Bon, le 26e gala des Gémeaux d'hier soir n'a pas été le plus étincelant des dernières années ni le plus assommant. Ce fut une soirée correcte, longuette, amusante, où l'amoureux de Véro a gagné, où Véro a remercié son amoureux, où Véro a gagné hors d'ondes pour Les enfants de la télé, où Véro a chanté, où Véro a dansé et où le Bye Bye 2010 a récolté six statuettes. Honnêtement, ça faisait beaucoup de Véro au pixel carré.

Comprenons-nous bien: la talentueuse Véronique Cloutier anime toujours aussi rondement et ses tenues ont été splendides. Sauf que la fête d'hier m'a semblé hermétique et repliée sur elle-même. Comme Rosaire d'Un souper presque parfait, on se sentait parfois exclu de toute cette belle complicité. Mais, bon. C'est une impression.

Pendant les longueurs, on pense ici aux remerciements de Réal Bossé et du producteur André Provencher, une question un peu vache me turlupinait: les concepteurs ont-ils gardé leurs meilleures idées pour le Bye Bye 2011? On jase.

Pourtant, les premières minutes ont frappé fort avec la vignette en hommage à 19-2, intitulée Opération Gémeaux, truffée de gags irrévérencieux et piquants comme ceux sur les bagues de marché aux puces de Luc Langevin et les mauvais costumes du Défi des champions. Très rigolo.

Le numéro de variétés glamour qui a suivi, sur l'air d'On va s'aimer de Martine St-Clair, était visuellement réussi, et l'animatrice brillait de tous ses feux dans sa robe pailletée courte et blanche, mais le son dans nos salons s'est avéré atroce. Et pourquoi donner deux micros aux participants si une bande préenregistrée rythme toute la séquence?

Parmi les bons flashs, notons les auditions pour remplacer Paul Houde (bravo pour l'autodérision du principal intéressé) et le court métrage glauque sur les deux faire-valoir (Dany Turcotte et Antoine Bertrand) du roi et de la reine de la télé québécoise. Véronique Cloutier et Guy A. Lepage ont alors été broyés et assaisonnés de commentaires très acides.

Du côté des moments moins flamboyants, les segments chantés n'ont pas décollé, dont celui de Gilles Renaud, Guillaume Lemay-Thivierge, Dan Bigras et Élyse Marquis. La gaffe de la soirée revient à Sébastien Diaz et Bianca Gervais, qui ont oublié de nommer Annie Brocoli dans les finalistes des émissions jeunesse. Véro a bien récupéré la balle au retour de la pause, heureusement.

Trop peu de discours inspirants ont ponctué la première heure. Il a fallu attendre la victoire d'Anne-Marie Dussault qui, très émue, a dédié son prix à Robert Latimer avec beaucoup de classe et d'élégance. «J'en rêvais, de ce Gémeaux», a-t-elle confié au micro.

Au milieu de la cérémonie, Louis Morissette, qui parlait pour l'équipe du Bye Bye 2010, s'est montré vulnérable et à fleur de peau comme jamais auparavant. «J'avais l'impression de jouer ma vie», a-t-il raconté devant ses pairs. Beau moment d'émotion.

Stéphan Bureau a provoqué la seule (mini) controverse de ces trois heures de télévision en se disant parfaitement solidaire de Victor Lévy-Beaulieu, insatisfait d'avoir été honoré dans le gala d'après-midi. «On ne peut pas lui rendre hommage et le faire du bout des lèvres», a déclaré Bureau. Quelques minutes plus tard, un long montage a pourtant fait revivre l'oeuvre touffue de Victor Lévy-Beaulieu.

La configuration de la salle Maisonneuve de la Place des Arts a donné du fil à retordre à plusieurs lauréats, qui mettaient un temps fou à se rendre en avant. «On a l'impression d'arriver de Granby», a rigolé Michel d'Astous, coauteur de Yamaska avec Anne Boyer.

Au palmarès des gagnants, 19-2 a, comme prévu, écrasé tous ses adversaires et c'était totalement mérité. Bonjour la police, félicitations la police pour ces 12 Gémeaux, soit 6 de plus que le Bye Bye 2010.

C'est finalement Réal Bossé, alias le teigneux Nick Berrof, qui a eu le dessus sur son partenaire de patrouille Ben Chartier (Claude Legault). Le chevreuil de 19-2, qui a connu une dernière année très difficile, brillait par son absence hier.

Yamaska a poursuivi sa domination sur Providence, Normand d'Amour (le William Harrison de Yamaska) a de nouveau été couronné et, surprise! c'est Marie-Chantal Perron, l'attachante Annette de Destinées, qui est repartie avec la récompense ultime, se glissant devant la favorite, Élise Guilbault de Yamaska, ainsi que la grande Monique Mercure de Providence. Au micro, Marie-Chantal Perron est passée en coup de vent avec une intervention sentie et spontanée.

Belle victoire méritée d'Éric Bernier, qui s'est aussi faufilé parmi les vainqueurs en coiffant Daniel Brière des Parent. Ne reste qu'à Macha Limonchik à triompher l'an prochain - Valérie Blais ayant été honorée en 2009 - et les trois névrosés sympathiques de Tout sur moi exhiberont tous un trophée doré dans leurs lofts bien décorés.

Sans surprise, Les rescapés, qui n'a pas été la flamboyante série annoncée, a mordu la poussière. Mauvais karma a été salué pour les textes contemporains et vitaminés d'Isabelle Langlois, une des meilleures scénaristes du petit écran.

Pour l'an prochain, ramenons donc la musique pour rappeler aux gagnants sur scène que ce n'est pas nécessaire de lire des listes d'épicerie. N'est-ce pas, chers producteurs de 19-2?

Meilleure série dramatique 19-2

Meilleur téléroman: Yamaska II

Meilleure comédie: Les Parent

Meilleur premier rôle masculin : dramatique Réal Bossé (19-2)

Meilleur premier rôle féminin : dramatique Maude Guérin (Toute la vérité)

Meilleur premier rôle masculin : téléroman Normand d'Amour (Yamaska II)

Meilleur premier rôle féminin : téléroman Marie-Chantal Perron (Destinées)

Meilleur premier rôle masculin : comédie Éric Bernier (Tout sur moi)

Meilleur premier rôle féminin : comédie Anne Casabonne (La galère)

Meilleure interprétation : humour Marc Labrèche (3600 secondes d'extase)

Meilleure animation : émission ou série d'entrevues ou talk-show Stéphan Bureau (Les grandes entrevues)