Coup sur coup, deux des plus importantes sociétés issues de la révolution informatique - et qui ont le mieux réussi à l'incarner dans la vie de millions d'usagers - viennent de nous confirmer que la numérisation de l'économie est bel et bien passée à l'ère de la mobilité.

La révolution numérique se déploie depuis 30 ans maintenant et n'a jamais cessé d'évoluer en adoptant différentes formes et plateformes, tout en arrivant à s'imposer dans toutes les régions du monde.

Le développement de la téléphonie mobile qui a suivi dans le sillage de cette révolution numérique a donné lieu à la naissance de générations successives de téléphones toujours plus intelligents les uns que les autres.

Depuis l'apparition, au début des années 2000, du premier BlackBerry - un appareil révolutionnaire parce qu'il permettait d'envoyer et de recevoir des courriels (...) -, les spécialistes des technos ont proclamé que l'on venait d'entrer dans l'ère de la mobilité.

Ce constat relevait toutefois de l'anticipation puisqu'il a quand même fallu une douzaine d'années avant qu'il se réalise, mais on peut affirmer aujourd'hui qu'on est effectivement rendus au coeur de cette fameuse nouvelle phase de la mobilité.

Mardi, en fin de journée, Apple a surpris tous les analystes en dévoilant les résultats de son dernier trimestre qui démontraient des revenus plus élevés que ceux anticipés grâce, essentiellement, à des ventes massives de son iPhone. Apple a vendu 31,2 millions de nouveaux appareils, alors que les analystes en escomptaient 26,1 millions seulement.

Mercredi, en fin de journée, c'est le groupe Facebook qui, cette fois, a littéralement sidéré les spécialistes des marchés en révélant des revenus en hausse de 53% par rapport à l'année précédente, mais surtout en précisant que 41% de ses recettes publicitaires provenaient des plateformes mobiles.

Il y a un an, Facebook ne tirait aucun revenu publicitaire des internautes qui consultaient le réseau social en utilisant leur téléphone intelligent. Les spécialistes étaient même extrêmement sceptiques quant à la possibilité que Facebook réussisse un jour à monétiser la fréquentation unique de son réseau sur les téléphones mobiles.

C'est ce scepticisme des analystes qui a fait chuter l'action de Facebook dès le premier jour de son inscription en Bourse. L'action, émise à 38$US en mai 2012, a amorcé une descente qui l'a menée sous les 18$US en septembre dernier, avant qu'elle amorce une lente remontée.

Les investisseurs ont réagi jeudi de façon extrêmement exubérante en propulsant de 30% la valeur du titre de Facebook, qui a terminé la séance à son plus haut niveau depuis ce fameux premier jour de négociation de mai 2012.

La mobilité est partout

Ces résultats surprenants que viennent de dévoiler Apple et Facebook ne sont qu'une illustration de la vitalité soutenue qu'affichent bien des acteurs qui gravitent autour de l'industrie de la téléphonie intelligente.

Selon le géant Ericsson, il existe présentement 1,2 milliard d'usagers de téléphones intelligents dans le monde, et ce nombre devrait quadrupler pour atteindre 4,8 milliards d'ici 2018.

Inversement, les ventes mondiales d'ordinateurs personnels et de portables sont en régression pour le cinquième trimestre consécutif. Les ventes des géants Hewlett-Packard, Lenovo et Dell reculent de 10 à 12% par trimestre.

Motorola, anciennement un leader de l'industrie de la téléphonie mobile, va lancer la semaine prochaine son premier appareil depuis que l'entreprise a été rachetée l'an dernier par Google. Le Moto X va concurrencer directement les appareils-vedettes Galaxy, de Samsung, et iPhone, d'Apple.

L'avenir des jeux vidéo se joue aussi dorénavant sur la mobilité. Rémi Racine, PDG de Behavior, l'un des studios de production de jeux vidéo indépendants les plus importants au Canada, m'expliquait récemment que les jeux pour mobiles représentent aujourd'hui 50% des revenus de son entreprise, alors que cette activité était inexistante il y a trois ans seulement.

On comprend aussi mieux pourquoi Telus, Rogers et Bell, les trois grands fournisseurs de téléphonie mobile au Canada, luttent avec autant d'âpreté contre l'arrivée éventuelle dans leur marché d'un acteur américain de la taille de Verizon.

Verizon, qui compte sur une base de 100 millions d'abonnés pour ses services aux États-Unis - quatre fois plus que les 25 millions d'abonnés que se partagent tous les acteurs canadiens réunis au Canada -, pourrait exercer énormément de pression sur les prix dans un marché où la concurrence est très polie.

En offrant notamment des tarifs continentaux aux consommateurs canadiens, Verizon pourrait faire des ravages chez les fournisseurs canadiens qui facturent des frais d'itinérance importants à leurs abonnés qui séjournent aux États-Unis. Ce serait pourtant là de la vraie mobilité.