Si vous consommez beaucoup de télé québécoise et de radio commerciale (allô!), ce Bye bye 2015 vous a certainement comblé avec sa flopée de parodies bien ficelées comme celles de Marinâââ (parfaite Véronique Claveau), de Tlente vies des productions Aletiralos ou des Cheveux de la danse de Je-Me-Moi Wauthier.

Si vous boudez le petit écran d'ici, vous avez sans doute râlé contre le côté racoleur de la bande à Louis Morissette et que c'était donc plus grinçant, intelligent et raffiné dans le temps des Cyniques. Là-dessus, je vous donne partiellement raison: les textes de la populaire revue de fin d'année de Radio-Canada auraient pu égratigner davantage. Sauf qu'avec tous les avocats de la SRC qui chipotent sur le moindre petit gag acide, ça devient de plus en plus complexe de bricoler des sketches qui décapent.

Heureusement, la prudence dans les dialogues a été compensée par des maquillages, des perruques et des effets spéciaux toujours époustouflants. Le numéro d'ouverture JeRecycle Parc, concocté par les brillants Satiriques, a été un condensé d'un paquet de bons flashs avec une apparition spéciale de l'inépuisable Joël Denis, un autre de ces dinosaures qui refusent de mourir. Ce Bye bye commençait fort.

Il faut aussi souligner la grande qualité des imitations qui nous ont été servies le soir du 31 décembre. La meilleure? Celle de Marina Orsini par Véronique Claveau, grande vedette de ce Bye bye 2015. Cette Marinâââ, qui interviewait un Jean Leloup quasiment pareil à l'original (chapeau, Pierre Brassard), ressemblait dangereusement à la vraie animatrice et comédienne.

Non loin derrière Marinâââ, le Patrice Roy - alias Caprice Roy et ses stylos - de Patrice L'Ecuyer. C'était plus que réussi. Patrice L'Ecuyer, qui a bien su prendre sa place dans la troupe des anciens du Bye bye, a aussi été très convaincant dans l'habit du «joueurnaliste» Patrice Brisebois ainsi qu'en Pierre Elliott Trudeau.

Quant aux Stephen Harper et Jean Charest de Louis Morissette, oui, l'auteur et humoriste les maîtrise super bien, mais leurs apparitions surprennent beaucoup moins. Par contre, son Michel Bergeron a été parfait.

Le même constat s'applique aux Philippe Couillard et Denis Coderre de Laurent Paquin: ça ne devient pas évident pour lui de les améliorer d'année en année. Le nouveau Régis Labeaume n'accotait malheureusement pas celui, complètement flyé, de Michel Courtemanche.

Parmi les sketches qui ont été les plus corrosifs, celui de Marcel Abus trône au top de la liste. L'alerte Marcel et les blagues de mononcle bien grasses ont visé au coeur de la cible.

Le menteur compulsif François Bugingo, qui a assisté à la naissance de Jésus et à la découverte du feu, y a aussi goûté, personnifié par un Normand Brathwaite en feu sur l'air d'Uptown Funk. Ici, ça éraflait plus fort, à juste titre.

Les croisements entre un élément de culture populaire - chanson pop ou publicité - et un événement d'actualité fonctionnent toujours bien au Bye bye. Du genre: Le réveil de la farce avec la dynastie Trudeau ou les pubs de Loto-Québec mixées avec le rapport de la commission Charbonneau ou les déboires de la bâtonnière.

Ce procédé a été employé pour revenir sur l'affaire Joël Legendre en se servant du film d'animation Sens dessus dessous. Joël a été chanceux que sa garde rapprochée soit aux commandes du Bye bye 2015. RBO, par exemple, aurait frappé plus fort, c'est certain.

Encore une fois, c'est Véronique Claveau qui a le plus brillé dans ce sketch dans la peau d'une Pénélope McQuade identique, autant dans la gestuelle que dans sa façon de poser des questions. Et le défilé de ses coiffures impossibles a été hilarant. Mention spéciale au Jean-Luc Mongrain de Patrice L'Ecuyer, juste assez inquiétant.

Autre gros éclat de rire: le petit couple de Trop de fois par jour, Alex et Marilou, qui carbure aux jus verts, aux caméras et aux environnements épurés. Parmi les noms de bébés à retenir, celui de Coriandrée-Anne.

C'est très rare que l'on voie Fabienne Larouche dans un Bye bye. En plus de la petite robe noir et blanc, Louis Morissette a emprunté les mêmes tics de langage que l'influente auteure et productrice, qui sous-traitait son Tlente vies à des travailleurs asiatiques. J'ai beaucoup ri.

Parmi les sections plus bof, il y a celle de la CAQ et la référence au scandale de Volkswagen, beaucoup trop longue. Avec tout le talent contenu dans le noyau dur des comédiens du Bye bye, l'apparition de François Bellefeuille n'était pas nécessaire.

Les caricatures d'Ingénue Bouchard et de Justin Trudeau n'ont pas été impressionnantes. On serait également passés de Demi Lévesque et du gag éculé sur la femme fontaine.

PKP et Julie Snyder, sur l'air de Cheerleader du chanteur Omi, n'ont pas été trop secoués non plus. Les paroles de la chanson de matricule 728, calquées sur Shake it Off de Taylor Swift, n'étaient pas bien audibles dans nos salons.

Ceci noté, ce fut une judicieuse idée que d'amener Patrice Michaud après le décompte pour une relecture de ses Mécaniques générales. Du joli.

Allez, on digère tout ça (et toute la bouffe consommée) et on se jase d'Infoman et d'En direct de l'univers en début de semaine. Une bonne et heureuse année à vous, chers lecteurs.

P.S. Les nouvelles pubs de Familiprix sont savoureuses.