Pourrions-nous voir prochainement le gigantesque mur d'écrans de la télé-crochet Rising Star (L'étoile montante) se lever sur les ondes de V?

C'est le bruit qui galope présentement dans notre merveilleux monde du showbiz. Une rumeur difficilement vérifiable, car V ne confirme ni n'infirme cette information, glissant simplement «avoir l'oeil ouvert afin de faire l'acquisition de nouveaux formats qui pourraient être intéressants pour nos téléspectateurs». Une parfaite réponse de politicien qui irriterait certainement un procureur exaspéré de la commission Charbonneau.

En même temps, le budget commandé par une téléréalité tonitruante comme Rising Star ne semble pas dans les moyens financiers - plutôt limités - d'une station comme V. Cette émission de variétés à grand déploiement, adaptée d'un concept israélien, a décollé dimanche soir sur les ondes de la chaîne américaine ABC dans une orgie de lumières clignotantes, de plasmas immenses et de gadgets du futur. Comme si American Idol avait explosé dans un Best Buy.

Rising Star ressemble beaucoup à La voix, mais en version turbopropulsée par les réseaux sociaux. Plantés derrière un énorme mur d'écrans qui les isole complètement du public dans la salle, les candidats disposent de 90 secondes pour conquérir le coeur des téléspectateurs. À partir d'une application pour tablette ou d'un téléphone intelligent, les gens à la maison (comme vous et moi) votent tout simplement par oui ou par non. Quand un concurrent franchit la barre des 70% de «oui», le mur se lève avec un effet dramatique à la clé. En dessous de 70%, la personne rentre à la maison Gros-Jean comme devant.

Comme à American Idol ou The Voice, Rising Star a embauché des experts pour critiquer les performances: la star du country Brad Paisley, la chanteuse pop Kesha et le rappeur Ludacris. Leur vote à eux compte pour 7%.

La première diffusion de Rising Star dimanche n'a pas été à la hauteur des attentes. Le maître de cérémonie Josh Groban, maladroit et terrifié par la mécanique du grand jeu, s'enfargeait souvent et transmettait sa nervosité aux participants, déjà assez stressés par la compétition, merci.

Message aux producteurs: il existe de vrais animateurs de métier dont c'est le travail de chauffer des plateaux télé de cette envergure. Embauchez-les. Et arrêtez de piger systématiquement dans le bassin des humoristes et des chanteurs pour pourvoir à ces postes, s'il vous plaît.

La chimie entre les trois experts musiciens de Rising Star est inexistante, malheureusement. Brad Paisley semble avoir gobé un anxiolytique de trop et la monotone - et monocorde - Kesha a l'air morte en dedans. Il n'y a que Ludacris qui donne un bon spectacle et des commentaires qui durent plus de trois secondes.

ABC n'a pas fracassé de records d'écoute avec Rising Star, loin de là. Ce format, qui sort de la même usine que la palpitante série Homeland, fonctionne pourtant partout dans le monde. En France, m6 proposera sa propre version à la rentrée.

Les concours de chant fouettés à la sauce téléréelle traversent présentement une période difficile aux États-Unis. The X Factor de Fox a été débranché. The Voice de NBC n'a toujours pas produit, en six saisons, de popstar capable d'escalader le palmarès Billboard. Même American Idol en arrache et n'arrive plus à catapulter au sommet des artistes du calibre de Kelly Clarkson ou Carrie Underwood.

Chez nous, il sort encore du talent intéressant de La voix comme Jérôme Couture ou Valérie Carpentier. Faudra voir maintenant comment Yoan Garneau se débrouillera sur les radios commerciales. Son premier extrait, T'aimer trop, plutôt terne, n'a pas tellement cassé la baraque.

Jean-François Pouliot réalisera Les Bougon

Le film basé sur la comédie décapante Les Bougon a changé de réalisateur, ai-je appris hier. C'est Jean-François Pouliot (La grande séduction) qui s'installera derrière la caméra pour le retour de Tita, Paul, Junior et Dolorès au cinéma. Alain DesRochers, qui a lancé la série télé en 2004, ne figure plus dans les plans, et la raison de son retrait n'a pas été révélée hier.

Jean-François Pouliot met tout de suite les cinéphiles en garde: les textes pondus par François Avard, Louis Morissette et Jean-François Mercier sont hyper salés. «C'est de l'humour très corsé. C'est toute une claque sur la gueule des politiciens et de la politique. C'est très sévère et, à mon avis, fort juste. Le scénario est bien écrit, bien bâti», souligne Jean-François Pouliot.

Selon lui, la transition des Bougon du petit vers le grand écran s'effectuera en douceur, car la série empruntait déjà beaucoup au cinéma, il y a 10 ans. «Il va cependant falloir ouvrir leur univers et les faire sortir à l'extérieur de leur maison», précise Jean-François Pouliot.

Téléfilm Canada et la SODEC se pencheront sur le scénario des Bougon cet automne. Si ce film produit par Fabienne Larouche obtient son financement des institutions, le tournage démarrerait à l'été 2015.

Pour joindre notre chroniqueur: hdumas@lapresse.ca