Lola Corbeil, nouvellement quadragénaire, dirige le magazine féminin Héra, où ses amies cégépiennes du temps de la pension de Louise, Hélène et Chloé, bossent également.

Elle et Pete Béliveau, les Roméo et Juliette en veste de jeans, viennent de se séparer pour de bon, après 16 ans de concubinage marqués par des infidélités à répétition du photographe originaire de Maniwaki. Il y aura donc eu une «greluche» de trop, «une blonde russe à gros tétons», dans leur vie de couple.

Pete et Lola se partagent la garde de leurs deux enfants, Loup, 21 ans, et la rebelle Savannah, 16 ans, que des policiers viennent de coffrer pour avoir exploité un bar clandestin.

Alertés en pleine nuit, Pete et Lola poireautent au poste de police en attendant que les flics leur remettent Savannah et ses trois copines, dont Anaïs (la fille de Chloé) et Coralie (la fille de Geneviève et Marc-André).

Voilà les grandes lignes du roman Chambres en ville: la suite, qu'a fait paraître Sylvie Payette mardi, 15 ans après l'éclipse de Pete et Lola des ondes de TVA.

Au départ, ce bouquin - édité par Claude Charron du magazine La semaine - avait d'abord été conçu pour être Chambres en ville: Les enfants rois, la suite télévisée du populaire téléroman des années 90. Après plusieurs retouches, l'idée a finalement avorté en 2008 et Sylvie Payette ne comprend toujours pas pourquoi.

«C'est un mystère pour moi. C'était très bien parti. D'autres projets ont dû passer avant le mien, je ne sais pas. Ça m'a déçue. Le momentum est là, presque tous les comédiens étaient disponibles», se souvient la scénariste, fille de la célèbre Lise Payette.

En décembre 2009, la parution du premier coffret DVD a fouetté de nouveau la fibre nostalgique des fans de cette émission, diffusée entre 1989 et 1996. La quatrième saison sort d'ailleurs le 29 novembre et les années cinq, six et sept paraîtront en 2012.

Ces boîtiers aux couleurs et au design de l'époque ont d'ailleurs bien failli ne jamais voir le jour. Un bon matin de 2001, le téléphone a sonné chez Sylvie Payette. Bonjour, si vous ne venez pas chercher les bandes-maîtresses des 188 épisodes de Chambres en ville avant l'heure du lunch, ciao, on les jette à la poubelle. Raison: on fait le ménage.

C'est le mari de Mme Payette qui est allé cueillir en catastrophe les fragiles bobines, qu'un concierge avait bêtement déposées sur un quai de déchargement de l'immeuble de TVA. «Au moins, ils nous ont appelés», se console Sylvie Payette, qui paie pour entreposer chez Technicolor les rubans afin de les protéger des assauts du temps.

Collaboratrice aux textes des Dames de coeur et de La bonne aventure, Sylvie Payette consomme beaucoup de télévision: La galère, Yamaska, True Blood et Star Académie. «Je regarde Star Académie. C'est une rampe de lancement comme l'a été Chambres en ville», indique-t-elle.

Sylvie Payette parle toujours de Chambres en ville comme d'un téléroman sans prétention, bricolé avec très peu de moyens. L'ouvrage qui en découle a été rédigé dans cet esprit bon enfant, car l'auteure voulait ciseler «un livre sympathique et léger, qui se lit comme si on regardait une série télé et où l'on entend les personnages parler».

Trois narrateurs se succèdent donc au fil des 238 pages: Pete, Lola et Savannah, qui se confient, toujours en s'exprimant au «je», à une thérapeute. Et ça s'éparpille dans toutes les directions, du voyage initiatique de Lola en Polynésie française, sa rencontre avec une transsexuelle, jusqu'à son passage à Tout le monde en parle après la publication d'un numéro osé de son magazine.

Dans ses confidences, Pete lâche des shit et des come on à toutes les pages. Et Savannah ponctue ses phrases «d'expressions de jeunes» comme «tellement plus chill» et de «genre trop hot».

Entendre ce type de dialogues à la télé, ça passe. Mais le lire dans un roman, ça égratigne légèrement la rétine. Sans vouloir être méchant inutilement, je crois que Pete et Lola resteront pas mal plus intéressants en version animée que couchés sur du papier.

Je lévite

En retard, avec la troisième saison de True Blood en DVD. Cette série de vampires de HBO, classée 18 ans et plus, n'a rien à voir avec Twilight et ses ados à peine sortis de la puberté. On y croise des fées, des loups-garous nazis, des panthères-garous, des hommes qui se changent en bouledogues et même une ménade, adepte de cannibalisme, d'hypnotisme et d'orgies. Les enfants, allez faire dodo!

Je l'évite

L'album Metals de Feist. C'est le côté pop et enjoué de la chanteuse canadienne, que l'on entend sur des pièces plus vieilles comme I Feel It All, Sea Lion Woman ou Past in Present, qui m'a toujours séduit. Ce Metals mélancolique, c'est tout le contraire d'une chanson comme Mushaboom. Non pas que ça soit mauvais, au contraire. Mais je n'y entends pas la Feist que j'aime, la Feist souriante qui frappe sur des barils d'où sortent des feux d'artifice.