Grosse soirée télé pour les sorcières, hier soir. C'était l'Halloween en janvier, les amis. À La voix de TVA, la candidate Sandra Christin, 45 ans, a foulé la scène déguisée en sorcière d'inspiration médiévale. Vêtue de mauve et de noir, la chanteuse de Repentigny a même abandonné son chapeau maléfique au pied des quatre fauteuils rouges, qu'Éric Lapointe a enfilé après son départ du studio.

Tout un numéro, cette Sandra, qui arbore la même crinière frisée qu'Alannah Myles et qui «s'est médicamentée avec l'alcool» jusqu'à l'âge de 27 ans. Pour charmer Éric Lapointe, elle a entonné It Hurt So Bad de Susan Tedeschi. Choix audacieux.

Un peu plus tard dans la veillée, au gala des prix Grammy sur les ondes de CBS, Katy Perry a péniblement chanté - c'est un grand mot - Dark Horse dans un numéro de sorcière gothique piqué à la famille Adams. Il y avait aussi des éléments de la comédie musicale Cats, des flammes, des balais pour la danse-poteau et du «lipsynch» dans cette performance d'un quétaine absolu. Vite, chassons de nos têtes ces images de film d'horreur de série B. Même Madonna, vêtue comme un personnage de Poltergeist, semble s'être inspirée de cette magie noire dans le showbiz.

De retour à La voix, les espoirs les plus prometteurs ont amorcé et clôturé cette deuxième soirée d'auditions à l'aveugle, probablement la portion la plus intéressante de l'émission. À la toute fin des deux heures, la globe-trotteuse montréalaise G'nee, 34 ans, a brillamment refait Halo de Beyoncé. Une chanson très difficile, qu'elle s'est réappropriée à merveille. Elle a tout pour monter encore plus haut, cette G'nee, que l'on prononce «Jinny»: le look à la Estelle, le nom de popstar, la crinière indomptable et la soul dans la voix. Marc Dupré lancera-t-il la deuxième «G'nee Army», après celle d'Eugenie Bouchard?

Le premier candidat à se lancer, Yoan Garneau, 18 ans, de Ferme-Neuve, a aussi soufflé le parterre avec sa voix grave évoquant à la fois Johnny Cash et Elvis Presley. Il a interprété Live Forever de Billy Joe Shaver, que les vrais amateurs de country connaissent bien. Yoan Garneau, qui, physiquement, pourrait faire partie de One Direction, a trouvé refuge dans l'équipe d'Isabelle Boulay, autre grande fan de country.

Ils sont très (trop?) vites sur le piton, les quatre coaches de La voix. Ils se retournent après seulement quelques secondes de chant et n'éliminent pratiquement personne. Hier, 10 des 14 participants ayant marché sur la scène ont été repêchés.

Le suspense disparaît, je trouve, quand le fauteuil pivote trop rapidement. C'est cruel pour les concurrents de les laisser mariner un peu plus longtemps, mais ça donne un meilleur spectacle. Sinon, c'est trop facile.

Ceci dit, il y a encore eu de belles surprises hier, dont le chanteur de Varekai, Mathieu Lavoie, 38 ans, qui a attaqué Why d'Annie Lennox. Bien aimé également l'élégante Rita Tabbakh, 31 ans, de Montréal, qui s'est fait connaître dans la comédie musicale Shéhérazade. Sa version de Gravity de Sara Bareilles était parfaite. C'est à Rita Tabbakh que Louis-Jean Cormier a lancé la réplique de la soirée: «Même de dos, tu brillais tellement que je cherchais mes lunettes fumées».

À Yoan Garneau, Éric Lapointe en a envoyé une très bonne aussi: «Ta voix, c'est comme un bon café le matin, c'est chaud, c'est doux et ça réveille bien.»

Dans un moment assez pic-pic, la mécanique de La voix a fait défaut. D'abord, Éric Lapointe a pulvérisé son bouton rouge pendant le Born This Way de Catherine Grenier, l'ex-chanteuse chrétienne de Québec. Puis, les deux chaises de Marc Dupré et Éric Lapointe ont bloqué au tout dernier numéro. Lapointe a même dû tourner manuellement son fauteuil pour faire face à G'nee. Mettons que ça ne faisait pas très sérieux. Heureusement, ces pépins techniques n'ont eu aucune fâcheuse conséquence.

Aux Grammys, les portions que j'ai attrapées n'ont pas toutes cassé la baraque. En super forme physique, la chanteuse P!nk - sur la pièce Try - a répété son numéro de Cirque du Soleil d'une édition précédente. Déjà vu. L'ultra talentueuse Lorde, 17 ans, avait les doigts saucés dans une sorte de goudron alors qu'elle chantait son succès Royals, ponctué de mouvements de bras à la Alanis Morissette. Très bizarre.

La réunion de Daft Punk, Stevie Wonder et Pharrell sur Get Lucky a été intéressante. Et très joli duo de Sara Bareilles et Carole King au piano. Pas besoin de costume de sorcière broche à foin pour toucher les téléspectateurs. Juste de la bonne musique.