Fin sèche à Radio-Canada, cinq ans dans le noir absolu et un nouvel auteur derrière le clavier, la résurrection de Mirador chez Séries+ aurait pu être un gigantesque fiasco de relations publiques. Ce n'est pas le cas, Dieu merci.

Il faut quand même plusieurs minutes dans le premier épisode pour resituer chacun des personnages attachés au prestigieux cabinet Mirador, niché dans une imposante tour du centre-ville de Montréal. Puis, on rembarque à fond dans les luttes de pouvoir qui divisent la famille Racine, soit le patriarche Richard (Gilles Renaud) et ses deux fils qui se détestent, Philippe le bon (Patrick Labbé) et Luc le méchant (David La Haye).

Le changement de scénariste n'a pas du tout altéré la verve franglaise de Luc ou le ton désabusé de Chantal (Catherine Trudeau), l'experte des conférences de presse. La couleur des textes reste la même. C'est vif et moderne.

Rappel historique, ici: débordés autant sur le plan personnel que professionnel, les auteurs Isabelle Pelletier et Daniel Thibault, qui bossent aujourd'hui sur Ruptures, avaient renoncé à Mirador 3 à l'automne 2011. Leurs droits ont été rachetés et le contrat d'écriture du dernier chapitre a été confié au vétéran Jacques Savoie (Le berceau des anges, Les Lavigueur).

Séries+ jure que ces six nouveaux épisodes d'une heure boucleront définitivement la trame de Mirador, sans possibilité de réanimation. En rafale, cette télésérie passera les 29, 30 et 31 août, à coups de deux heures par soir (20 h et 21 h). La chaîne appartenant à Corus sera alors débrouillée. Profitez-en. Pour se replonger dans le bain, Séries+ a aussi déposé la deuxième saison sur son site web.

L'action de Mirador 3 reprend 18 mois après la prise de pouvoir de Philippe Racine sur la firme. Les affaires roulent à fond et les mandats s'accumulent, dont un particulièrement délicat. Un ex-joueur de hockey professionnel recyclé en commentateur sportif (Alexandre Goyette) dompe son vieux père aux urgences et se pousse illico à un enregistrement de télé. Laissé sans surveillance, le papa en question, qui souffre de troubles psychiatriques, se défenestre.

Une immense crise médiatique en découle et le directeur de l'hôpital, qui craint des poursuites pour négligence, reçoit de très mauvais conseils de la part de Mirador. L'avocat de l'ancien hockeyeur, un homme terne et ratoureux que campe Serge Postigo, saura tirer profit de ces bourdes. Ce personnage atypique annonce de belles choses.

En parallèle, la commission Lefebvre enquête sur le financement illégal des partis politiques. Tiens, tiens. Qui sera leur témoin-vedette? Richard Racine, fondateur de Mirador, qui a trempé dans des combines pas très nettes dans les années 90. 

Que cache Richard dans ses comptes secrets aux îles Vierges? A-t-il financé son entreprise en blanchissant de l'argent?

Il s'agira de l'axe principal de cette troisième année, car les révélations de Richard devant la commission terniront l'image de l'agence Mirador et réveilleront des ennemis, qui multiplieront les attaques sournoises. Au bord de l'implosion, Mirador deviendra ainsi le principal client de... Mirador.

Le couple formé par Michèle Barry (Nathalie Coupal) et le chevelu Luc (qui arbore maintenant un man bun) n'en mène pas large dans les deux premiers épisodes. On sent cependant que la bête à deux têtes se réveillera bientôt. Le fils de Michèle, interprété par Antoine Pilon, croupit en prison. Rappelez-vous, il avait poussé sa mère en bas de la mezzanine en découvrant la véritable identité de son père.

Chez Mirador, Alexandre (Steve Laplante) épluche avec autant de frénésie ses «estie de réseaux sociaux», dixit Chantal, ma préférée. Cette dernière a aussi modernisé ses méthodes de travail: quand son supérieur lui demande de rédiger un communiqué de presse, elle roule les yeux. Qui écrit encore ça, des communiqués? On va envoyer un tweet à la place!

Bianca Gervais incarne la nouvelle avocate du bureau et le courant passe particulièrement bien entre elle et le grand patron. La présence de la rigoureuse reporter Lydia Derecho (Geneviève Rochette) permet d'explorer davantage les liens entre les organes de presse, le pouvoir et les fabricants d'images. Un sujet toujours d'actualité. Et remarquez bien, le journal qui emploie Lydia a une édition tablette comme la nôtre.

Le réalisateur Louis Choquette, derrière la caméra pour les trois volets de Mirador, insuffle beaucoup de dynamisme à l'oeuvre. Des réunions se terminent, des portes claquent, les vestons se reboutonnent, et hop! on attaque un autre dossier urgent.

Le format de la minisérie adopté par Mirador séduit de plus en plus de téléspectateurs, qui n'ont pas le temps de s'embarquer dans des séries de 23 épisodes, qui s'étirent souvent sur plusieurs années (allô The Good Wife).

Avec la rafale offerte par Séries+, vous allez même pouvoir sceller le sort de Mirador avant que la saison régulière de télévision ne se déploie. Vite fait, bien fait. On aime ça de même.