Est-ce que le Québec dort sur de riches gisements pétroliers qui pourraient assurer son indépendance énergétique et générer des revenus de 45 milliards sur 30 ans pour le gouvernement du Québec? On va enfin obtenir la réponse à cette hypothèse qui en empêche plusieurs de bien dormir la nuit depuis qu'Hydro-Québec a cédé ses permis d'exploration dans l'île d'Anticosti.

Le gouvernement de Pauline Marois a décidé d'agir de façon proactive en rachetant pour 115 millions les permis d'exploration pétrolière qu'Hydro-Québec avait cédés à des pétrolières juniors en 2008.

Hydro-Québec avait négocié une maigre redevance de 1 à 3 % sur le pétrole qui pourrait être éventuellement extrait de cette infime portion du territoire québécois.

Depuis, on le sait, la potentialité du site d'Anticosti a soudainement pris des proportions que peu de spécialistes soupçonnaient à l'époque, soit près de 45 milliards de barils de pétrole.

C'est pourquoi le gouvernement de Pauline Marois a décidé de reprendre le dossier en main avec trois objectifs bien précis. Déterminer d'abord l'ampleur exacte des gisements sur place et la portion réalistement exploitable. S'assurer ensuite de pouvoir maximiser pour le Québec les retombées fiscales et financières de cette possible manne pétrolière. Et finalement encadrer enfin l'exploitation éventuelle de cette richesse en garantissant la plus grande transparence environnementale de tout le processus d'exploration et d'éventuelle exploitation.

Plusieurs verront dans l'annonce de jeudi une habile manoeuvre électorale et ils auront raison. Le «timing» du dévoilement de cette grande avancée dans l'exploitation responsable et collectivement profitable de nos ressources naturelles est sans conteste favorable au déclenchement prochain d'élections.

Mais le projet aura au moins l'immense mérite de clarifier quelle est la part de mythe et la part de réalité dans ce qu'on prétend du potentiel pétrolier d'Anticosti. Si le gisement est à la hauteur des potentiels annoncés et que le pétrole est économiquement exploitable, c'est une vraie révolution que son exploitation générera.

Le Québec, qui affichait année après année des surplus commerciaux, a vu sa situation se détériorer graduellement depuis le début des années 2000. L'an dernier, le déficit de la balance commerciale du Québec a été de 28 milliards, dont 14 milliards sont attribuables à ses seules importations de pétrole étranger, a rappelé Pauline Marois jeudi.

Ressources Québec, une division d'Investissement Québec, sera l'actionnaire prépondérant de deux coentreprises d'exploration pétrolière qui entreprendront dès l'été prochain des travaux pour déterminer la potentialité du sous-sol de l'île d'Anticosti.

Si tous les scénarios optimistes s'avéraient, le gouvernement québécois pourrait espérer récolter 45 milliards en taxes, redevances et profits avec sa participation de 50 % dans les coentreprises. C'est beaucoup d'argent et cela vaut amplement d'y investir 115 millions... Croisons-nous les doigts...

Nouveau PDG chez Yellow Média

On a eu droit à une pléthore de résultats financiers jeudi. Manuvie, l'Industrielle Alliance et Telus ont notamment dévoilé des bénéfices en hausse par rapport à l'an dernier, tandis que Bombardier et Yellow Média ont nettement déçu les attentes du marché.

Le titre de Bombardier, on le sait, s'est encore fait violemment sanctionner au cours de la séance boursière de jeudi en perdant 9 % de sa valeur, ce qui a ramené l'action à 3,68 $, son niveau d'il y a quatre ans. Vitement que la CSeries prenne son envol commercial...

Yellow Média a aussi écopé de la baisse de sa rentabilité et de son volume d'affaires au dernier trimestre alors que son titre a reculé de 10,5 %, ce qui est considérable.

Dans le cas de Yellow Média, il faut toutefois relativiser ce mouvement de recul en rappelant que le titre avait enregistré en 2013 la deuxième valorisation boursière à la Bourse de Toronto, avec une progression de 230 %.

Le nouveau PDG de Yellow Média, Julien Billot, en poste depuis le 1er janvier et qui avait été préalablement quatre ans à la tête du groupe français Solocal (Pages Jaunes Groupe), ne s'inquiétait pas jeudi de la réaction des marchés.

«Yellow Média a enregistré une forte valorisation en 2013, et les gens ont vu que l'on a encore réduit notre dette et que notre migration vers les plateformes numériques se poursuit.

«Notre défi, c'est maintenant de générer de la croissance dans nos revenus tout en protégeant nos actifs dans l'imprimé qui ont encore une bonne base de clientèle», convenait-il jeudi.

Originaire du sud de la France, Julien Billot ne doit pas seulement s'adapter à son nouvel environnement de travail, il doit aussi apprendre à composer avec une météorologie carrément cinglante. Il affirme très bien vivre avec notre hiver hostile, soulignant que la lumière du Québec lui réchauffe le coeur.