Avant l'invasion des galas de Star Académie, des messes arrosées de Tout le monde en parle et des soirées d'élimination de Loft Story, nos dimanches étaient certes beaux, mais bien tranquilles et ronflants au petit écran.

Au temps de La petite vie, d'Entre chien et loup, Des dames de coeur ou de 4 et demi, les Québécois consommaient massivement leur télé le lundi soir, lieu de convergence des fictions les plus dévorées. Plus maintenant. La grosse soirée de télé depuis 2003, c'est le dimanche, encore et toujours. «Le banquier, Tout le monde en parle et Occupation double se classent systématiquement dans le top 5 des émissions les plus regardées de la semaine», analyse la vice-présidente et directrice de Cossette Média, Francine Marcotte.

Déclassé par Julie, Jimmy et Guy, le lundi se classe au deuxième rang des périodes de plus grande affluence devant le plasma québécois. «Les gens sont plus disponibles le lundi. Il y a Les Parent, Occupation double, L'auberge du chien noir, les deux téléromans de TVA (Yamaska et Toute la vérité) et La galère. Une fois le lundi passé, l'écoute décline d'environ 10% à 15% par jour jusqu'au samedi», ajoute Francine Marcotte.

Aux États-Unis, c'est l'institution du jeudi soir télévisuel qui s'écroule. Ce qui a jadis été must see TV avec Seinfeld, ER et Friends sur NBC, avec Grey's Anatomy sur ABC ou avec Crime Scene Investigation (CSI) sur CBS perd des plumes comme un petit poulet en passe de devenir un sandwich coup double chez PFK.

Le jeudi soir est, depuis 2007, la troisième soirée en importance en matière de volume d'écoute chez les téléphages de New York à Los Angeles, se classant derrière le dimanche et le lundi. Mais cette saison, gros choc, le jeudi américain se fait écrabouiller par le mardi et le mercredi, surtout dans la tranche convoitée des 18 à 49 ans.

Selon le Wall Street Journal, cette dégringolade aux audimètres pourrait se traduire par des pertes astronomiques en revenus publicitaires. Car les annonceurs adorent s'afficher les jeudis soirs à la télé américaine pour chatouiller les instincts de consommateur des téléspectateurs, qui planifient leur week-end de sorties ou de shopping. Voilà pourquoi les campagnes de films inondent les ondes du jeudi, tout comme les promotions de grandes boutiques qui concoctent des liquidations monstres pour trois jours seulement.

«Historiquement, les jeudis, vendredis et samedis ont été des soirées assez ordinaires pour la publicité au Québec. Beaucoup de gens magasinent, sortent au resto ou invitent des amis à souper. Ils regardent moins la télé», remarque le vice-président médias chez Touché! PHD, Jean-Pierre Giroux.

Le jeudi soir a repris ses lettres de noblesse en 1990 quand Radio-Canada y a logé à 20h ses Filles de Caleb, un des plus grands succès de la télé québécoise. Une décision audacieuse, qui a été ultra-payante. Depuis, les chaînes savent que si elles tiennent une émission de grande qualité entre leurs mains, les téléspectateurs la suivront même le jeudi. Fortier enquêtait le jeudi soir. C'est aussi un jeudi que TVA a choisi pour diffuser son interview «exclusive» avec Céline Dion, toujours menée par Julie Snyder. Des fidèles au poste, il y en a eu.

Et dites-vous que s'il y a de l'audience, il y a des annonceurs qui rôdent. Parlant de publicités, celles de la nouvelle voiture Cruze de Chevrolet, rythmée par la chanson Tightrope de Janelle Monae, nous rattrapent partout, partout, même pendant les pauses d'Occupation double, une téléréalité pourtant commanditée à fond la caisse par Mazda, un féroce compétiteur.

Normalement, quand une épicerie, une pharmacie, un constructeur automobile ou une société de téléphonie accole son nom au générique d'ouverture d'une émission, c'est - en partie - pour s'assurer qu'aucun de ses concurrents ne puisse se faufiler dans les pauses de ladite émission. Par exemple, entre deux blocs de la comédie Les Parent, qui a bouclé une association avec Uniprix, vous ne verrez jamais de réclames de Jean Coutu ou de Pharmaprix.

Alors comment la Cruze a-t-elle pu rouler pendant les trois minutes de répit de Judith et Terry d'Occupation double? Selon l'agence Cossette, la protection anticompétition a uniquement été levée pendant la dernière demi-heure de la téléréalité de TVA. Donc, la Cruze a obtenu le feu vert pour se stationner juste à côté de la Mazda2. Un coup de volant bien placé.

Je lévite

Avec les pubs de Vidéotron. De l'autodérision, beaucoup d'humour et une sympathique mamie qui rigole en raison d'une grenouille qui joue de l'harmonica, ça fait sourire. Et c'est tout ce qu'on demande par ces temps de grisaille.

Je l'évite

Les nouvelles pubs de lait. Sérieusement, vous trouvez ça «réconfortant» de chantonner avec une marionnette taillée dans un vieux bas de laine alors que vous êtes coincés dans la circulation? Agaçant, oui. Énervant, ça aussi. Mais réconfortant? Pas vraiment.