C'est un très beau personnage, complexe et nuancé, que Julie Perreault défend dans le téléroman L'échappée de TVA. Elle y incarne Brigitte Francoeur, une chanteuse folk à la carrière en dents de scie, une femme instable émotionnellement, un peu «tout croche», qui fume, qui boit et, surtout, qui fuit ses responsabilités.

Dans le premier épisode de cette nouveauté automnale, que vous verrez lundi à 20 h, notre Brigitte (Julie Perreault) rentre à contrecoeur dans son village natal de Sainte-Alice-de-Rimouski, où sa fille de 20 ans, Jade (Charlotte Aubin), se marie avec le beau Xavier (Félix-Antoine Duval).

Rapidement et de façon très efficace, l'auteure Michelle Allen (Destinées, Pour Sarah) plante plusieurs indices intrigants et présente sa galerie de personnages mystérieux, qui cachent tous des secrets. Difficile de ne pas accrocher.

Avec sa flopée d'acteurs talentueux et son texte serré, il est assez facile de prédire un gros succès aux audimètres pour L'échappée. À la casa Dumas, c'est déjà programmé dans l'enregistreur.

Après les deux premiers épisodes, on s'échafaude toutes sortes de scénarios pour tenter de deviner qui a fait quoi. Pourquoi Brigitte a-t-elle confié Jade à sa grande soeur (Anick Lemay) avant de se pousser à Montréal? Et que s'est-il passé par un soir de party de 1996 pour que Brigitte en ressorte si traumatisée?

En parallèle, nous pénétrons dans le centre jeunesse L'échappée, d'où le titre de l'émission, lieu d'atterrissage d'une bande de jeunes écorchés et poqués. Un peu à la façon du film Girl, Interrupted croisé avec Fatal Attraction, une adolescente de 14 ans, fille du couple riche de la région (Patrick Hivon et Sophie Bourgeois), provoquera un drame épouvantable, qui fera remonter à la surface de vieilles histoires que les habitants de Sainte-Alice préféreraient enterrer encore plus profondément.

Oui, les ficelles sont parfois un peu grosses (le truc du couteau volé, entre autres), mais ça fonctionne dans ce contexte de suspense en gradation. Vive les revirements, appuyés par une musique dramatique bien intense, qui nous clouent au sofa.

À ce sujet, L'échappée sème une ribambelle de pistes titillantes. Un testament manuscrit est brûlé dans l'urgence. Une photo de couple compromettante est déchiquetée. Et une carte de souhaits contient un message qui dérange encore 20 ans plus tard.

Fait plutôt inusité dans une télésérie québécoise: un des personnages principaux meurt très rapidement dans le récit et ne réapparaîtra pas en flash-back dans la série.

La facture visuelle de L'échappée est hyper moderne. Aucune scène n'a été tournée en studio et nous n'avons pas du tout l'impression de suivre un téléroman poussiéreux, mais une bonne série contemporaine, qui ébranlera assurément L'auberge du chien noir de Radio-Canada.

En cette ère d'abondance de Netflix et de grosses séries à rebondissements, les réseaux d'ici n'ont que quelques minutes pour captiver et accrocher solidement leurs téléspectateurs. Les concepteurs de L'échappée l'ont bien compris et bien appliqué.

L'été de ses 13 ans

Si vous aimez les comédies nostalgiques à la My Girl, vous allez craquer pour la charmante comédie Mes petits malheurs de Radio-Canada, qui démarre lundi à 19 h 30 dans l'ancienne case de (feu) Les Parent.

Le personnage principal, Jeffy (Antoine Marchand-Gagnon), douze ans et trois quarts, est adorable. On le rejoint à la Saint-Jean de 1986 alors que son père (Jean-Michel Anctil), sa mère (Catherine Proulx-Lemay), sa grande soeur Myriam au toupet griché (Rose-Marie Perreault) et son frère de 16 ans pas trop brillant, Sylvain (Luka Limoges), s'installent au chalet pour l'été.

Mes petits malheurs raconte avec un humour très sympathique le cas classique du coming of age d'un préado, qui ressent ses premiers émois amoureux. La scène où Jeffy découvre un autre usage pour l'appareil d'exercices à ceinture vibrante est juste parfaite.

Comme dans les longs métrages de Ricardo Trogi, les références à cette époque fluorescente s'enchaînent à un rythme frénétique: le walkman Sony jaune, les BMX, les tubes de Robert Palmer ou la caisse de John Labatt Classique. Le gars cool de la gang porte du Vuarnet et de l'Ocean Pacific. La bouffe s'emballe dans des sacs Steinberg. Et le Commodore 64 trône sur le bureau. Impossible de ne pas sourire.

Par contre, l'esthétisme a tendance à prendre le dessus sur le contenu des intrigues, je trouve. C'est amusant de revoir un Coleco ou une bouteille de Twist Shandy, mais on s'attend à un peu plus de viande dans le synopsis.

C'est un Jeffy adulte (voix de Louis Morissette) qui raconte les rites de passage de ses vacances en 1986, comme le faisait The Wonder Years.

Il y a beaucoup de tendresse dans Mes petits malheurs. Cette époque de transition pour un adolescent est ingrate et remplie de moments où l'on se sent inadéquat, à l'écart ou carrément extraterrestre. Cette comédie imaginée par Jean-François Léger (Catherine, Un gars, une fille) fait l'effet d'un doudou. C'est réconfortant, doux et sucré. Comme un mini-sac de jus acheté chez Perrette.