Downton Abbey sur PBS, le hockey du Canadien sur RDS, le retour de Tout le monde en parle à Radio-Canada ou La voix à TVA... Le menu cathodique était riche et diversifié dimanche soir. Les esprits chagrins qui affirment que la télé québécoise est plate n'ont pas zappé frénétiquement pendant cette super soirée ultrachargée.

La voix a évidemment mis K.-O. tous ses opposants avec ses 2 562 000 téléspectateurs à l'écoute pendant deux heures complètes, soit pratiquement la même cote d'écoute que lors de sa première sortie, la semaine dernière. Des résultats très impressionnants et plus costauds que ceux des premiers galas de Star Académie en 2012.

Faut dire que la qualité de production de La voix est épatante. Et la machine à promotion de Québecor Média, qui fonctionne à plein régime sur toutes les plateformes imaginables (bientôt, TVA divulguera sûrement les résultats de La voix sous forme de signaux de fumée pour rejoindre les régions privées d'électricité), alimente généreusement ce phénomène.

Tout de suite après La voix, la captation du spectacle 2012 revue et corrigée a très bien fonctionné: 1 559 000 personnes ont vu ce Bye Bye produit par le Rideau Vert.

À RDS, le match entre les Devils du New Jersey et nos Glorieux a été suivi par 896 000 amateurs, tandis que le redémarrage de Tout le monde en parle a été accueilli par 981 000 fidèles du talk-show, qui a beaucoup souffert de la congestion des ondes.

Louis Morissette est toujours un invité divertissant à Tout le monde en parle: il a de la répartie, il est baveux, il est franc, il s'intéresse aux autres invités et n'esquive pas les questions délicates.

Par contre, Guy A. Lepage a bien fait de le cuisiner sur La télé sur le divan, une émission très moyenne. Louis Morissette serait le premier à se moquer de ce type de magazine s'il ne le produisait pas.

La «rockeuse» Anik Jean a obtenu ce qu'elle voulait: de la visibilité. Guy A. Lepage a fait entendre ses compositions et montré les quatre pochettes de son nouvel album, Schizophrène. Mission accomplie pour Anik Jean, donc. Il reste que son entrevue, très corsée, où elle n'a pas particulièrement bien paru, ne lui a pas permis de se refaire une virginité médiatique, à mon avis.

Entre vous et moi, les journalistes culturels qui ont paniqué ou alerté la police après avoir reçu une lettre anonyme d'Anik Jean, sur laquelle était simplement inscrit le mot «minable», n'ont pas la couenne très dure. Ils ne doivent certainement pas alimenter de compte Twitter, où la virulence des attaques dépasse largement l'emploi du mot «minable».

Si j'appelais la Sûreté du Québec toutes les fois que je reçois un message simili-haineux, autant par courriel, par lettre manuscrite ou par l'entremise des réseaux sociaux, je serais le meilleur ami du répartiteur au 911, qui m'appellerait maintenant par mon petit nom.

Les flics ont un travail pas mal plus important à faire que de s'occuper de la campagne de promotion ratée d'une chanteuse en manque d'attention: attraper des bandits. De vrais bandits.

Télé-Québec visite le Nord

Des taudis sans eau courante où s'entassent des familles nombreuses ou des enfants qui reniflent de l'essence dans des sacs de papier brun: voilà le type d'images du Nord québécois qui apparaissent régulièrement dans les médias quand il est question de ce vaste territoire au nord du 49e parallèle.

Avec sa minisérie documentaire Objectif Nord, découpée en quatre tranches d'une heure, Télé-Québec prend le pari de montrer ce coin du Québec sous un éclairage plus favorable.

Michèle Fortin, PDG de la chaîne, le précise d'emblée: non, cette série n'a pas été commandée par l'ancien gouvernement de Jean Charest pour vendre son fameux Plan Nord, loin de faire l'unanimité.

«C'est positif, mais c'est équilibré. Ça donne une idée de toute la beauté du territoire. La série a un parti pris pour le Nord, pour le faire aimer, pour le faire connaître. Mais ce n'est pas un corpo pour le Plan Nord. On en parle, de l'alcoolisme. Mais on ne s'arrête pas uniquement là-dessus», explique Michèle Fortin.

Le premier épisode, que vous verrez le lundi 18 février à 21h, suit quatre artistes du Nord, dont le très éloquent (et le plus intéressant du quatuor) Florent Vollant, qui retourne sur les lieux de sa naissance à Labrador City avant son exil à Mani-Utenam. Un moment très touchant.

À Havre-Saint-Pierre, le téléspectateur rencontre Keven Landry, 35 ans, chanteur d'origine acadienne et employé d'une mine de titane. À Kuujjuaq, on fait la connaissance d'Etua Snowball, prof au secondaire et musicien attaché à ses traditions ancestrales, qu'il transmet à sa fille. C'est d'ailleurs ce qui ressort le plus d'Objectif Nord: ce difficile équilibre à atteindre entre la modernité et le respect du passé.

Les images de cette série documentaire sont magnifiques. Le réalisateur Robert Cornellier (Black Wave: The Legacy of the Exxon Valdez) a fait du très bon boulot. Objectif Nord est un projet multiplateforme qui comprend aussi un site web (objectifnord.telequebec.tv), un beau livre signé par Serge Bouchard et Jean Désy, ainsi qu'une application mobile.