Montréal est mal en point. Tous ceux qui y vivent ou qui la fréquentent le moindrement savent que la métropole québécoise souffre d'une anémie certaine. C'est d'ailleurs pourquoi plus de 1000 leaders de la communauté vont se pencher, lundi prochain, sur quelque 150 projets citoyens qui ont été élaborés en vue de réactiver le rôle de locomotive économique que Montréal devrait normalement jouer.

Pas besoin de grandes études pour constater le lent et insidieux déclin de Montréal. Malgré le dynamisme et la créativité de quelques grands secteurs d'activité où Montréal arrive toujours à exceller, la force d'attraction de la métropole n'est plus ce qu'elle a déjà été.

Les raisons qui expliquent cette érosion, qui ne doit surtout pas se transformer en agonie, sont multiples et connues: infrastructures déficientes, dont certaines à la limite de l'obsolescence, qui nuisent à l'accessibilité et qui taxent la fluidité de la circulation, déplacement du pouvoir économique vers l'Ouest, planification urbaine chaotique, délocalisation continue de son secteur manufacturier...

Si on n'a pas besoin de grandes études pour se rendre compte que l'inertie s'est lentement substituée au dynamisme dans plusieurs sphères de l'activité sociale et économique montréalaise, une nouvelle étude vient nous rappeler brutalement que cette réalité coûte cher à Montréal et à l'ensemble du Québec.

L'Institut du Québec, un institut de recherche économique mis sur pied conjointement par le Conference Board du Canada et HEC Montréal - et que préside l'ex-ministre des Finances Raymond Bachand -, a dévoilé lundi les résultats d'une étude qui confirme que Montréal se fait déclasser sur plusieurs fronts par la plupart des autres régions urbaines canadiennes.

Par rapport à Ottawa, Toronto, Calgary, Vancouver et Halifax, Montréal est la ville qui compte le plus faible taux (26,5%) d'adultes de plus de 25 ans qui détiennent un diplôme universitaire. Malgré le fait que la ville abrite quatre grandes universités.

De 1999 à 2012, l'ancienne métropole canadienne a perdu 30% de ses sièges sociaux, comparativement à seulement 5% pour Toronto.

Au cours de la dernière décennie, Montréal a affiché le plus faible taux de croissance économique de toutes les grandes villes canadiennes, avec un taux moyen de 1,5%.

Enfin, avec un taux de chômage de 8,1%, Montréal a affiché en 2013 la deuxième performance la plus mauvaise au Canada, tout juste derrière Toronto. Avec le cumul de pertes d'emplois enregistrées depuis le début de l'année, Montréal se positionne pour devenir la capitale canadienne du chômage en 2014.

Renverser la vapeur

L'étude de l'IdQ confirme par ailleurs que la région de Montréal - qui regroupe 49% de la population totale du Québec - demeure la locomotive économique de toute la province puisqu'elle génère 53% du produit intérieur brut québécois.

Si on mesure l'efficacité d'un convoi ferroviaire à la force de traction de sa locomotive, on comprend mieux ainsi pourquoi l'économie québécoise traîne de la patte par rapport au reste du pays.

On comprend mieux aussi pourquoi l'économie québécoise est incapable de profiter de la reprise américaine pour retrouver un solde positif de création d'emplois, comme c'est le cas ailleurs au Canada.

C'est pourquoi l'initiative «je vois mtl» qu'a lancée Jacques Ménard, président de BMO Groupe financier, en collaboration avec la chambre de commerce du Montréal métropolitain, arrive à point.

Lundi, plus d'un millier de leaders montréalais de tous les secteurs d'activité vont plancher sur quelque 150 projets qu'ils ont élaborés ces derniers mois afin de relancer Montréal, de remettre la ville sur la carte de croissance et du dynamisme.

Ces projets ont été ébauchés sous le parapluie de quatre grands chantiers: raffermir l'identité et les aspirations de la communauté montréalaise; attirer et conserver les talents et les compétences (augmenter le pourcentage de diplômés universitaires); créer de nouvelles entreprises; et, enfin, améliorer le cadre de vie général à Montréal.

Il ne s'agit pas d'un agenda ambitieux. Il est hautement réalisable, et les participants ont tous chiffré et budgété les projets qu'ils vont soumettre.

La locomotive montréalaise a cruellement besoin qu'on lui injecte de nouveaux chevaux-vapeur pour qu'elle remplisse adéquatement son rôle. C'est ça ou le risque de déraillement vers la marginalisation.