On dit que la participation d'un PDG aux quatre jours que dure le Forum économique mondial lui permet de réaliser des rencontres avec des clients, fournisseurs, décideurs politiques ou financiers qui auraient nécessité des mois autrement. C'est le cas de Benoit Daignault, le PDG d'Exportation et développement Canada (EDC), qui profite toutefois énormément de son passage à Davos pour prendre le pouls du marché.

EDC est cette immense agence de crédit à l'exportation canadienne, comme il en existe dans tous les grands pays industrialisés. C'est une société d'État autonome financièrement et indépendante du gouvernement canadien dont le rôle est d'aider les entreprises canadiennes à percer les marchés étrangers en les appuyant financièrement ou en sécurisant leurs clients étrangers.

EDC avait fait parler beaucoup d'elle dans les années 2000 lorsque l'agence s'était retrouvée au coeur d'un litige commercial entre Bombardier et la société brésilienne Embraer, qui accusait l'agence de crédit de donner des subventions déguisées au fabricant montréalais en finançant ses clients pour qu'ils achètent de ses avions.

«Je n'étais pas là à l'époque, mais aujourd'hui, on a beaucoup diminué ce type de querelles.

«Les grandes agences de crédit nationales des pays du G-7 se rencontrent une fois par année et une autre fois dans une rencontre élargie avec les agences du Brésil, de la Russie, de l'Inde et de la Chine. On s'assure de développer un terrain d'intervention commun», m'explique Benoit Daignault.

Cet ancien des HEC a occupé durant 10 ans différentes fonctions de haute direction au sein du groupe GE Capital, tant au Canada qu'aux États-Unis, avant de se joindre à EDC il y a 10 ans et d'en devenir le grand patron il y a tout juste un an.

J'ai rencontré Benoit Daignault, samedi matin, au dernier jour du Forum économique mondial, tout juste avant qu'il n'assiste à l'atelier-débat The Bottom Line dont la prémisse de discussion était que la maximisation de la valeur aux actionnaires n'avait apporté à ce jour aucun vrai bénéfice à long terme pour la société. Intéressant point de vue pour lancer un débat.

De l'optimisme à l'horizon

Benoit Daignault est donc venu à Davos pour rencontrer une douzaine de ses grands clients, des grandes multinationales industrielles qui utilisent les services d'EDC pour faire affaire au Canada.

«On aide les entreprises canadiennes à percer les marchés étrangers mais on appuie aussi les entreprises de l'extérieur qui font affaire chez nous. On les soutient financièrement à la condition - ça fait partie du contrat - qu'ils s'engagent à trouver des partenaires canadiens comme fournisseurs», précise le financier.

EDC génère un volume de transactions de l'ordre de 100 milliards par année. Sur ce grand total, les activités de financement direct ne représentent que 18 milliards, le solde étant composé essentiellement d'assurance crédit, d'assurance sur les risques politique, de cautionnement et de garantie de prêt.

EDC cumule dans son portefeuille des financements de 45 milliards, et le volume de 18 milliards qu'elle a soutenu l'an dernier représentait une hausse de 2 milliards sur l'exercice précédent.

«Ç'a été une bonne année. Depuis 18 mois, on sent qu'il y a plus d'activité, que les entrepreneurs québécois et canadiens ont recommencé à être plus actifs à l'étranger et c'est pour ça que je viens à Davos. Je viens pour comprendre le mood, pour voir comment les grands décideurs entrevoient les 12 à 18 prochains mois.

«Comme vous, j'ai observé tout l'entrain qui anime l'Inde, qui va être un moteur cette année et l'an prochain», constate Benoit Daignault.

EDC fait des affaires, par l'entremise des entreprises qu'elle soutient, avec tous les pays du monde et il est donc capital qu'elle ait une bonne lecture du marché.

Benoit Daignault a donc terminé son premier périple au Forum économique mondial et il en sort relativement plus optimiste qu'il ne pouvait l'être avant.

Malgré la crise pétrolière, qui a monopolisé bien des discussions à Davos, malgré les tensions géopolitiques qui ont fait culbuter l'économie russe, le financier estime que l'optimisme balaie davantage l'horizon que la morosité.

«Dans plusieurs ateliers, on a bien vu que la chute des prix du pétrole n'était pas un enjeu mais bien un formidable avantage, notamment pour tous les pays de l'Asie et l'Inde. Il y avait beaucoup plus de gens contents de cette nouvelle situation», souligne-t-il.

Quand les pays-clients du Canada sont heureux, le PDG d'EDC l'est tout autant parce qu'il sait que cela fera faire plus d'affaires aux entreprises canadiennes.