Il faut un peu mettre son cerveau à off pour apprécier la nouvelle comédie romantique Toi & moi, que Radio-Canada lance le jeudi 8 mai à 19h30, dans la case horaire d'Infoman.

Parce que l'humour y est bon enfant, léger, assez prévisible et très physique. Burlesque, je dirais. Des personnages tombent dans les pommes ou vomissent dans la cuvette, une robe de mariée se déchire au mauvais moment, vous comprenez le topo. On frôle parfois le théâtre d'été, mais enrobé dans une jolie facture à la Bridget Jones, une des influences du réalisateur Martin Cadotte (Tranches de vie, Motel Monstre).

Mais est-ce que c'est bon? Je dirais oui et non. Oui, parce que les comédiens s'en tirent tous très bien, particulièrement le couple au coeur des intrigues, campé par l'attachante femme cougar (Anick Lemay) et son sympathique jeune époux (Jean-Philippe Perras). Et non, parce que le ton de l'émission valse difficilement entre les moments très touchants et ceux relevant de l'école de Gilles Latulippe. Ça détonne à l'écran, le décalage nous saute aux yeux.

L'histoire de ce couple atypique regorge pourtant de potentiel pour une bonne comédie sans prétention. Elle, Beth Olyphant (Anick Lemay), a 42 ans, un divorce au compteur, deux ados de 14 et 16 ans, ainsi qu'une belle carrière de prof de français pour des politiciens influents à Ottawa. Lui, Sébastien Forget (Jean-Philippe Perras), a 25 ans, peu de famille et travaille comme paysagiste. Elle est franco-ontarienne et lui, Québécois. Ils se marient après quelques mois de fréquentation seulement. Coup de foudre total.

Le premier épisode, parfaitement rythmé, plonge directement le téléspectateur dans les noces de Beth et Sébastien - et non Belle et Sébastien, excusez-la - , ce qui permet de présenter tous les personnages de façon rapide et efficace. La mère de Beth, Nadine (Pierrette Robitaille), désapprouve cette union et multiplie les remarques acides à ce sujet. Même chose pour la soeur chipie de Beth, Geneviève (Marie-Hélène Thibault): elle est 100% convaincue que ce mariage s'effondrera.

L'ex-mari de Beth, Rodrigue (Emmanuel Bilodeau), amène beaucoup de scènes de slapstick pas toujours très réussies. C'est très gros et appuyé, tout ça. Rod, un perdant de première qui habite dans un appartement bordélique, traite le nouveau conjoint de Beth de «maudit séparatiste» ou de «FLQ de paysagiste», comme si nous étions en pleine crise d'Octobre. Pire encore: Rod prend une cuite et met la bague au doigt à une pure inconnue qui se révèle être une caporale de l'armée canadienne très autoritaire. Ça ne colle pas du tout au récit.

Le deuxième épisode est moins bien réussi que le premier. Beth et Sébastien profitent de leur lune de miel à Montebello et se butent aux préjugés par rapport à leur différence d'âge. Insérez ici un gag: non, ce n'est pas mon fils, non, c'est mon neveu, non, c'est mon amoureux.

Le troisième épisode replace les choses en introduisant le Dr Christian Lennox (Bruce Dinsmore), une ancienne fréquentation de Beth. Mention spéciale aux deux ados de Beth, joués par Marie-Ève Beauregard et Guillaume Saindon, qui sont très bons. Excellents, même. Par contre, le personnage de ministre anglophone qui parle français comme dans un sketch de RBO est ridicule.

Radio-Canada insiste sur le caractère feel-good de Toi & moi, ce qui n'est pas faux. On y sourit à plusieurs reprises. Le truc qui accroche, c'est que pendant une minute, on se croirait dans Quatre mariages et un enterrement, alors que dans le plan suivant, pouf, on atterrit dans The Hangover. La comédie romantique est un genre difficile à maîtriser, surtout au Québec, où les films Nez rouge et French kiss n'ont pas été très marquants.

Les 10 épisodes de Toi & moi ont été tournés à Ottawa, ce qui nous change des décors filmés de Montréal. Margaret McBrearty et son conjoint Matt Holland, dont il s'agit de la première oeuvre télé majeure, signent les textes.