Après la lecture de ses derniers résultats financiers, on pourrait sommairement résumer que la Caisse de dépôt a fait de l'argent l'an dernier en grande partie grâce aux placements qu'elle a réalisés à l'étranger, mais que l'institution n'a pas délaissé pour autant sa mission de contribuer au développement économique du Québec.

J'en vois déjà certains sursauter. Et dans le dossier Rona, est-ce que la Caisse n'a pas plutôt abdiqué sa mission en acceptant que le groupe de détaillants québécois passe sous le contrôle de l'américain Lowe's ?

Bien évidemment, la vente de Rona ne constitue pas un moment fort dans l'historique d'accompagnement de la Caisse de dépôt auprès des grandes entreprises québécoises.

Michael Sabia a toutefois rappelé hier que la Caisse avait cru au redressement éventuel de Rona, mais que la concurrence féroce de Home Depot et de Lowe's avait rendu très aléatoire tout projet de relance à long terme.

La Caisse a préféré protéger le capital de ses déposants et collecter une bonne plus-value sur son bloc d'actions dans Rona. Et juger la Caisse sur ce seul dossier malheureux serait injuste.

Revenons toutefois sur le déploiement de la Caisse à l'international. Au cours des quatre dernières années, l'institution a haussé son exposition aux marchés étrangers.

Elle l'a fait notamment par l'entremise de son fonds d'actions de qualité mondiale, qui totalise aujourd'hui près de 34 milliards et qui a produit, en 2015, un rendement très costaud de 21,5 %.

Les États-Unis à eux seuls pèsent 73,4 milliards dans les différents portefeuilles de la Caisse, qui y a investi 27 milliards au cours des quatre seules dernières années. Le portefeuille d'actions américaines a généré un rendement fort respectable de 19,3 % l'an dernier.

La Caisse a donc fort bien fait avec ses investissements étrangers, mais n'a pas délaissé le Québec pour autant. Les actifs québécois - actions, participations privées, immobilier, infrastructures - totalisaient 59,7 milliards en 2015.

Malgré de nouveaux investissements de 2,2 milliards réalisés au Québec, la valeur totale des actifs affiche un léger recul par rapport aux 60 milliards de l'an dernier.

Le PDG de la Caisse a expliqué que ce recul était le résultat de la vente très judicieuse des actions de la société pharmaceutique Valeant, qui ont réalisé tout un plongeon pour passer de 340 à 90 $ en l'espace de trois mois.

La Caisse a donc sorti 700 millions de la société « québécoise » Valeant, tout comme elle a réduit de 500 millions sa participation au capital de Québecor Média, à la suite d'un rachat par Québecor.

UN PARTENAIRE ACTIF

Au terme de son dernier exercice financier, la Caisse a haussé sa présence au sein des PME québécoises alors qu'une cinquantaine de nouvelles entreprises ont eu recours à ses services.

À la fin de 2015, la Caisse était partenaire de 550 PME et d'une centaine de grandes entreprises, telles que CGI, Couche-Tard, SNC-Lavalin, Camso ou le Groupe Germain, et l'institution a réalisé des financements importants, notamment avec WSP et Agropur.

Mais, plus important encore, la Caisse assure aujourd'hui plus qu'un simple soutien financier. Elle participe plus activement au développement des affaires de ses entreprises partenaires.

C'est notamment le cas de la société D-BOX, une entreprise qui conçoit et fabrique des fauteuils immersifs pour les salles de cinéma et qui compte, depuis cinq ans, la Caisse de dépôt comme actionnaire.

L'an dernier, la Caisse a réinvesti 5 millions dans D-BOX pour financer son déploiement en Chine, mais la Caisse, via son réseau international, lui a aussi surtout ouvert des portes inespérées.

« Ivanhoé Cambridge a des participations dans d'immenses centres commerciaux en Chine et ils m'ont permis de rencontrer des exploitants de salles de cinéma où on a pu installer notre technologie D-BOX.

« On est présents dans plus de 20 salles, mais on souhaite réaliser une percée à grande échelle. Le fait d'avoir la Caisse comme actionnaire a beaucoup crédibilisé ma démarche auprès d'investisseurs et éventuellement de partenaires chinois. Ils voient que je suis un interlocuteur sérieux », m'explique Claude McMaster, PDG de D-BOX.

Cette volonté de percer les marchés étrangers cadre tout à fait avec la mission que s'est donnée la Caisse, qui souhaite accompagner les entreprises québécoises dans leur conquête du monde.