Deux visionnements consécutifs d'émissions de télévision musicales hier: la supra léchée Stéréo pop de Radio-Canada et la très conviviale Faites comme chez vous de TVA.

Deux propositions complètement différentes, qui s'adressent à deux types de mélomanes. Commençons avec Stéréo pop, où les deux animateurs modeux Pierre Lapointe et Claudine Prévost agencent toujours leurs vêtements dans une palette de couleurs vitaminées de type rose bonbon, jaune canari ou vert menthe.

L'enrobage années 60 et 70, la réalisation décadrée et les animations graphiques vintage: Stéréo pop étincelle dans nos téléviseurs. Malgré l'effort colossal investi dans l'esthétique, ce qui ressort le plus dans la première émission, que vous verrez vendredi à 20h sur les ondes de la SRC, ce sont les confidences échangées sur les poufs déposés sur la pastille centrale.

Marie-Mai, Dumas, DJ Champion (super comique!) et Martine St-Clair répondent sans gêne au questionnaire très original de Stéréo pop.

On apprendra ainsi que des pièces de DJ Champion tournent dans les bars de danseuses, que Dumas a un fan dentiste à Baie-Comeau qui lui fait ses nettoyages et que le mot le plus souvent répété dans le dernier album de Marie-Mai est «toi».

Les performances musicales de Stéréo pop - il y en a cinq par épisode d'une heure - demeurent conventionnelles, à l'exception de No Heaven de DJ Champion, revisitée en collaboration avec Marie-Mai (qui reprend la partition de Betty Bonifassi). Ça, c'est de la bombe.

Pour le reste, c'est bien, mais pas décoiffant ou trop surprenant. Martine St-Clair refait Ce soir l'amour est dans tes yeux dans un décor cubiste, Dumas revisite son classique J'erre (avec DJ Champion à la basse) et Marie-Mai interprète À bout portant.

On aurait aimé voir plus de mélanges entre les invités, plus de collaboration et de générosité. Un peu comme aux Grammys, où les stars reprennent les succès de leurs camarades dans un joyeux méli-mélo.

Le deuxième épisode se dirige plus dans le métissage musical. Kevin Parent pousse Like A Rolling Stone de Bob Dylan accompagné de France D'Amour et d'Ariane Moffatt, tandis que Francis Cabrel et Ariane Moffatt entonnent L'encre de tes yeux en duo. Voilà des segments uniques et originaux, qui n'ont pas déjà été vus ailleurs. Et voilà où Stéréo pop doit entraîner ses fidèles.

Chez Maripier Morin

Si la facture visuelle de Stéréo pop flirte avec le rétro, celle de la quotidienne Faites comme chez vous à TVA fait «hipster branché du Mile End». Clairement, TVA souhaite rajeunir l'auditoire qui fréquente sa case horaire de 19h du lundi au jeudi.

L'animatrice Maripier Morin incarne parfaitement l'esprit dynamique et festif de Faites comme chez vous, une émission au look d'enfer. Elle est spontanée, vive, empathique, naturelle et sait rendre les gens à l'aise, sans avoir l'air fausse. Rien à redire là-dessus.

Ce qui accroche dans cette nouveauté, c'est le concept de «compétition amicale» qui la guide. Jamais les notes décernées ne descendront sous la barre des trois étoiles (sur une possibilité de cinq). Les candidats s'aiment tous et se critiquent du bout des lèvres. Ça manque de croustillant et de suspense, je trouve. Là-dessus, ça ne ressemble en rien au ton plus mordant et baveux d'Un souper presque parfait.

Il y a tout de même 2000$ à remporter à la fin de la semaine, et pourtant, on ne se soucie que très peu de l'identité du gagnant. Un peu comme Ils dansent à Radio-Canada, où personne ne subissait d'élimination. Ça ne fonctionne pas.

Dans chacune des demi-heures de Faites comme chez vous, un candidat organise chez lui un mini-spectacle de trois chansons, qui comprennent une reprise connue, une composition originale et une demande spéciale imposée.

Dès lundi, vous entendrez du blues dans un sous-sol de Sainte-Julie, du folk acoustique dans une verrière de Chambly (mardi), du reggae pop sur un terrain de Côte-des-Neiges (mercredi) et un gros Woodstock dans une cour extérieure de Varennes (jeudi). L'épisode Woodstock est le meilleur et le plus spectaculaire des quatre que TVA relaiera la semaine prochaine.

Telle une Julie Snyder à l'époque de ses fameux porte-à-porte, Maripier Morin s'invite dans les maisons des concurrents et assiste aux préparatifs, tout en commentant leur déroulement. Elle entame chacun des épisodes en conversation avec un chauffeur de taxi, qui la transporte à son prochain concert. Bon flash, qui permet à la pétillante animatrice de réexpliquer les règlements sans que ça sonne trop didactique.

J'ai visionné en rafale hier les quatre premiers épisodes de Faites comme chez vous et ce n'était peut-être pas l'idée du siècle. Ça finit par devenir répétitif. Très répétitif. Très répétitif.