C'était pratiquement impossible de surpasser la beauté et la grâce de la cérémonie d'ouverture de Pékin en 2008, orchestrée minutieusement par le cinéaste chinois Zhang Yimou (Le secret des poignards volants). Un spectacle flamboyant et poétique qui a coûté plus de 100 millions, soit la facture la plus salée de toute l'histoire des Jeux olympiques.

Pour lancer les Jeux de Londres hier soir, le réalisateur Danny Boyle (Trainspotting, Slumdog Millionaire) s'est tout de même bien débrouillé, en rythmant sa cérémonie avec la crème de la crème du catalogue musical britannique: les Rolling Stones, les Beatles, David Bowie, Queen, Muse, Eurythmics, Prodigy, Blur, Amy Winehouse et j'en passe. Vraiment, les Brits fabriquent les meilleures chansons, point à la ligne.

L'humour a aussi très bien fonctionné. Lors de l'hommage au cinéma britannique, sur l'air des Chariots de feu, le comédien Rowan Atkinson, alias Mr. Bean, a été délicieusement comique. Chapeau.

La vidéo où James Bond (incarné par Daniel Craig) escortait la reine Élisabeth II au Stade olympique en hélicoptère a aussi visé juste. Par contre, quelqu'un aurait pu avertir Sa Majesté qu'il n'était pas interdit de sourire pendant les festivités. La souveraine affichait un spectaculaire air de boeuf chaque fois que la caméra se braquait sur elle.

Même l'hymne national, chanté par une chorale d'enfants sourds vêtus de pyjamas, n'a pas réussi à dérider la reine. C'est à ce moment que l'Union Jack a été hissé.

En comparaison avec 2010, ça faisait du bien d'entendre parler français - et un français impeccable - après le fiasco linguistique expérimenté à Vancouver. Mais passons.

Un des plus beaux moments de ce spectacle de une heure vingt, en excluant le défilé des athlètes, s'est produit à la fin quand la chanteuse écossaise Emeli Sandé a interprété la pièce que jouaient les musiciens lors du naufrage du Titanic. Un silence émouvant a alors enveloppé le stade de Stratford. Magnifique.

Par contre, le tout premier tableau humain de la cérémonie n'annonçait rien de bien exceptionnel avec un hommage broche à foin à l'Angleterre rurale, agriculteurs pauvres, moutons cotonneux et vallons verdoyants inclus.

Et que dire de l'apparition de l'acteur Kenneth Branagh, qui récitait du Shakespeare déguisé en Isambard Kingdom Brunel, l'ingénieur de Portsmouth qui a révolutionné les transports publics? Un brin étrange pour les non-initiés.

Cette arrivée à l'industrialisation du pays a relevé le niveau. Puis, sans avertissement, RDS et V ont lancé une séquence de publicités très mal insérée. Des cheminées ont ensuite poussé dans le Stade olympique. Cette portion a débouché sur la métallurgie et la confection des cinq anneaux dorés. Une symbolique très forte, très bien amenée.

Au départ, je n'étais pas certain du choix de Tubular Bells, de Mike Oldfield, qui restera toujours associée au film d'horreur L'exorciste, pour démarrer la séquence onirique avec les enfants. Finalement, la pièce accompagnait parfaitement les marionnettes de Cruella et Voldemort.

Autre truc désagréable: l'abus de statuts Facebook et de textos lorsque le metteur en scène Danny Boyle fouillait dans les archives musicales de son pays. Pas nécessaire.

En règle générale, tous les petits films insérés entre les tableaux, dont celui d'ouverture, ont été très efficaces. On y décelait la touche de Boyle à tout coup. Et bon flash que de transformer David Beckham en conducteur de bateau.

À la description, Pierre Houde et le grand Richard Garneau ont fait du bon boulot. Le manque d'expérience médiatique d'Alexandre Bilodeau, médaillé d'or en bosses à Vancouver, était cependant agaçant. À Vancouver, Alexandre Despatie s'en était mieux tiré.

Et on va l'écrire une fois pour toutes, c'est sûrement extrêmement gratifiant pour les athlètes, mais le défilé des délégations des 204 pays, c'est long en titi à regarder pour les téléspectateurs.

Les Arctic Monkeys ont conclu le défilé des sportifs avec I Bet You Look Good on the Dancefloor et une reprise de Come Together. Paul McCartney a fermé le bal avec Hey Jude. Comme quoi, c'est la musique qui a été reine hier soir - et non Élisabeth II.