C'est en regardant Annie Pelletier se jeter à l'eau à Atlanta que Roseline Filion a décidé de plonger elle aussi: un jour, elle grimperait sur un podium olympique. Et la Lavalloise de 25 ans l'a fait cette semaine avec sa meilleure amie Meaghan Benfeito en suspendant une médaille de bronze à son cou en plongeon synchronisé.

Heureusement que ses parents, en plein été 1996, ne l'ont pas houspillée: heille Roseline, va donc jouer dehors au lieu de te ploguer sur les Jeux à la télé. Allez, woush, woush!

Les Jeux au petit écran, c'est un puissant aimant qui nous colle au plasma, beau temps, mauvais temps. C'est la beauté du triomphe sportif et la cruauté des échecs cuisants. En direct, sans filtre. Aucune oeuvre de fiction ne véhicule autant d'émotions que les images que nous transmettent RDS et V depuis une semaine déjà.

Prenez l'histoire du judoka de Beauport Antoine Valois-Fortier. Après le combat lui ayant assuré le bronze, il a éclaté en sanglots en replaçant son judogi maculé du sang de son adversaire. À l'extérieur du tatami, son entraîneur Nicolas Gill criait de joie. Tout était là: quatre ans d'efforts encapsulés en quelques secondes. Magnifique.

Depuis le début de ces Jeux de Londres, je me gave sans retenue de toutes les épreuves sportives imaginables. Malgré tout, j'ai toujours l'impression de ne jamais syntoniser la bonne chaîne, au bon moment. Ça se passe à V, non, c'est sur RDS, non change pour NBC, non, mets ça à CTV, RDS2 ou TSN.

Peu importe, c'est maintenant l'heure de décerner médailles d'honneur et de déshonneur aux artisans de RDS qui nous ont usiné des centaines d'heures de télé olympique.

D'abord, au plongeon, Annie Pelletier est toujours aussi claire et concise dans ses interventions. Juste assez émotive et pas trop complaisante envers les athlètes québécois, Annie relève les moindres détails qui ont échappé à nos yeux de néophytes. Radio-Canada la repêchera sûrement pour les Jeux de Rio en 2016.

La paire que forment Daniel Aucoin et Maxime Boilard en aviron est exceptionnelle. Vraiment, ces deux-là nous font vivre les compétitions comme si nous étions au bassin et ils réussissent parfaitement à communiquer leur passion pour une épreuve méconnue du grand public.

J'aime beaucoup la précision des mots et l'enthousiasme contagieux de Bernard Petiot en gymnastique. Grâce à lui, notre vocabulaire s'est enrichi d'expressions fleuries comme flic flac, rondade, tkatchev, kovacs, appui tendu renversé, salto et double groupé.

Bernard Petiot ne bafouille jamais, ne se trompe pas dans les noms et nous fait oublier les cris aigus poussés par sa collègue Claudine Douville.

En tennis, Hélène Pelletier et Yvan Ponton accomplissent toujours de l'excellent boulot. Ces deux pros servent des as régulièrement et cela fait longtemps que je voulais l'écrire. C'est fait.

Au judo, la présence rassurante et solide de Michel Lacroix compense pour les lacunes de son acolyte Pascal Esparbès. Ce dernier connaît son sport, c'est évident. Le problème, c'est qu'il peine à le vulgariser et à mieux le faire apprécier aux non-initiés. Du genre: houlà, il vient de perdre par ippon. D'accord, mais c'est quoi un ippon?

À la piscine, je m'ennuie beaucoup de Jean-Marie De Koninck, même si j'aime bien Denis Casavant et Yannick Lupien. Du côté des chefs d'antenne, Claude Mailhot n'épate pas le matin avec ses blagues trop souvent de type mononcle. Alain Crête, qui le relaie à midi, est impeccable. Le soir, Jean Pagé sur V a un peu l'air de s'emmerder, contrairement à Chantal Machabée sur RDS, qui gère son plateau avec bonne humeur et efficacité.

Chez les Américains, NBC a essuyé une salve de critiques pour avoir présenté en différé plusieurs épreuves-reines des Jeux. Un gros fiasco de relations publiques.

Reste que de tous les réseaux accessibles ici, NBC est celui qui emballe le mieux les histoires personnelles de ses athlètes. Leni Riefenstahl n'aurait pas fait mieux. Sérieusement, on se croirait à Hollywood avec toutes ses rivalités de haut niveau dont celle entre Michael Phelps et Ryan Lochte.

Oui, c'est extra gratiné, ultra exagéré, on s'entend. Mais ça marche. On se met à se passionner, malgré nous, pour le parcours d'une Missy Franklin, 17 ans, alias Missy la missile, qui mesure 6 pieds 1 et qui chausse du 13.

On pleure avec la mère de Gabby Douglas, 16 ans, la minuscule gymnaste américaine qui bondit comme une gazelle.

C'est ce qui manque présentement à RDS: un peu de crémage olympique. Pas trop. Juste une petite touche pour agrémenter le spectacle déjà formidable que sont ces olympiades d'été.

Avec les pubs olympiques de Rona

Voilà une très belle façon pour un commanditaire de s'afficher dans un événement international comme celui de Londres. Que ce soit avec la course des scies rondes ou la magnifique vidéo du relais pancanadien du tournevis, Rona monte sur la plus haute marche du podium publicitaire.

La pub sur la guerre de 1812

Cher gouvernement du Canada, pensez-vous vraiment fouetter la fibre patriotique des téléspectateurs en leur montrant des mauvaises reconstitutions historiques de la guerre américano-britannique de 1812? À la place, injectez donc plus d'argent dans le sport, question de faire décorer encore plus d'athlètes aux prochains Jeux. Là, la fibre patriotique vibrerait pas mal plus, merci.