S'il n'en tient qu'à Robert Chevrier, nouveau président du conseil d'administration de Rona, la vente du groupe québécois de quincailleries n'est tout simplement pas une option envisageable.

«On ne vend pas une entreprise qui traverse des difficultés, on la vend quand elle est à son sommet», a-t-il insisté dans en entrevue à La Presse.

En remaniant de façon importante le conseil d'administration du groupe Rona, la Caisse de dépôt vient de mettre un terme à une guerre de sollicitations appréhendée que s'apprêtaient à lancer des actionnaires institutionnels insatisfaits de Toronto.

Frustrés du peu de cas que l'ancien conseil de Rona a fait de la proposition d'acquisition du géant américain Lowe's, les groupes Invesco et Trimark - les deux plus importants actionnaires de Rona après la Caisse - menaçaient de lancer une guerre de sollicitations en vue de remplacer les administrateurs du groupe québécois de quincailleries.

La Caisse s'est entendue avec Invesco pour nommer cinq nouveaux administrateurs au sein du conseil d'administration de Rona, dont M. Chevrier comme président du conseil. Trois nouveaux administrateurs seront proposés au moment de l'élection d'un nouveau C. A. en mai prochain.

Les gros actionnaires ont également convenu de ne pas exiger de nouvelles modifications au conseil avant un an.

Deux administrateurs, Alain Michel et Patrick Palerme, ont démissionné hier et, selon nos informations, trois autres membres du conseil vont quitter l'entreprise d'ici mai prochain, soit Louise Caya, une des deux représentants des marchands Rona, Geoff Molson, PDG du Canadien de Montréal, et Jean-Roch Vachon, administrateur de sociétés.

Après les prochains changements, les marchands Rona ne compteront plus qu'un représentant au sein du conseil d'administration, ce qui confirme le virage financier que les actionnaires du groupe ont décidé de faire prendre à l'entreprise qui a longtemps fonctionné sous le modèle coopératif.

Robert Chevrier ne veut pas confirmer que les marchands vont perdre un de leurs deux représentants au sein du C. A. de Rona, mais il affirme tout de même que cette éventualité ne lui pose pas de problème de conscience.

«Le degré d'implication des marchands ne se mesure pas en nombre de postes au conseil, mais bien du souci quotidien que la direction doit démontrer à leur endroit. Le degré d'implication des marchands doit demeurer à son maximum et c'est ce que je veux maintenir», nuance-t-il.

La menace de l'activisme

Parmi les nouveaux venus qui se joignent au conseil d'administration de Rona, on trouve Wesley Voorheis, directeur général de Voorheis&Co, de Toronto, firme de conseillers stratégiques pour investisseurs institutionnels qui agissait à titre de consultant pour Invesco précisément pour son investissement dans Rona.

Selon certains observateurs, la présence de M. Voorheis au conseil de Rona laisse présager que l'activisme pourrait rapidement reprendre le dessus au sein des investisseurs torontois si la situation n'est pas à leur goût au terme de la trêve convenue d'un an.

Une éventualité qui n'inquiète pas outre mesure le nouveau président du conseil de Rona, Robert Chevrier.

«À partir d'aujourd'hui, je travaille pour l'ensemble des membres du conseil. Il n'y a pas un conseil pour Trimark ou Invesco, mais un conseil de 14 membres qui inclura le prochain PDG. Notre mandat, c'est de travailler au redressement de Rona et c'est là-dessus qu'on va s'atteler», précise-t-il.

Robert Chevrier est un vieux routier du commerce au détail, un expert qui a notamment été PDG de Westburne et président du conseil de Quincaillerie Richelieu durant neuf ans et dont il a dû démissionner pour occuper sa nouvelle fonction chez Rona.

Il se dit convaincu qu'un redressement est à portée de main et constate que le groupe est déjà à pied d'oeuvre pour apporter les correctifs qui seront nécessaires à toutes les étapes de l'opération, de la distribution à l'exécution en magasin.

Le groupe de consultants McKinsey est débarqué en force depuis décembre chez Rona et a commencé les chantiers de redressement. «Ils travaillent de façon très pointue et viennent renforcer la direction dans leur réflexion et leurs actions», ajoute M. Chevrier.

Qu'adviendra-t-il si Rona fait l'objet d'une offre qui satisferait ses gros actionnaires?

«Ce n'est pas dans mes options. On ne vend pas une entreprise en difficulté, quand son action vaut 10$, répète le nouveau président du conseil. Notre rôle est de monter la valeur de l'action à 25$ et peut-être là, accepter une offre à 40$.»

9 novembre 2012

RONA PERD SON PRÉSIDENT

Après plusieurs résultats décevants, Rona annonce le départ de son grand patron, Robert Dutton, qui travaillait pour le détaillant québécois depuis 1977 et qui dirigeait ses destinées depuis 1992.

13 novembre 2012

RONA DEVRA FAIRE MIEUX, DIT LA CAISSE

La Caisse de dépôt et placement, plus important actionnaire de RONA, croit que le quincaillier devra travailler à augmenter ses marges bénéficiaires. La Caisse de dépôt, qui possède 15% des actions de RONA, n'aurait d'ailleurs pas apprécié les derniers résultats financiers du quincaillier.

14 novembre 2012

DES ACTIONNAIRES VEULENT DESTITUER LE C. A.

Deux des principaux actionnaires de Rona sont prêts à déclencher une bataille pour le contrôle du détaillant de Boucherville, en demandant le remplacement du conseil d'administration. Invesco Canada (10,2% des actions) a lancé le bal et, plus tard en journée, ABC Funds (I.A. Michael Investment Counsel, avec 3% des actions) confirme son appui à Invesco.