Une bibliothèque en révèle beaucoup sur son propriétaire. Tiens, le dernier Marie Laberge (une baby-boomer qui prie pour que son petit-fils s'appelle Florent). Ah, la série complète des Anne Robillard (quelqu'un qui s'est sûrement déguisé en elfe des bois à l'Halloween).

Hmm, L'alchimiste de Paulo Coelho et Ensemble c'est tout d'Anna Gavalda (à peu près toutes les filles du Québec). Oh, Le journalisme pour les nuls (on fouille bien dans les livres d'Hugo Dumas, ici).

Semblerait que les émissions que nous visionnons à la semaine ou en DVD en disent tout autant sur notre personnalité que les bouquins qui s'alignent sur une vieille Billy en mélamine blanche. C'est, du moins, ce que révèlent des recherches effectuées par Mindset Media, une firme qui a analysé le comportement de 25 000 téléspectateurs américains et qui confirme que oui, notre télé nous trahit. Beaucoup plus que l'on pense.

Uniquement en scrutant ce qui passe sur notre petit écran, les gourous du marketing obtiennent des renseignements sur nos goûts, notre personnalité et même nos couleurs politiques. Par exemple, l'émission suivie par le plus grand nombre de gens dits créatifs, c'est Mad Men, selon une compilation des données de Mindset Media publiée dans le magazine Advertising Age. Les fans de l'agence Sterling Cooper sont sensibles, curieux, allergiques à l'autorité et beaucoup plus rêveurs que réalistes.

Règle générale, les émules du chic Don Draper se positionnent à gauche sur l'échiquier politique et ont des affinités avec des annonceurs comme Audi, American Express et Apple. Par contre, n'essayez pas de leur vendre un Escalade de Cadillac ou de la soupe Campbell's. Un profil qui ressemble, en généralisant un peu, à l'auditoire de Tout sur moi.

Glee, qui joue sur V les mercredis soir, attire des téléphages ouverts d'esprit, émotifs, qui ont beaucoup d'imagination et qui recherchent toutes sortes d'expériences dans leur vie quotidienne. Ils connectent plus avec des marques comme Evian et Volkswagen qu'avec Quaker ou le Silverado de Chevrolet.

Chez Family Guy, qui a sa version doublée en québécois sur Teletoon depuis la mi-octobre, l'auditoire est plus rebelle, n'aime pas les règles établies et utilise beaucoup le sarcasme pour exprimer ses opinions. Mindset Media les classes dans la catégorie des «preneurs de risques». Les amateurs de la famille Griffin conduiraient plus une Harley-Davidson, qu'une Volvo, note Advertising Age.

Cette observation-là est vraiment comique: les accros à The Office (La Job, chez nous) se croient supérieurs aux autres, exactement comme le personnage principal de l'émission. Toujours selon Mindset Media, les fidèles de The Office se voient comme des personnes extraordinaires qui aiment se vanter de leurs exploits. Starbucks, V8, Volkswagen et BMW se collent à ce type de téléphages, mais pas McDonald's, Doritos ou Dodge.

Ces récentes analyses montrent que les gens plus traditionnels, plus terre à terre, se passionnent pour des émissions comme Dancing with the Stars. Les moins créatifs, mais plus stables émotivement, raffolent des produits comme The Biggest Loser (Qui perd gagne, en français), tandis que les altruistes dévorent des émissions de cuisine chauffées par des animateurs toujours de bonne humeur comme Rachael Ray (ou Ricardo, sur Radio-Canada).

Évidemment, il faut en prendre et en laisser dans tout ça. Il existe des émissions qui ratissent tellement large comme Dr House (à TVA) ou Bones (à Séries "), qu'il est impossible de tracer un portrait robot du fan typique.

Et, bien sûr, vous pouvez être une personne hyper curieuse, accro aux excellentes émissions de TV5 ou d'ARTV, mais qui étanche sa soif de légèreté et d'évasion mentale avec Occupation double, par exemple. Une trop longue exposition à ces spécimens vous fera sans doute dire des «si j'aurais», des «quand que» ou des «ça l'a pas été facile», mais dites-vous que ça se guérit avec Des chiffres et des lettres. Consonne, voyelle, consonne.

Je lévite

Avec Sister Wives sur TLC. C'est Big Love du réseau HBO, mais en vrai. Une téléréalité qui nous invite au coeur d'une famille polygame, les Brown, et qui s'arrime autour du mari Kody, de ses quatre épouses et de leurs treize enfants. À la fois troublant, étrange et fascinant.

Je l'évite

Pépère dans Les rescapés. Au début, il faisait rire ce grincheux sympathique. Mais là, Horace Boivin est uniquement désagréable et insupportable, toujours en train de crier «Moniiiique». Peut-on renvoyer ce vieux haïssable en 1964 et garder le reste de la famille Boivin avec nous en 2010?