Personne n'échappe à une mauvaise journée. Ça été le cas hier de six entreprises poids lourds du monde des sociétés canadiennes qui rendaient publics leurs résultats financiers. Quatre d'entre elles ont encaissé une baisse de leur profitabilité à leur dernier trimestre alors que les deux autres ont carrément dévoilé la réalisation d'une perte.

Ainsi, dans le secteur du commerce au détail, Canadian Titre a dévoilé des profits en baisse de 2 %, ceux de Tim Hortons enregistrent un recul de 2,5 %, Loblaw essuie une baisse de 18% de ses bénéfices tandis que Rona réalise une perte de 15,1 millions.

Dans le secteur manufacturier, Bombardier a déçu en affichant des profits en baisse de 9,3 % sur l'an dernier et Cascades affiche une perte de 29 millions contre un bénéfice net de 5 millions l'an dernier.

Malgré cette avalanche de mauvaises nouvelles, deux des six titres de ces sociétés cotées en Bourse ont quand même terminé la journée en hausse, confirmant ainsi que les investisseurs sont souvent capables d'interpréter des résultats financiers au-delà de la simple réalité comptable immédiate qu'ils traduisent.

Prenons le cas de Loblaw, la plus importante chaîne d'épicerie canadienne, propriétaire des supermarchés Provigo au Québec, qui a dévoilé des profits en baisse de 18 % par rapport à l'an dernier.

Ce dernier trimestre venait clore une année de misère pour Loblaw durant laquelle la société a dû parachever l'implantation d'un nouveau système informatique et mettre en place un programme de réduction de coûts qui s'est traduit par l'annonce de la suppression de 700 postes administratifs et l'imputation d'une charge de 61 millions.

Sans cette charge spéciale, Loblaw aurait affiché des profits nettement en hausse par rapport à l'an dernier, des profits qui auraient même surpassé les attentes des analystes.

Il s'agit ici d'une baisse de profits conjoncturelle qui laisse présager de bien meilleurs résultats l'an prochain et les investisseurs ont compris que l'abolition de 700 postes allait rapidement fouetter la profitabilité du groupe.

Le titre de Loblaw a clôturé à 40,42 $ en hausse de 1,7 %. Tout comme Canadian Tire qui a gagné 0,9 % et terminé la journée à 68,86 $.

Les résultats de Bombardier ont eux aussi été plombés par des frais de rationalisation de 119 millions, mais le titre a néanmoins été sévèrement sanctionné de 9,11% pour terminer à 3,89 $.

C'est que même si Bombardier n'avait pas pris la charge spéciale de 119 millions, le groupe aéronautique aurait manqué de loin les attentes des analystes. La division Transport du groupe a fait mal paraître la multinationale québécoise.

Rona a pour sa part annoncé hier une perte de 15,1 millions à son dernier trimestre, ce qui peut sembler considérable, mais qui est toutefois nettement mieux que la perte de 151 millions déclarée l'an dernier.

Est-ce que les investisseurs ont été trop impitoyables en faisant chuter le titre de Rona de 3,5 %, à 11,64 $, le jour même où le groupe annonce la suppression de 200 postes administratifs, une stratégie qui a été pourtant payante pour Loblaw?

Pas vraiment puisqu'ils n'ont pas été dupes. La perte de 15 millions du trimestre ne tient pas compte des coûts de suppression à venir de postes et reflète davantage une détérioration de la rentabilité du groupe de détaillants québécois sur qui planent encore beaucoup trop d'inconnues quant à sa sortie de crise.

Enfin, le cas de Cascades est intéressant. La papetière de Kingsey Falls rapporte une perte de 29 millions à son dernier trimestre contre un profit net de 5 millions l'an dernier et le marché a fait reculer de 3 % son titre.

La situation financière du groupe québécois s'est pourtant améliorée par rapport à l'an dernier lorsque son profit de 5 millions a été le résultat d'un gain extraordinaire de 38 millions à la suite de la vente de certains de ses actifs. Sans cet apport spécial, Cascades aurait affiché une perte de 34 millions l'an dernier.

La perte de 29 millions de cette année marque donc une certaine embellie pour Cascades au cours du quatrième trimestre qui est toujours le moins profitable de son exercice financier. Ça, les investisseurs ne l'ont pas vu.