Voilà le genre de télésérie prenante qui ne risque pas de vous faire bondir de votre siège avant l'apparition du générique de fin, contrairement à ce qui s'est produit lundi soir à Dans l'oeil du dragon.

Avez-vous visionné ce dernier épisode? Exaspérés par des négociations qui s'embourbaient avec un fabricant de figurines à tête dodelinante, Alexandre Taillefer et Serge Beauchemin ont tout simplement quitté le plateau de l'émission avant sa conclusion. Ciao, bye. Même la très patiente Danièle Henkel s'apprêtait à fermer les livres (comptables) tellement les échanges avec le créateur David Garneau s'alourdissaient devant 867 000 téléspectateurs. Du jamais vu pendant cette téléréalité.

Les deux Dragons, qui ont eu entièrement raison de larguer cet entrepreneur de Chicoutimi à l'énergie bizarre, n'auraient cependant jamais fait cet affront à Ray Donovan, l'homme qui règle à peu près tous les problèmes des stars de Hollywood. Vidéo gênante de sexe avec un transsexuel ou pute morte d'une surdose dans le lit d'un sportif millionnaire, Ray s'assure que les médias, dont TMZ, ne salissent pas la réputation de ses riches clients.

Production-vedette de la chaîne Showtime (Homeland, Nurse Jackie), la série Ray Donovan, du nom de son antihéros principal, incorpore des éléments puisés dans des séries comme Entourage, Les Soprano et Scandal. La version électronique s'achète sur iTunes, le coffret DVD sort le 10 juin et Super Écran offrira la version française à partir du 24 juin.

Le premier contact avec ce Ray Donovan, incarné par Liev Schreiber (Scream), ne provoque pas de coup de foudre immédiat, je vous préviens tout de suite. Ray parle peu, sourit rarement et marmonne toutes ses répliques avec un gros accent de Boston. Un type peu aimable, stoïque, limite grosse brute.

Faut dire que le boulot de Ray ne lui permet pas d'adoucir son image. Comme Olivia Pope (intense Kerry Washington) dans le délicieux feuilleton Scandal ou Eli Gold (Alan Cumming) dans Une femme exemplaire, Ray Donovan travaille comme «fixeur» pour une prestigieuse firme d'avocats: on le contacte quand une situation dérape, quand il faut briser des os ou forcer quelqu'un à cracher le morceau.

Les comparaisons avec Les Soprano sautent aux yeux dans les premières minutes de cette production de grande qualité. D'abord, la femme de Ray, Abby Donovan, qui ressemble beaucoup à l'extraordinaire Carmela Soprano (Edie Falco), ferme aussi les yeux sur le métier de son mari, car il lui permet de vivre confortablement et de payer l'école privée à ses deux ados. Comme Carmela Soprano, avec qui elle partage une facette de sa personnalité plus vulgaire et rugueuse, Abby s'emmerde royalement dans son immense McManoir doré d'une banlieue cossue de Los Angeles.

Tony Soprano (James Gandolfini) et Ray Donovan pourraient facilement passer pour des cousins. Le premier a été élevé très modestement et le deuxième a grandi dans un quartier chaud de la partie sud de Boston. La soeur de Ray s'est suicidée et ses deux frères en arrachent: l'un souffre de la maladie de Parkinson, l'autre a été agressé à répétition par un curé. C'est cependant le père Donovan, le vieux Mickey (excellent Jon Voight), qui vole la vedette à ses fils. C'est un homme à femmes, amateur de combines louches et fortement porté sur la bouteille et la cocaïne. Jon Voight l'incarne brillamment.

Dans le premier épisode de Ray Donovan, le patriarche Mickey sort de prison et saute dans le premier avion pour rejoindre ses trois gars, qui ont tous décampé à Los Angeles. Rapidement, on comprend que Ray Donovan, rattrapé par son passé qu'il fuyait, a joué un rôle clé dans l'incarcération de son père. Mais qui est au courant de ses manigances? À vous de le découvrir.

Lentement, cette série nous attrape dans ses filets et nous garde prisonnier. C'est loin d'être parfait, mais on y détecte beaucoup de potentiel, notamment dans toutes les intrigues qui unissent les membres du clan Donovan.

Scandal mise à fond la caisse sur les nombreux revirements du récit pour nous tenir en haleine. Et cela fonctionne à merveille. Ray Donovan s'attarde davantage aux tourments et blessures de ses protagonistes. En fait, Ray Donovan serait un cas parfait pour la géniale Olivia Pope de Scandal. Ou pour le psy d'En thérapie. Son cas est joliment complexe.

Le pouvoir du hockey

Vous doutiez encore du pouvoir infini du Canadien de Montréal en séries éliminatoires? Voici quelques chiffres qui témoignent de la montée en puissance de RDS, gracieuseté du CH. Dans la semaine du 12 mai, la chaîne spécialisée de Bell Média s'est hissée au deuxième rang des chaînes les plus regardées du Québec, toutes catégories confondues, avec des parts de marché estimées à 13,9%. RDS ne grimpe jamais aussi haut pendant le calendrier «régulier».

Seule TVA devance la station sportive avec 19,5% de l'écoute totale. RDS surpasse même Radio-Canada (10%) et V (7%).

Les patrons de TVA Sports doivent avoir vraiment hâte à la prochaine saison des Glorieux pour profiter de cette manne.