Bon, me voici (enfin) de retour aux commandes de cette chronique. Vous m'avez manqué, chers lecteurs. Hé, ho, ne soyons pas trop émotifs ce matin et refoulons immédiatement cette envie commune de s'enlacer après cette looongue séparation.

Ah oui, et ce projet top secret qui m'a tenu «loin de nous, loin de tout», comme le chantait Céline Dion, époque Incognito? C'est plus glauque que glam: j'ai été choisi, bien malgré moi, pour être juré dans un procès pour meurtre à Montréal. Je vous raconte tout ça dans une autre chronique. Une sorte d'incursion dans les coulisses de Toute la vérité, mon Douze hommes en colère à moi.

Malgré ce retrait forcé de la vie médiatique, j'ai évidemment continué de suivre assidûment notre merveilleux monde de la télévision. Et là, il faut qu'on se jase de Vol 920 à TVA. Oui, oui, les chiffres d'audience ont piqué du nez. Ce n'est que ça qui a retenu l'attention de mes collègues: les faibles cotes d'écoute de cette téléréalité à grand déploiement.

Reste qu'il s'agit d'une très bonne saison, qui m'a réconcilié avec le concept original. Ça y est, c'est écrit.

J'aime Vol 920 cette année, où personne ne creuse de puits en chantant «kumbaya» avec trois figurants embauchés pour porter le pagne.

Les correctifs apportés à l'émission ont été bénéfiques. D'abord, les épreuves ont été raccourcies et dynamisées. Ensuite, on sent beaucoup plus la compétition qui électrise les célibataires globe-trotteurs. Gagner son billet d'avion pour la prochaine destination est pas mal plus ardu que l'an dernier. Le camp des exclus est un incubateur parfait pour les tensions au sein du groupe.

Mais l'amélioration qui a été le plus bénéfique, à mon avis, est celle d'avoir ramené une touche d'Occupation double dans les épisodes. Ne me lancez pas de roches tout de suite, s'il vous plaît, et soyons honnêtes un instant.

Vol 920 s'est pris pour le National Geographic l'année passée et les résultats ont été désastreux. Il fallait donc revenir aux piliers de base de la téléréalité de type «formation de couples», soit la romance, les rivalités et les éliminations larmoyantes. Et nous avons été gâtés à ce chapitre.

Le premier épisode a rapidement dévoilé les personnalités différentes des nouveaux personnages. Le couple royal, formé par Carl et Audrey, s'est rapidement imposé. Le clown, c'est Fousseni. Le mal-aimé, c'est Mikaël. Le candidat le plus original, c'est Raphaël. Le bon gars, c'est Gabriel. La plus rigolote, c'est Marie-Christine. Et le trouble-fête, c'est Marc-André. Chacun a son rôle à jouer et le fait très bien.

Le candidat aux répliques les plus savoureuses, le mannequin international Christopher, a malheureusement été renvoyé chez lui trop rapidement. On aurait eu beaucoup de plaisir avec ses citations préfabriquées. Quel dommage.

Mélo, qui faisait penser à Laurie Doucet d'Occupation double 9, avait elle aussi beaucoup de potentiel téléréel. Hélas, elle a été mise dans le même avion de retour que Christopher.

La première impression de «voyage d'aide communautaire» de Vol 920 lui colle encore à la peau. Ce n'est plus du tout ça. C'est un téléroman à gros budget, qui s'étale en Norvège, au Maroc et en Russie. Les images sont époustouflantes.

Contrairement à Sébastien Benoit ou à Pierre-Yves Lord à l'époque d'Occupation double, l'animateur Yan England garde toujours un bras de distance avec les concurrents de Vol 920, ce qui injecte une certaine froideur aux épisodes. J'aimerais le voir plus empathique et moins sérieux. Allez, un petit sourire, mon Yan!

Contenu, contenant

Les deux nouveautés musicales de l'automne, Stéréo Pop de Radio-Canada et Faites comme chez vous de TVA, en arrachent aussi dans les sondages Numeris. Ça ne m'étonne pas. Et il serait surprenant que ces deux productions hyper léchées obtiennent un renouvellement pour le prochain calendrier.

Autant à Stéréo Pop qu'à Faites comme chez vous, on dirait que l'on s'adresse à un public qui boude traditionnellement les cases horaires de ces deux émissions. Comme si l'on cherchait à séduire à tout prix les fans d'ARTV ou d'Urbania, en ignorant complètement la clientèle régulière - et plus âgée - de ces deux grandes chaînes. Ça ne colle pas.

Difficile de blâmer la SRC et TVA d'avoir tenté de rajeunir leur auditoire. C'est le nerf de la guerre en télé présentement. En même temps, il y avait certainement moyen de négocier un compromis afin que le contenant, si joli soit-il, ne prenne pas autant le dessus sur le contenu.