Les vampires au teint blafard, les zombies répugnants et les maniaques du couteau de cuisine aspergent nos petits écrans de sang visqueux et de viscères broyés depuis plusieurs saisons déjà. Rien de nouveau sous le soleil ici (surtout pour les vampires, la pognez-vous?).

Semaine après semaine, les Motel Bates, Hannibal, American Horror Story, The Following, True Blood, Penny Dreadful et The Walking Dead empilent les cadavres de cette télé d'épouvante, souvent très gore et violente, qui fait faire des cauchemars à des millions de téléspectateurs.

L'engouement pour ces émissions sanguinolentes ne diminue pas. Deux nouvelles téléséries américaines, chapeautées par des créateurs prestigieux tels Guillermo del Toro (Hellboy, Le labyrinthe de Pan) et Steven Soderbergh (Magic Mike), ont gonflé le nombre de morts violentes dans nos salons. Il s'agit de The Strain du réseau FX et The Knick à HBO Canada.

Bon, d'accord: The Knick, une fascinante série réalisée par Soderbergh, ne se classe pas officiellement dans la catégorie de l'horreur. C'est une sorte de Grey's Anatomy, campé à New York en 1900, qui montre des scènes d'opération vintage tellement répugnantes qu'il devient impossible de ne pas détourner le regard. Assez, en tout cas, pour que The Knick obtienne une place au palmarès de la télévision «morbide».

Offert sur iTunes et FX Canada, The Strain est un produit de répulsion de forme très classique, avec un côté kitsch pleinement assumé. Le premier épisode à la CSI s'ouvre avec l'atterrissage d'un avion-fantôme à l'aéroport JFK. Tous les passagers de l'appareil, encore enfoncés dans leurs fauteuils, ont péri. Rapidement, les autorités soupçonnent une attaque bactériologique ou une contamination due à un puissant virus.

Ils sont tous dans le champ, les pauvres. Voyez-vous, une bibitte très féroce figurait aussi parmi les voyageurs de ce vol de la frayeur. Le sarcophage de cette créature dangereuse, bardé d'inscriptions mystérieuses, est retrouvé dans la soute du jet. Puis, ta-dam!, quatre des passagers présumément décédés se réveillent avec la mine pas mal pâlotte. Coucou, les amis!

The Strain, coproduit par Carlton Cuse (Lost) et Guillermo del Toro, qui a aussi réalisé quelques épisodes, emprunte à plusieurs classiques du genre comme les films Alien, Contagion, Body Snatchers et même Dracula. Si vous êtes un brin nerd et que vous aimez un peu la série B, vous adorerez The Strain.

Vous y rencontrerez aussi un chasseur de vampires ayant survécu aux camps de concentration, un milliardaire excentrique prêt à tout pour obtenir la jeunesse éternelle de même que des vers suceurs d'hémoglobine. Comment ne pas flancher? Bonus: la petite soeur de l'actrice québécoise Sophie Nélisse, la jeune Isabelle, y tient un rôle important et plutôt terrifiant.

The Knick, qui a démarré la semaine dernière sur HBO Canada (les vendredis à 23 h), se prend un peu plus au sérieux. On y suit un chirurgien très particulier, le DJohn Thackery, joué par l'excellent acteur Clive Owen, qui pratique à l'hôpital Knickerbocker de Manhattan. Comme cette histoire décolle en 1900, vous vous doutez que les techniques médicales demeurent rudimentaires. Dans le premier épisode, il y a une scène de césarienne extrême à peine tolérable. Si vous aviez mal au coeur pendant Trauma, The Knick n'est vraiment pas pour vous.

C'est une série très crue et hyperréaliste. Les plaies y suintent abondamment. Les drains se remplissent d'excréments. À l'hôpital Knickerbocker, les patients sortent d'ambulances tirées par des chevaux. Il n'y a pas encore d'électricité. Les aspirateurs à liquide corporel fonctionnement à la moulinette. Et le sang des malades est récupéré dans des bocaux en verre.

La reconstitution historique de The Knick est fabuleuse. On se sent à la fois dans Deadwood, Gangs of New York, Mad Men et même Downton Abbey, même si les époques et les lieux ne concordent pas nécessairement. C'est magnifique.

Et que dire du personnage principal, le fameux Dr Thackery? C'est un être arrogant, raciste, mais brillant, qui réussit tant bien que mal à cacher toutes les injections de cocaïne qu'il se donne pour fonctionner au meilleur de sa forme. Comme quoi les chirurgiens ont toujours été tourmentés. Bien avant les Drs Meilleur, Roche et Légaré.

JE LÉVITE

Avec L'invention de nos vies de Karine Tuil


Un magnifique roman, écrit avec une plume nerveuse, sur le mensonge, l'ambition et les rapports de classe. Samir (le musulman) quitte Paris et s'installe à New York où il vampirise l'histoire personnelle de son meilleur ami Samuel (le juif) pour accéder aux hautes sphères de la bourgeoisie. La suite, vous la devinez. Ajoutez au récit la pulpeuse Nina, désirée autant par Samir que Samuel, et vous obtenez un récit tragique et essoufflant.

JE L'ÉVITE

La chanson de la pub de Metro


C'était très (filet?) mignon au départ, cette recette du bonheur estival. «C'est les fraises du Québec, qu'on a tout le tour du bec.» «C'est un pique-nique au parc, c'est les burgers de Marc.» Après trois mois de répétition, c'est carrément devenu un ver d'oreille. On a presque hâte à l'automne pour ne plus entendre qu'une «tranche d'emmental, ça fait voir des étoiles». Presque.