Il faut l'admettre, le premier épisode des Bobos était moins réussi. Le deuxième? Super drôle. Le troisième se situait entre les deux. C'est un peu ça le problème de la nouvelle comédie de Marc Labrèche et Anne Dorval à Télé-Québec: le ton reste à ajuster et à polir. Rien d'aussi catastrophique que chez Adam & Ève, où le naufrage est irrécupérable, malheureusement.

Je les aime beaucoup, ces Bobos, ils me font mourir de rire et je voudrais que vous aimiez tout autant leur extrême superficialité enrobée de cette douce imbécillité qui les définit si bien. Mais à vous lire, autant sur Twitter que par courriel, force est d'admettre que Sandrine et Étienne Maxou, comme un éditorial de Sophie Durocher, divisent l'opinion des téléspectateurs.

D'abord, en trois semaines, les cotes d'écoute du vendredi soir ont dégringolé de 444 000 à 233 000 téléspectateurs. Par contre, ces chiffres BBM n'incluent pas les visionnements sur le web ni les reprises programmées ailleurs dans la grille de Télé-Québec. C'est donc difficile de déterminer précisément combien de gens suivent assidûment cette série.

J'aime Les bobos, mais pas aveuglément. Vos récriminations, je peux les comprendre: ça sonne faux, c'est surjoué, le toupet de Marc Labrèche déconcentre, c'est un ramassis de clichés dépassés sur la clique du Plateau, c'est trop caricatural, insignifiant, peu inspiré, autocomplaisant, alouette.

Oui, l'émission contient plusieurs blagues d'initiés et l'univers des Bobos devient rapidement autoréférentiel. Bref, ce sont des bobos, les vrais, qui trippent sur Les bobos, les faux. C'était un peu prévisible. Pas certain que les gags de Plateau ou d'épicerie Milano résonnent très fort à Baie-Comeau ou à Chibougamau.

Qu'une comédie comme Les bobos soit campée dans la réalité de 2012 me plaît énormément. Quand on regarde L'auberge du chien noir ou Yamaska, par exemple, on a l'impression que les personnages vivent dans un monde parallèle au nôtre, un monde expurgé de toute référence culturelle ou politique. Étienne et Sandrine nomment des gens connus et parlent de phénomènes culturels populaires, ce qui donne une couleur très actuelle aux dialogues.

Le plus gros défaut des Bobos, c'est que la plupart des bonnes idées s'étirent inutilement. Par exemple, les touristes perdus sur le Plateau Mont-Royal, c'était drôle une fois, deux peut-être, mais pas quatre. Même chose pour Étienne Maxou qui change 14 fois de place au restaurant. La répétition devient lassante. Il semble que ce soit un tic d'écriture.

Autre irritant: pas besoin de revenir aussi souvent sur la même idée, découpée et dispersée dans le même épisode, comme pour la prise de photos de passeport à la pharmacie ou la performance de DJ à la taverne branchée, qui s'est prolongée sans valeur ajoutée.

Certaines vignettes gagneraient également à être raccourcies. Celle d'Étienne au marché Atwater aurait été deux fois plus punchée si elle avait été deux fois moins longue. Parfois, c'est trop verbeux, comme dans les conversations téléphoniques étourdissantes avec Xavier Dolan.

Sauf que pour un segment à rajuster, il y en a toujours des délicieux comme Rufus Wainwright chez Jean Coutu, Denys Arcand en tournage pour La femme qui pleure ou la saga féministe de la mousse du vulvèccino. Voilà ce qui me fait rester. Ça et le jeu d'Anne Dorval, qui incarne une Sandrine à la fois craquante et complètement chiante.

Temps frisquet, gros chiffres

Il fait noir plus tôt et le mercure descend. Résultat? Les cotes d'écoute montent. Lundi soir, TVA a obtenu trois émissions millionnaires, soit Occupation double (1 335 000), Yamaska (1 282 000) et Toute la vérité (1 259 000). Du côté de Radio-Canada, Les Parent ont attiré 1 055 000 téléspectateurs, L'auberge du chien noir en a eu 833 000 et La galère, 735 000. Jeudi dernier, On connaît la chanson à TVA (1 589 000) a complètement écrabouillé Un air de famille à Radio-Canada (683 000).

Parenthèse sur Occupation double, pour conclure en beauté (plastique). Avez-vous remarqué à quel point Alexandre-le-sourire-à-5000$ s'exprime comme Louis Morissette? Mêmes intonations, même timbre de voix. Fermez les yeux et c'est à s'y méprendre. Par contre, ça m'étonnerait que Louis Morissette parle de «la grosse opéra que tu vois dans toutes les films» à propos de son voyage à Sydney.