Il y a des finales de séries télé bâclées qui nous fâchent royalement en nous abandonnant sur écran noir (allô Les Soprano) ou en omettant de nous fournir toutes les clés des intrigues (bonjour Lost).

Puis, il y a les finales hautement satisfaisantes, comme celle de Toute la vérité, que vous verrez ce soir à 21 h sur les ondes de TVA. Les auteurs Bernard Dansereau et Annie Piérard y attachent toutes les ficelles scénaristiques et n'oublient pas de refermer un seul dossier. Vous saurez clairement tout ce qui arrivera aux procureurs de la Couronne qui pimentent nos lundis soir depuis cinq ans.

J'ai déjà dévoré ce 92e et ultime épisode et le fan en moi n'a pas été déçu. La conclusion tricotée par le duo Dansereau-Piérard autour du sens de la justice - et de l'injustice - est parfaitement plausible. Ne vous inquiétez pas, aucun punch ne sera dévoilé ici.

«J'ai eu une petite larme les deux ou trois fois où j'ai visionné l'épisode. En même temps, on ne voulait pas finir sur une note trop déprimante. Les téléspectateurs qui suivent Toute la vérité depuis le début savent que ça brasse toujours un peu», admet le scénariste Bernard Dansereau en entrevue. Difficile, en effet, de ne pas avoir les yeux humides pendant cette heure de télévision très émouvante.

La décision de débrancher définitivement Toute la vérité, même si sa popularité ne fléchissait pas, est fort compréhensible: les deux auteurs principaux craignaient la répétition. «L'ADN de Toute la vérité, c'est qu'il arrive des affaires heavy aux procureurs. Mais il y a des limites aux malheurs qui peuvent s'abattre sur un petit groupe de personnes si l'on veut rester crédibles et ne pas sauter le requin. À la fin, les téléspectateurs nous écrivaient pour que l'on donne du répit à Maxime Cadieux [Émile Proulx-Cloutier], un personnage qui avait beaucoup été éprouvé», détaille Bernard Dansereau.

Ex-conjoint assassiné, kidnappée et violée, l'avocate Brigitte (Hélène Florent), qui a aussi perdu son bébé, a également connu son lot de malheurs. Lui faire subir une autre épreuve traumatisante serait un peu ridicule.

Même situation pour Maxime Cadieux (ex-copine séropositive morte, fausses accusations d'agression sexuelle) ou Sylvain Régimbald (consommation de cocaïne, découverte de son vrai père biologique). À un moment donné, ça devient improbable que la foudre frappe toujours au même endroit.

Depuis l'hiver 2010, les personnages pour lesquels Annie Piérard et Bernard Dansereau préféraient pondre des répliques ont beaucoup évolué. «J'aimais beaucoup écrire pour le personnage de Jean-Nicolas Verreault [le criminaliste]. Je trouvais ça très drôle aussi d'écrire les trucs quasiment d'extrême droite que Véronique [Julie Le Breton] aimait dire. C'était un bon exercice de défoulement. Dans le dernier épisode, le discours de Jacques Belhumeur [Marc Messier] sur la justice représente beaucoup ce que je pense», souligne Bernard Dansereau.

Ce soir, le noyau dur de l'équipe de Toute la vérité se réunira pour regarder le tout premier épisode de la série, ainsi que sa conclusion. «Cette marche vers la fin a été préparée pendant plusieurs mois. On va essayer de quitter les téléspectateurs avec le plus de questions résolues», indique Bernard Dansereau.

Là-dessus, c'est mission accomplie. Sylvain et Véro reviendront-ils ensemble? Que se passe-t-il avec la main enflée de Dominique (Maude Guérin)? Anaïs (Salomé Corbo) convaincra-t-elle sa douce de l'épouser? Marc (Denis Bouchard) et Laurianne (Anne-Élisabeth Bossé) défricheront-ils un terrain d'entente pour conjuguer leurs carrières et leur famille? Toutes les réponses à 21 h. Et tout un deuil à faire, aussi.