C'est une ado parfaite. Celle dont tous les parents rêvent, peut-être? Pas si vite. Oui, la belle, sportive et riche Annie-Jade Tremblay (excellente Sarah-Jeanne Labrosse) a décroché la meilleure moyenne globale (96,8%) parmi ses camarades l'an dernier. Un phénomène, se félicite son entourage.

Mais voilà, sa rentrée en cinquième secondaire à l'école du Vieux-Havre inquiète ses parents et professeurs. Annie-Jade coule tous ses examens de révision, elle ment sur son horaire et sniffe même des sels de bain Ivory Wave pour geler sa jolie tête blonde. Clairement, nous n'avons pas affaire à une crise d'adolescence dite normale.

Mais que se passe-t-il donc avec Annie-Jade pour qu'elle dérape à ce point? Après le visionnement de presse des quatre premiers épisodes de 30 vies, dont le premier sera diffusé lundi à 19h, j'ai tenté de soutirer l'information à l'auteure Fabienne Larouche. Impossible de lui extraire quoi que ce soit. Il faudra attendre la huitième émission pour la grande révélation, qui nous jettera par terre, semble-t-il.

Voilà la force de cette série dramatique quotidienne aux accents cinématographiques. Fabienne Larouche nous distille juste assez d'indices tous les soirs pour que l'on s'accroche à ses énigmes très contemporaines. Après Annie-Jade, la productrice et scénariste braquera les projecteurs sur Jérémi, un élève du Vieux-Havre dont la grand-mère (Danielle Proulx) tient unbordel.

Quant à Annie-Jade, sa mère psychologue, Vivianne (Hélène Bourgeois Leclerc), la menace de retourner voir le psychiatre. Son père banquier (Patrick Goyette) blâme Vivianne pour le comportement bizarre de l'ado, qui s'est déjà produit à l'école primaire. Tout cela est franchement très intrigant.

Ceux qui ont suivi la première demi-année de 30 vies savent que Gabrielle Fortin (Marina Orsini) a claqué la porte de la polyvalente, «incapable de supporter qu'un élève se sente mal dans sa peau». Elle n'y est toujours pas retournée et n'y remettra peut-être jamais les pieds à temps plein. À la rentrée scolaire, au lieu de préparer ses cours, Gabrielle gère plutôt le restaurant aux côtés de son conjoint Pascal (Jean-Nicolas Verreault). Combien de temps résistera-t-elle à l'appel de la cloche?

Pour l'instant, Gabrielle en a plein les bras à la maison avec sa propre fille Florence, 13 ans, qui lui cache un gros secret. Au Vieux-Havre, c'est la naïve et maladroite Ariane Lesage (Nathalie Mallette) qui a repris la classe de français de Gabrielle Fortin. Cette prof essaie fort de connecter avec ses ouailles, mais ça ne clique pas. Rapidement, Ariane se mettra à dos Brigitte (Marie-France Lambert), qui a découvert que cette nouvelle prof en est à sa cinquième école en dix ans. Problème à l'horizon.

Si vous faisiez partie des 776 000 téléspectateurs fidèles de 30 vies l'hiver dernier, le début de cette deuxième saison ne vous décevra pas. La caméra de François Bouvier est nerveuse et les nombreuses scènes extérieures enrobent ce produit télé d'authenticité. «On a fait un pilote pour les 60 premiers épisodes de 30 vies. À Radio-Canada, on peut encore faire ce genre d'expérience-là. On s'ajuste. On fait du cinéma tous les jours», raconte Fabienne Larouche. Dans ses temps libres, s'il lui en reste entre Trauma 3 et les 120 épisodes de 30 vies, Fabienne Larouche produira un documentaire sur l'artiste peintre québécoise Corno, que réalisera Guy Édoin (Marécages).

Pour 30 vies, Fabienne Larouche prend peu d'avance et écrit comme une journaliste, c'est-à-dire avec un fusil sur la tempe -façon de parler. Une technique stressante, sans filet, qui lui permet de sortir le meilleur d'elle-même. C'est vrai que les meilleures chroniques sont souvent celles que l'on écrit dopé à l'adrénaline, à quelques minutes de l'heure de tombée, tandis que celles que l'on polit et peaufine soigneusement s'avèrent parfois très plates.

«Fabienne est phénoménale. Je ne connais personne d'autre qui pourrait faire ça. Dans ma vie, je n'ai jamais vu ça», note la directrice générale de la télé de Radio-Canada, Louise Lantagne.

Voilà donc ce qui fait courir Super Fab. Et elle court vite et longtemps.

Je lévite

Avec Price is Right à V. Adaptation réussie de ce jeu mythique américain avec caméra nerveuse, hystérie en studio, prix intéressants et bruit de cloche vintage. L'animateur Philippe Bond devra cependant faire attention de ne pas trop sortir de son rôle de maître de cérémonie. Ce n'est pas un show d'humour, ici. Et on ne badine pas avec le prix d'un malaxeur ou d'un ensemble de cannes à pêche!

Je l'évite

Le premier participant à Opération séduction de V. Pourquoi pensez-vous que ce Dominic de Terrebonne habite encore seul? Parce qu'il ne parle que de gros seins? Parce qu'il critique durement l'apparence physique de ses futures conquêtes sans même se regarder dans sa propre glace? Ou parce qu'il se comporte comme un adolescent attardé? Sérieusement.