Julia Louis-Dreyfus l'a dit sur le tapis rouge et il ne faut jamais contredire Julia Louis-Dreyfus: «Tina et Amy devraient animer les Golden Globes jusqu'à la fin des temps. Elles sont géniales.»

Hélas! le contrat liant Tina Fey et Amy Poehler à ce gala hollywoodien a pris fin dimanche soir, après trois années quasi parfaites. Les deux brillantes humoristes - et meilleures amies depuis plus de 20 ans - ont une fois de plus volé la vedette avec leur sens de répartie inégalé et leur humour vif, juste assez acide. Rien n'a échappé à Tina et Amy: Bill Cosby, la Corée du Nord et leur cible préférée, le nouveau marié George Clooney.

Leur monologue d'ouverture de 10 minutes a été bourré de gags juste assez méchants pour ne pas provoquer de gros malaises au parterre de l'hôtel Beverly Hilton, seulement des rires. Ces deux humoristes chevronnées ont redonné, en trois ans, beaucoup de crédibilité et de prestige à ces Golden Globes souvent jugés mineurs en comparaison aux Oscars ou aux Emmys. Et grâce à elles, la fête de la télévision et du cinéma de l'an dernier a été la plus regardée en 10 ans.

C'est fou à quel point ce travail de maîtresses de cérémonie leur semble facile. Comme si elles commentaient le gala en direct de leur salon, mais dans des robes valant le prix d'une maison du Plateau Mont-Royal. On les voudrait comme meilleures amies. On aurait aimé les voir plus souvent pendant le gala.

On sent chez Tina et Amy qu'elles aiment vraiment les stars dont elles se moquent. Elles ont leurs chouchous et ne jouent jamais aux filles blasées. C'est très rafraîchissant comme approche, qui tranche avec le cynisme de certains de leurs collègues.

Complicité

La recette du succès de Tina et Amy? Leur complicité impossible à recréer. Leurs textes bien ciselés. Leur charme craquant. Leur vivacité d'esprit. Et leurs sourires ironiques quand elles balancent une bonne vanne. La personne qui leur succédera en 2016 aura de grands escarpins à chausser.

Ce fut dimanche la soirée de tous les décolletés vertigineux. Ce fut également une soirée remplie de discours émouvants et intelligents. Ça faisait changement du chapelet de banalités récité à l'ADISQ.

Droits des transsexuels, appui aux victimes de viol, représentation ethnique à la télévision, meilleurs rôles pour les femmes, liberté d'expression ou importance de se souvenir de ceux qui ont été touchés par le sida: les gagnants, visiblement peu influencés par le tout le champagne ingurgité, ont habilement utilisé leur temps au micro pour livrer des messages pertinents. Artisans du showbiz québécois, on prend des notes, merci.

Quelques stars ont souligné les attentats en France, dont George Clooney, qui a arboré un macaron sur le tapis rouge et qui a répété «Je suis Charlie» en cueillant sa statuette, de même qu'Helen Mirren, qui portait un stylo en guise de broche. En français, Jared Leto a également lancé sur la scène: «On vous aime, je suis Charlie.»

Parmi les vainqueurs de ce 72e gala, la série The Affair de la chaîne Showtime a raflé la prestigieuse statuette de meilleure série dramatique, envoyant au plancher des poids lourds tels Game of Thrones, Downton Abbey, House of Cards et The Good Wife. Petite surprise ici, car The Good Wife a connu une de ses meilleures saisons jusqu'à présent. Et House of Cards crée toujours le buzz.

Sans aucun étonnement, Transparent du géant Amazon a été sacrée meilleure comédie. Et son acteur principal, l'excellent Jeffrey Tambor, a aussi triomphé grâce à son rôle de professeur retraité qui annonce à ses trois enfants d'âge adulte qu'il deviendra une femme. Malheureusement, la comédie douce-amère Transparent n'est pas encore disponible au Canada. Amazon, réveillez-vous!

Le succès de Fargo

Inspirée de l'univers des frères Coen, Fargo n'a pas volé son titre de meilleure minisérie. C'est une des meilleures productions que j'ai vues à la télé américaine en 2014. Super Écran la rediffusera à partir du 22 janvier. Préparez vos enregistreurs.

L'acteur principal de Fargo, Billy Bob Thornton, a aussi été remarqué dimanche soir. Il y incarne un tueur à gages complètement désaxé. Une performance remarquable.

Trophée cendrillon du gala? Celui récolté par Gina Rodriguez, qui est adorable dans Jane the Virgin, l'adaptation américaine d'une telenovela vénézuelienne. Si vous avez aimé Ugly Betty, vous allez adorer Jane the Virgin, dont les épisodes sont disponibles sur iTunes. La talentueuse Gina Rodriguez, une quasi-inconnue, a réussi à battre des stars de la télévision comme Julia Louis-Dreyfus (Veep), Edie Falco (Nurse Jackie) et Lena Dunham (Girls).

Il n'y a rien d'impossible aux Golden Globes. C'est pourquoi ce gala est toujours divertissant. Tina et Amy, on s'ennuiera et on se consolera en allant voir votre film Sisters à Noël 2015. C'est un rendez-vous.