Saputo commence à peine à digérer l'acquisition de la société Morningstar aux États-Unis, la plus grosse transaction de son histoire, complétée en janvier dernier au prix de 1,45 milliard, que déjà son président Lino Saputo envisage de frapper à nouveau.

Le plus important transformateur laitier du Canada a ciblé les marchés des États-Unis, de l'Amérique latine et de l'Océanie pour poursuivre son déploiement international, a expliqué hier le PDG de l'entreprise, en marge de l'assemblée annuelle qui se tenait au Sheraton de Laval, une propriété du groupe Jolina, le holding de la famille Saputo.

En janvier, Saputo a finalisé l'acquisition de Morningstar, un fabricant américain de produits laitiers qui compte 10 usines aux États-Unis et qui réalisait des ventes annuelles de 1,6 milliard.

Saputo a comptabilisé pour la première fois les résultats de Morningstar dans les états financiers de son premier trimestre, terminé le 30 juin. La transaction de 1,45 milliard a permis au groupe montréalais d'augmenter ses revenus de 27%, à 2,1 milliards, et d'enregistrer des profits en hausse de 12%, à 136,7 millions.

Mais pour Lino Saputo, Morningstar, c'est déjà de l'histoire ancienne. Le PDG souligne que son entreprise est en excellente santé financière et qu'elle est maintenant prête à prendre une autre bouchée.

«On a plus de 2,7 milliards de disponibles pour réaliser une autre transaction. On vise des entreprises de moyenne et de grande taille dans les marchés où il y a place à la consolidation.

«Nos cibles restent les mêmes. On vise le marché américain, celui de l'Amérique latine et aussi de l'Océanie. On pourrait réaliser une grosse acquisition ou en compléter deux de plus petite taille. Chose certaine, notre expansion se poursuivra à l'international», a expliqué Lino Saputo en entrevue à La Presse.

Chose certaine, les actionnaires de Saputo ne s'ennuient pas lorsqu'ils assistent à l'assemblée annuelle de leur entreprise. C'est que chaque année, leur président a de nouvelles histoires à leur raconter et des chiffres pour appuyer ses dires.

Mine de rien, Saputo se classe maintenant au 10e rang des plus gros transformateurs de produits laitiers du monde. Premier transformateur au Canada, deuxième producteur de fromages en importance aux États-Unis et troisième transformateur d'importance en Argentine, l'entreprise montréalaise est maintenant obligée de segmenter ses résultats en trois grandes divisions: Canada, États-Unis, International.

Une transition réussie

Si Lino Saputo fils était fier de présenter à ses actionnaires le bilan de la dernière année, Lino Saputo père affichait un air radieux.

À 76 ans, le fondateur de l'empire de transformation alimentaire suit toujours les activités du groupe, mais il affirme qu'il n'a éprouvé aucun problème à prendre du recul depuis que son fils a pris les rênes de l'entreprise.

«Je viens au bureau seulement deux jours par semaine. Je n'ai plus besoin d'être toujours là. Quand j'ai pris la décision de laisser la direction des activités courantes à Lino, j'avais entièrement confiance. Quand tu délègues, il faut que tu assumes ta décision. J'agis aujourd'hui davantage comme un conseiller», m'a-t-il confié à l'issue de l'assemblée annuelle.

Visiblement en grande forme, le président du conseil de Saputo affirme n'avoir aucun mérite: «Je mange du fromage quatre fois par semaine. C'est ça, mon secret!» confesse-t-il.

Saputo a toujours agi en bon citoyen corporatif, tout comme le holding de Lino Saputo, Jolina Capital. À peu près tous les hôpitaux de la région de Montréal ont pu bénéficier des dotations de la fiducie de la famille Saputo.

C'est pourquoi Lino Saputo dit appuyer sans réserve la démarche de son fils Joey, président de l'Impact de Montréal, qui est en train de mettre sur pied un fonds philanthropique qui permettrait de financer le développement et la pérennité du Stade olympique.

«Joey a mon appui total. C'est son initiative, il veut assurer la mise en valeur de cet actif important pour Montréal et c'est son argent qu'il veut placer dans ce fonds. Ce n'est pas Jolina, c'est son projet à lui», insiste le paternel Saputo.