant les lèvres jusqu'à ce que le CH l'emporte en tirs de barrage 6 à 5, dans ce qui reste le plus important retour de l'histoire de l'équipe.)

Bref, sur les plans économique et financier, 2016 s'amorçait bien mal jusqu'à ce que le mieux se mette lentement à succéder au pire.

REBONDS SURPRENANTS

De façon soudaine, à partir du mois de février, les indicateurs qui avaient plongé l'économie canadienne en récession technique durant le premier semestre 2015 se sont redressés.

Les prix du pétrole se sont mis à remonter et au mois de mai, ils avaient franchi la barre des 40 $US, permettant au dollar canadien de flirter avec les 80 cents US.

En fin d'année, on constate que les prix du pétrole ont tout simplement doublé par rapport à leur creux de 26,00 $US de janvier pour se maintenir proches de la marque des 52 $US.

Ce redressement des cours pétroliers a eu une incidence directe sur le marché boursier canadien qui a transformé ses pertes de 11 % de 2015 à des gains avoisinants les 20 % sur l'ensemble de 2016.

Même phénomène aux États-Unis. Les débuts d'année boursière désastreux, qui se traduisaient par un recul de près de 10 % au début du mois de février, se sont transformés par l'atteinte d'une multitude de records enregistrés par les trois principaux indices américains.

Le NASDAQ va terminer l'année en hausse de 12 %, le S&P 500 se dirige vers des gains de 15 % et le Dow Jones pourrait franchir la marque historique des 20 000 points et ainsi cumuler près de 20 % de rendement.

Autre surprise, malgré un taux de croissance économique toujours modeste, sous la barre des 2 %, l'économie québécoise a réussi à générer des emplois à la pelle.

Le rythme des 30 000 emplois par année que l'on observait de janvier à juillet s'est soudainement emballé à partir de l'été pour atteindre la cadence des 72 000 nouveaux emplois de juillet à novembre.

Cette performance a permis au Québec d'enregistrer son meilleur score des 40 dernières années en affichant un très spectaculaire 6,2 %, loin sous la moyenne canadienne de 6,8 %.

Je le confesse très humblement, avec le début d'année que l'on a connu, jamais je ne me serais attendu à ce que la situation économique et financière se redresse de façon aussi éclatante.

Ce qui étonne encore davantage, c'est que cette embellie nord-américaine, canadienne et québécoise s'est réalisée dans un contexte où l'économie mondiale a continué d'être mise à mal, notamment avec l'affirmation sans cesse grandissante d'une fibre néoprotectionniste et l'élection surprenante d'un Donald Trump. Mais ça, c'est en 2017 qu'on pourra commencer à en mesurer les effets.