La scénariste Chantal Cadieux ne tombe jamais en panne d'inspiration. Souvenez-vous des ramifications infinies de l'arbre généalogique de Claire Hamelin (Marie-Thérèse Fortin) dans Mémoires vives, qui a poussé dans des directions insoupçonnées, même sous terre, en cinq saisons à l'antenne.

Le nouveau téléroman Une autre histoire de Chantal Cadieux emprunte la même forme de poupées russes et explore le thème chouchou de l'autrice : les secrets bien enterrés. Cette série démarre le lundi 7 janvier, à 20 h, sur les ondes de Radio-Canada, tout juste avant Les pays d'en haut.

J'ai bien aimé ce que j'ai vu hier. C'est meilleur que 5e Rang, le deuxième téléroman que Radio-Canada met en orbite au retour des Fêtes. C'est dense, captivant et rempli de mystères à résoudre.

Comme dans Mémoires vives, qui ressemblait à une partie de Clue télévisée, les premiers épisodes d'Une autre histoire nous forcent à collecter les indices et à assembler les pièces d'un complexe puzzle familial.

Et de la matière à spéculation, Une autre histoire en fournit une tonne. 

Tout d'abord, parce que l'héroïne de la série, l'embaumeuse Anémone Leduc (Marina Orsini), a fondé deux familles. Une première, qu'elle a fuie à l'âge de 23 ans. Son mari de l'époque, avec qui elle a eu trois enfants, buvait et la battait.

Craignant pour sa vie, Anémone a donc tout plaqué pour atterrir dans une maison pour femmes violentées, où elle a rencontré son ange gardien Lise (Danielle Proulx). Anénome n'a jamais revu ses trois premiers enfants. Elle n'en a pipé mot à personne, honteuse de les avoir abandonnés à un si jeune âge, et a pris une nouvelle identité.

La deuxième famille, celle d'aujourd'hui, Anémone l'a construite avec Claudio (Manuel Tadros). Cette deuxième union a donné trois autres enfants.

Si vous tenez le compte, l'empathique Anémone a aujourd'hui six enfants d'âge adulte. Mais les deux clans ignorent l'existence de l'autre. Le premier habite Laval tandis que le deuxième vit à Belleville, un endroit fictif situé à environ 45 minutes de Québec.

Un grand mouvement de plaques tectoniques s'enclenche au premier épisode quand Anémone, 53 ans, encaisse son diagnostic d'alzheimer précoce. Comme la forme de sa maladie est génétique, Anémone doit avertir tous ses enfants biologiques, qui risquent d'en souffrir eux aussi. Voilà comment le destin des deux familles d'Anémone se croisera une première fois. Du moins, officiellement.

Il y a beaucoup de personnages et de couches d'intrigues dans Une autre histoire. Et Chantal Cadieux les dévoile plus rapidement que dans Mémoires vives, je trouve.

Pour le moment, le nouvel associé d'Anémone au salon funéraire, incarné par Sébastien Ricard, paraît très louche. Il traîne un carnet noir rempli de photos de femmes dans la cinquantaine.

Nathalie Coupal campe « la mante religieuse » du téléroman, une croqueuse d'hommes à la Glenn Close dans Fatal Attraction. L'acteur Stéphane Jacques, qui a longtemps incarné le psychopathe Franck Manseau dans Mémoires vives, change complètement de registre en se glissant dans la peau de Suzon, une transgenre très proche des premiers enfants d'Anémone.

Que les militants se rassurent : il ne s'agit pas d'une caricature, loin de là. Suzon a entamé sa transition tard et n'a pas eu accès aux bloqueurs d'hormones comme les plus jeunes. Dans la série, elle agit comme figure maternelle de substitution.

L'action d'Une autre histoire se déroule dans un salon funéraire sans que ça soit morbide ou triste. On sent beaucoup de douceur et de respect dans les épisodes.

L'imposante distribution réunit aussi Patrice Godin, Vincent Graton, Debbie Lynch-White, Mikhaïl Ahooja, Benoit McGinnis, Marie Turgeon, Marie-Laurence Moreau et Guillaume Cyr. Vraiment, ça promet pour les saisons à venir.

Et contrairement à Providence et à Mémoires vives, de la même scénariste, il n'y a pas encore de caves lugubres dans Une autre histoire, où croupiraient des enfants kidnappés ou des squelettes d'ex-amants. C'est District 31 qui a pris le relais au chapitre des sous-sols glauques.

MESSMER HYPNOTISE L'AUDIENCE

C'est le fascinateur Messmer qui a remporté la bataille des cotes d'écoute du dimanche soir avec les 1 048 000 personnes qui ont visionné son spectacle à TVA. En deuxième position, L'heure de vérité d'Occupation double sur V a intéressé 639 000 personnes. Et la première diffusion du dessin animé Bébéatrice à Radio-Canada n'a été vue que par 367 000 curieux.