Incapable de livrer les nouveaux emplois qu'il avait promis durant la campagne électorale, le gouvernement libéral a annoncé cette semaine qu'il allait accorder un rabais de 20% sur les tarifs d'électricité industriels aux entreprises qui lancent de nouveaux projets d'investissement. Une mesure qui vise à tonifier l'activité économique, mais dont on peine à mesurer les effets qu'elle pourra générer à court et à moyen terme.

Le nouveau gouvernement libéral avait promis durant la dernière campagne électorale de mettre fin à la détérioration de la situation de l'emploi au Québec.

Tout au long du court règne péquiste, les libéraux accusaient régulièrement le gouvernement Marois d'être responsable du lourd solde négatif que le Québec traînait en matière de création d'emplois par rapport au reste du Canada.

Depuis le début de l'année, l'économie canadienne a créé 157 600 emplois nets - dont 100 000 emplois à temps plein - pendant que le Québec a enregistré la perte nette de 25 700 emplois à temps plein.

Encore en septembre, alors qu'il s'est créé 74 000 emplois dans le reste du pays, le Québec a encaissé la perte nette de 2800 postes à temps plein.

Manifestement, l'économie québécoise a besoin d'être stimulée afin de reprendre un minimum de tonus qui lui permettra de retrouver un rythme de croissance comparable à celui que l'on observe dans le reste du Canada.

C'est ce que le ministre de l'Énergie, Pierre Arcand, et le ministre de l'Économie, Jacques Daoust, ont décidé de faire en annonçant mardi qu'Hydro-Québec allait offrir un rabais de 20% sur son tarif L, celui qu'elle accorde à ses gros clients industriels, aux entreprises qui vont investir dans de nouveaux projets d'usines au Québec.

Il s'agit bien sûr d'une mesure à coût nul puisqu'Hydro-Québec puisera à même ses abondants surplus pour desservir les nouveaux clients que l'on espère attirer avec ces tarifs préférentiels.

Hydro-Québec pourra aller chercher des revenus additionnels avec de l'électricité qui resterait autrement bêtement prisonnière de ses réseaux de production. Le ministre Daoust s'est par ailleurs engagé à s'assurer que cette mesure ne favorise pas l'implantation d'entreprises qui viendraient concurrencer des groupes qui sont déjà en sol québécois et qui ne profitent pas de ces rabais.

Il faut souligner que cette mesure du gouvernement libéral s'inspire directement d'un des éléments-clés de la politique industrielle qu'avait élaborée le ministre des Finances et de l'Économie péquiste Nicolas Marceau, tout juste avant le déclenchement des élections.

Une occasion à long terme

L'an dernier, Nicolas Marceau avait expliqué qu'il fallait voir les surplus d'Hydro-Québec comme une occasion et non comme un problème. Il espérait que ces rabais au tarif L se traduisent par des investissements industriels de 1,6 milliard sur trois ans.

En conférence de presse, Jacques Daoust a estimé que le gouvernement allait percevoir au cours des 10 prochaines années 800 millions en retombées fiscales, en raison de l'activité économique que généreront les nouveaux projets. Chose certaine, il faudra prévoir un certain délai avant que cette mesure ne porte ses premiers fruits et participe de façon probante à la création d'emplois.

Il faut du temps et beaucoup de planification avant qu'un projet d'implantation d'une nouvelle usine - et les dépenses en capital qu'il commande - ne se réalise et il faut par la suite escompter le temps de construction avant de seulement songer aux premières embauches.

Il faut également souligner que l'électricité québécoise n'est plus aussi attrayante qu'elle l'a déjà été. La chute des prix du pétrole et du gaz naturel pourrait freiner l'élan économique que souhaite imprimer le ministre Daoust avec ses hydro-rabais.

À l'heure où le premier ministre Couillard milite pour l'émergence d'une filière du gaz naturel liquéfié comme principale source d'énergie pour le développement industriel du Nord québécois, les tarifs industriels d'Hydro-Québec - même préférentiels - n'arriveront pas à supplanter les avantages économiques du gaz naturel.

Un gros client industriel qui consomme 10 millions de mètres cubes de gaz naturel par année paiera 2,9 millions pour faire fonctionner son usine, alors qu'il lui en coûterait 4,4 millions s'il était client d'Hydro-Québec au tarif L et 3,5 millions avec le rabais de 20%.