Quand il a appris que le film dérivé de la populaire comédie Les Bougon n'avait pas décroché son financement, jeudi dernier, Vincent Guzzo a vu noir. Assez pour que le coloré propriétaire de mégaplexes appelle directement la présidente de la SODEC, Monique Simard, pour lui soutirer des explications.

«Je suis déçu. Pour moi, en tant que président de l'Association des propriétaires de cinémas du Québec (APCQ), ça ne fait aucun doute que ce film-là a un potentiel commercial très élevé. C'est important que le film des Bougon soit produit. Il va peut-être remettre le cinéma commercial québécois sur la map. On a besoin de ça», insiste Vincent Guzzo.

L'homme d'affaires réputé pour son franc-parler poursuit: «Séraphin était aussi une émission de télévision. Il est temps que l'on change le bassin de cinéastes et de producteurs à qui l'on accorde toujours des subventions. Il faut accueillir à bras ouverts les gens qui font de la télévision, car ils obtiennent du succès», martèle-t-il.

Imaginé par Louis Morissette, François Avard et Jean-François Mercier, le scénario des Bougon mijote depuis plusieurs années déjà. C'est Jean-François Pouliot (La grande séduction) qui réalisera ce long métrage, s'il obtient de l'argent, bien évidemment. Dans sa dernière ronde de financement, la SODEC a notamment préféré Nitro 2 ainsi que la suite des Trois P'tits Cochons aux nouvelles aventures rocambolesques de Rita, Dolorès, Junior et Paul Bougon.

Selon Vincent Guzzo, l'analyste de la SODEC affecté au dossier des Bougon était peu familier avec l'univers irrévérencieux de cette famille de profiteurs du système. «Il n'avait probablement jamais vu un épisode de la série télé. C'est comme si tu demandais à un immigrant fraîchement arrivé de te dire c'est qui Séraphin. C'est un crisse de problème», remarque Vincent Guzzo.

Fabienne Larouche, qui produit Les Bougon avec Michel Trudeau pour leur boîte Aetios, n'a pas commenté hier à propos des compétences et les connaissances du chargé de projet de la SODEC qui a décortiqué le scénario du film. «La SODEC nous a dit non, mais le film Les Bougon se serait super bien classé et ils veulent qu'on le redépose à la fin du mois de janvier. Je leur fais confiance», glisse Fabienne Larouche.

Interviewé hier, le coscénariste Louis Morissette a offert une autre explication sur le recalage des Bougon par la SODEC. «La SODEC a parlé d'un risque qu'ils n'étaient pas prêts à prendre avec Les Bougon. Personnellement, je n'y vois aucun risque», explique Louis Morissette.

Vincent Guzzo dit entretenir une bonne relation avec Monique Simard, la grande patronne de la SODEC. «Elle m'a dit que si Les Bougon avait été refusé, c'est parce que le réalisateur Jean-François Pouliot était aussi associé aux Trois P'tits Cochons et qu'il fallait choisir entre ses deux projets. Il n'y avait de l'argent que pour un seul projet par année par réalisateur», relate Vincent Guzzo.

Bizarre, tout ça. Car il n'existe aucune règle écrite à la SODEC qui empêche un réalisateur de bosser sur deux films qui tentent d'obtenir du financement en parallèle. La SODEC n'a pas pu éclaircir le dossier des Bougon hier.

«En 2015, il est mieux d'en avoir des films québécois qui marchent, parce que les Américains sortent leurs gros canons comme 50 Shades of Grey, les Avengers ou Star Wars», avertit Vincent Guzzo.

Drôles de documenteurs

C'est drôle, plein d'autodérision et d'humiliation. Ça s'appelle Une histoire vraie et ça décolle sur les ondes de Télé-Québec le mercredi 7 janvier à 19h30. En dévorant ces émissions de 30 minutes, vous allez à la fois ricaner et ressentir plein de malaises. Soyez-en avertis.

Le concept d'Une histoire vraie, produit par la boîte KOTV de Louis Morissette, est simple, mais difficile à expliquer avec netteté et clarté. Je m'essaie. Tous les mercredis soir, une vedette connue (Antoine Bertrand, Gildor Roy, Joël Legendre) apparaît dans un faux documentaire - un documenteur - à propos d'un aspect totalement inconnu de sa vie.

Dans le premier épisode, le comédien Rémi-Pierre Paquin raconte sa descente aux enfers après qu'Élyse Marquis eut découvert qu'il trichait dans tous les jeux télévisés auxquels il participait.

À l'aide de vrais extraits d'archives de Paquet voleur ou d'Atomes crochus et de faux témoignages d'artistes (dont Sébastien Benoît), la chute de Rémi-Pierre Paquin est tellement bien racontée qu'on finit quasiment par y croire. Dans la peau d'une joueuse de quiz beaucoup trop intense, Élyse Marquis vole carrément la vedette. Elle est incroyable.

L'épisode d'Une histoire vraie consacré à Hélène Bourgeois Leclerc (28 janvier) nous dévoile son caractère d'actrice ultra-névrosée. Chaque fois qu'un de ses projets télé meurt, Hélène Bourgeois Leclerc enterre le personnage dans sa cour arrière et lui fait même une cérémonie. Et pour se préparer à un nouveau rôle, elle suit des cours complètement flyés avec son mentor Christian Bégin et elle se laisse insulter violemment par un autre de ses profs, Luc Picard. Ça va très loin dans l'inconfort, mettons.

Trop farfelus, les épisodes d'Une histoire vraie auraient manqué de crédibilité. Trop à cheval sur les détails, ils n'auraient tout simplement pas été rigolos. L'équilibre entre le comique et le réalisme a été dosé ici avec une belle précision.