Et dire que Jim Balsillie n'arrive pas à acheter un club de la Ligue nationale de hockey.

Les maux de tête que le milliardaire rebelle cause à Gary Bettman ne sont rien à côté de la tuque de douleur que le commissaire de la LNH doit ressentir en regardant ce qui se passe chez le Lightning de Tampa Bay.

Il n'y a pas si longtemps, cette franchise de la Floride était un modèle de réussite parmi les équipes implantées dans le sud des États-Unis au cours des années 90.

Le Lightning avait gagné la Coupe Stanley en 2004, son aréna était plein à craquer et l'équipe pouvait compter sur des joueurs d'exception comme Vincent Lecavalier, Martin St-Louis, Brad Richards et Dan Boyle.

Aujourd'hui, Richards et Boyle ont été échangés, l'assistance aux matchs locaux est en chute libre, le club végète dans les bas-fonds du classement et la chicane semble prise entre les copropriétaires, Oren Koules et Len Barrie, les Laurel et Hardy du hockey professionnel.

Les deux ne s'entendent apparemment pas sur l'orientation à donner à pour leur club. Tellement qu'ils ont dû comparaître dans le bureau de Bettman, mardi, pour tenter de régler leur différend.

Selon les journaux de Tampa, Koules, un producteur de cinéma, souhaite ramener la masse salariale autour de 40 millions l'an prochain - ce qui signifierait le départ de Vincent Lecavalier et de son contrat de 11 ans et 85 millions. Barrie, un ancien joueur reconverti dans l'immobilier, voudrait maintenir la masse salariale à 50 millions.

On ne sait pas ce qui s'est dit chez le commissaire, mais les deux hommes sont arrivés ensemble à la réunion des gouverneurs de la LNH, hier matin, et ils sont repartis du Château Champlain l'un derrière l'autre, sans dire un mot, quelques heures plus tard.

De belles images d'unité pour la télé, mais le problème de fond ne semble pas réglé, même si Bettman a tenté de se faire rassurant devant les journalistes. «Ils ont des problèmes à long terme qu'ils aimeraient résoudre, mais les choses sont stables pour l'instant. Ultimement, il y aura une solution», a-t-il dit.

«Dans un partenariat, les gens ne sont pas toujours sur la même longueur d'onde, a ajouté Bettman. C'est comme un mariage ou une relation d'amitié.»

De bien belles paroles. Mais essayez d'imaginer la réaction à Montréal si Bettman devait un jour arbitrer une chicane entre les frères Molson. Les partisans du CH auraient le droit de se poser de graves questions sur le sérieux des propriétaires!

Le directeur général du Lightning, Brian Lawton, l'a reconnu à mots à peine couverts. «Je ne commenterai pas notre situation, mais hypothétiquement, quand on lit des choses comme ça, on peut dire que ce n'est pas la manière de faire les choses. Ça ne sert personne.»

Surtout dans une période aussi cruciale que celle du repêchage et du grand derby annuel des joueurs autonomes.

Il faut espérer pour les fans du Lightning que le passé ne soit pas garant de l'avenir, car le Lightning a été géré n'importe comment depuis l'entrée en scène de Koules et Barrie. L'embauche de Barry Melrose comme entraîneur est sans doute le meilleur exemple de l'influence désastreuse des propriétaires.

«L'an dernier, il y avait beaucoup d'exubérance dans notre groupe; nous avons eu de dures leçons, mais en fin de compte, la raison l'emporte et nous allons avoir une approche à long terme», a dit Lawton. Le sérieux de cette approche sera mis à l'épreuve lors du repêchage, demain. Tout indique que le Lightning gardera le deuxième choix, qui lui permettrait de mettre la main sur John Tavares, Victor Hedman ou Matt Duchene. Lawton a beaucoup insisté hier, sur la valeur accrue des premiers choix au repêchage dans le contexte du plafond salarial. Il n'a pas tort: des joueurs comme Sidney Crosby et Alexander Ovechkin ont été de véritables aubaines à leurs trois premières saisons.

La grande inconnue demeure le sort de Lecavalier. «J'ai beaucoup parlé au sujet de Vincent, a dit Lawton. Tout a été dit. Il est encore dans notre formation, nous sommes contents et nous ne répondrons plus aux questions là-dessus. C'est le statu quo.»

Pas sûr que ça va suffire pour arrêter la machine à rumeurs.

Boivin bien en selle?

George Gillett n'a fait qu'une brève apparition à la réunion des gouverneurs. Il combat apparemment une pneumonie. En son absence, c'est Pierre Boivin qui a rencontré les médias.

Le président a l'air confiant de survivre au changement de régime. «Je connais très bien les Molson. Ce sont eux qui m'ont engagé en 1999. Pour moi, c'est un peu un retour aux sources et une conclusion tout à fait naturelle, voire souhaitable dans ce dossier-là. Cette famille a été propriétaire de l'équipe pendant plusieurs décennies. Pour les Québécois, pour les Montréalais et pour l'équipe de gestion, c'est très rassurant. Ce sont des gens qu'on connaît bien et qui nous connaissent bien. Je pense que les choses devraient très bien aller.»

Il va sans dire que les Molson seront tenus informés de toutes les décisions importantes qui se prendront cette semaine. «Ils ne sont pas encore propriétaires, mais tu espères que ce genre de transition se fasse dans un esprit de collaboration et de transparence», a dit Boivin.

Geoff Molson siège déjà au conseil d'administration du CH, qui doit approuver toute décision majeure, comme l'embauche de joueurs à long terme.

Autrement dit, si (je dis bien si) Vincent Lecavalier débarque à Montréal, les Molson auront dit oui.

La F1

J'aurai l'occasion d'y revenir, mais l'entente intervenue entre la Fédération internationale de l'automobile et la FOTA, qui garantit l'avenir de la F1 jusqu'en 2012 et qui met un terme à la menace de création d'un championnat dissident, ouvre la porte à un retour de Montréal au calendrier.

Maintenant que la présence des grandes écuries est garantie, Montréal peut négocier sérieusement avec Bernie Ecclestone. En espérant que celui-ci ne redevienne pas subitement aussi gourmand qu'il l'était l'automne dernier...