Kim Lizotte en stand-up comique, je n'étais pas le plus grand fan. Désolé. Kim Lévesque-Lizotte - elle a repris son nom complet - en auteure de comédie dramatique, ça me plaît davantage.

La nouveauté Les Simone qu'elle a pondue pour Radio-Canada s'avère à la fois drôle et touchante. C'est très réussi. Par contre, on pourrait débattre très longtemps de l'étiquette néo-féministe qui a été accolée à cette production léchée, supervisée par Louis Morissette, de KOTV.

Est-ce féministe de refuser de vivre, comme l'héroïne des Simone, dans un jumelé de L'Ancienne-Lorette avec un copain qui a peur des races de Montréal et dont le bonheur se limite au contenu du buffet d'un tout-inclus à Cayo Largo? Est-ce féministe de s'affranchir de ses parents conservateurs et de se dénicher un boulot qui nous passionne vraiment? Bref, est-ce féministe - ou simplement courageux - de ramer à contre-courant et de casser les moules que la société usine pour nous?

Un homme de 30 ans pourrait jongler avec ces mêmes questionnements liés à l'émancipation, la thématique au coeur de cette première série imaginée par Kim Lévesque-Lizotte. C'est ce qui arrive à Maxim (impeccable Anne-Élisabeth Bossé), qui étouffe dans sa vie ennuyeuse de future comptable à Québec. Sur un coup de tête, elle largue son copain des sept dernières années, le beau François (Benoit Mauffette), l'archétype du gars borné de Québec, limite Radio X, et atterrit à Montréal chez sa grande amie Laurence (Rachel Graton), chroniqueuse culturelle pour un grand réseau de télé.

«Je ne sais pas ce que je veux, mais je sais ce que je ne veux pas», résumera Maxim pour justifier sa fuite. La jeune femme de presque 30 ans ne «fitte» plus dans sa propre vie.

On détecte plusieurs touches comiques du film Québec-Montréal dans le premier épisode des Simone. Normal, puisque c'est l'agile Ricardo Trogi qui a enfilé la casquette du réalisateur pour les deux projets.

Cette première demi-heure, que vous verrez le mercredi 14 septembre à 21 h 30, est un feu roulant de gags efficaces. On y rit beaucoup.

Le propos des Simone s'ancre parfaitement dans la réalité numérique d'aujourd'hui: obsession des likes sur Instagram, espionnage industriel sur Facebook et échanges épistolaires par textos, impossible de ne pas s'y reconnaître. Vous capterez aussi, dans la modernité des dialogues, des références à Marie Mai, la reine des Neiges, Vincent Vallières, IKEA, le chou frisé et même Céline Dion.

Le deuxième épisode exploite davantage les zones d'ombre des personnages. On y fait la connaissance de la grande soeur de Maxim, Élizabeth (excellente Karine Gonthier-Hyndman), une vraie de vraie beauté désespérée de Boucherville. Exaspérée par ses trois enfants et isolée dans sa maison d'architecte, Élizabeth s'automédicamente au vin rouge, aux anxiolytiques et aux reproches, dont elle abreuve généreusement sa petite soeur Maxim.

On nage ici en plein dans les eaux de Mirage, le long métrage confectionné par Louis Morissette et Ricardo Trogi. Tiens, tiens. Parenthèse: sachez que le Tou.TV régulier offrira les deux premières tranches des Simone le mercredi 7 septembre.

Poursuivons. Laurence et Maxim se rejoignent toujours au bar de leur copine artiste Nikki (Marie-Ève Perron), une femme dégourdie, pas barrée à 40, qui a tout vu, tout fait, merci, bonsoir.

Ces trois adulescentes imparfaites cherchent le bonheur, souvent au mauvais endroit, un peu comme dans C.A. de Louis Morissette. La parfaite et naïve Laurence est incapable de résister aux charmes de son amoureux musicien (David Giguère), qui consacre beaucoup de temps à ses groupies.

Désir de plaire à tout prix ou peur de la solitude: Les Simone couvre des enjeux qui traversent les générations. Une téléspectatrice de la génération Y s'y retrouvera, tout comme son papa de 60 ans.

Par contre, Les Simone éprouve des problèmes quand vient le temps de passer des messages féministes. «On a tellement de choix, mais on est tellement seule», philosophe Maxim à son beau-frère (Pierre-François Legendre) lors d'un trajet en auto. Une réplique plaquée, qui sonne faux.

Aussi, un gros plan nous montre clairement le titre du livre que Maxim sort de son sac lors de son arrivée dans la grande ville: Mémoires d'une jeune fille rangée de Simone de Beauvoir. Ça va, on a compris. Les trois Simone construisent leur identité, se détachent du cocon familial et débroussaillent leur propre chemin.

Au-delà de ces agacements, Les Simone figure dans ma liste d'émissions à suivre impérativement cet automne, qu'elles soient féministes ou non.