L'équipe d'En direct de l'univers a mis toute la gomme, et plus encore, pour charmer Céline Dion, offrant samedi soir aux téléspectateurs de Radio-Canada une émission canon où ont tourbillonné les rires, les souvenirs et plusieurs mouchoirs imbibés de larmes.

Mais ce n'est pas la vidéo de son idole Sia ni le hockeyeur P.K. Subban qui massacre My Heart Will Go On ni le cortège imposant de vedettes québécoises qui ont ébranlé la popstar de Charlemagne. Ce sont plutôt les segments doux, simples et intimistes qui lui ont coupé les cordes vocales, ce qui est inhabituel dans son cas.

Pendant ces instants magiques - il y en a eu quatre -, l'interprète a véritablement baissé la garde, ce qu'elle fait très rarement. Céline Dion l'a répété à France Beaudoin: elle déteste les surprises et, surtout, perdre le contrôle, autant de sa voix que de ses émotions. Quand une entrevue glisse vers l'imprévu, la chanteuse, très habile, pousse toujours une blague, fait une grimace et reprend rapidement le dessus.

En racontant poétiquement les amours de ses parents Adhémar et Thérèse, Fred Pellerin a été le premier à faire craquer Céline. Puis, l'enchaînement de Frère Jacques et Mamy Blue, jumelé à l'entrée en scène de presque tout le clan Dion, a conclu cette portion dans une coulée de larmes.

À partir de cet instant, Céline Dion a cessé de jouer la fille étonnée qui ne comprend pas pourquoi le décor pivote - ça devenait redondant - et s'est abandonnée au concept du spectacle.

Isabelle Boulay a été la deuxième à atteindre l'invitée royale en plein coeur avec son interprétation vibrante d'Avec le temps de Léo Ferré. Violons, piano et voix: pas besoin de lance-flammes ou de chorégraphies endiablées pour concocter un numéro marquant.

Pendant la relecture de Jamais de Serge Fiori, Céline Dion est redevenue une toute petite fille, vulnérable et sensible, ce qui lui a fait dire à l'animatrice, avec une voix enfantine: «Toi, là, arrête de me parler, t'es pas mon amie.»

Puis, France Beaudoin a cédé sa place sur le sofa blanc à la meilleure amie floridienne de Céline Dion, Robin Slavin, qui l'a sérénadée sur l'air de You've Got a Friend de Carole King. Le mascara de la star en a pris pour son rhume, encore plus quand sa confidente, Coco Lacroix, la conjointe de l'ancien patron de l'Avalanche du Colorado, Pierre Lacroix, l'a rejointe.

Dans toutes les interviews qu'elle a accordées, Céline Dion n'avait jamais parlé de cette Robin Slavin, sa voisine à Jupiter, en Floride, ce qui a augmenté notre niveau de curiosité en la voyant. Belle prise.

Cette Céline authentique, vraie, est plus intéressante à écouter que la Céline qui cabotine, je trouve. Quand Céline répète à France Beaudoin «heille, je capote» ou «ça va bien trop vite», on finit par ne plus savoir si elle joue la surprise ou si elle la ressent vraiment. Elle n'a pas besoin d'en beurrer aussi épais. Ses fans l'aiment et vont l'aimer encore et encore.

Cette émission spéciale d'En direct de l'univers, au numéro d'ouverture explosif de plus de dix minutes, nous a montré la star de Las Vegas dans tous ses états: drôle, clown, rockeuse, romantique, exaltée et tendre.

C'était beau de voir Céline chanter les paroles de Tu es là avec Ginette Reno, Comme un million de gens avec Claude Dubois ou Du fil, des aiguilles et du coton avec France Castel. Encore ici, pas de gros effets spéciaux coûteux, juste des mots réconfortants et des évocations de son passé. C'était parfait.

Beaucoup de jolies trouvailles dans l'émission, dont le styliste Law Roach qui empoigne le micro, le retour du luxueux coton ouaté du Titanic et la vidéo de Roger Whittaker.

Destinée aux jumeaux Nelson et Eddy, l'apparition du jeune Nathaniel Cullors n'a pas provoqué de gros wow. Par contre, la magie de Mary Poppins a parfaitement opéré en studio.

Ce plateau festif et bien mené par France Beaudoin rendra certainement les patrons de TVA très anxieux. Après «ce show de fou», dixit Céline Dion, que pourront-ils offrir de plus spectaculaire à la chanteuse pour la convaincre de revenir sur leurs ondes?