Allez, avouez-le. Souvent, lorsque vous visionnez une émission enregistrée sur une VHS vintage, vous ne sautez plus les pubs, parce que ça devient vraiment frustrant de trop avancer la bobine, ce qui fait rater une réplique cruciale, pour ensuite reculer le ruban un peu trop, ce qui fait atterrir en pleine réclame de Club Piscine Super Fitness, puis d'encore essayer de revenir à l'endroit exact où notre programme recommence, sans succès, ah merde, maudite machine... Bruit de télécommande qui se fracasse contre le meuble Bestä.

Alors, comme bien des téléphiles exaspérés, nous subissons ces assauts commerciaux, même si nous disposons des moyens technologiques pour les zapper. Pourtant, dans presque toutes les grandes études faites sur la télé, la majorité des sondés répondent systématiquement que les pubs de 30 secondes les agressent, qu'ils ne les regardent jamais et qu'ils paieraient le gros prix pour s'en débarrasser d'un coup de Swifer. Moi, consommer de la pub? Pfft. Jamais!

Un percutant et volumineux dossier publié au printemps dans The Economist révèle toutefois le contraire: malgré ce qu'ils confient aux spécialistes du marketing, les téléspectateurs demeurent hyper conservateurs dans leur façon de consommer le petit écran. Ça se passe encore en famille, dans le salon et à l'heure inscrite dans les télé-horaires, publicités incluses. De quoi réjouir tous les annonceurs de ce monde, qui détestent les enregistreurs numériques personnels (ENP) autant que Mafalda haït la soupe.

Par exemple, en Angleterre, les abonnés au service numérique Sky " dévorent encore 85% de toutes leurs émissions chouchous en direct. C'est énorme. Tous les gadgets comme Apple TV n'ont pas encore ébranlé notre bonne vieille télévision, très loin d'être éclipsée par le web, selon The Economist, qui rappelle qu'un utilisateur de YouTube y perd environ 15 minutes par jour, tandis qu'un consommateur de télé se plante encore devant son gros appareil - en moyenne - cinq heures par jour. Énorme différence.

Oui, la popularité des sites comme Hulu.com et, chez nous, Tou.tv grimpe en flèche, mais ces initiatives sont loin d'être des vaches à lait. Comme pour les journaux et leurs extensions sur le web, les gestionnaires à cravates cherchent encore des modèles économiques viables.

Présentement, selon une étude du Council for Research Excellence, les Américains passent plus de temps scotchés à leur appareil JVC qu'à faire toutes les activités suivantes réunies: envoyer des courriels, surfer le web, jouer à des jeux sur l'ordinateur, lire des journaux, parler au cellulaire et regarder des DVD.

Parlant des DVD, leur popularité s'étiole. En 2006, le marché américain des ventes de séries télé en DVD tournait autour de 20 milliards. Il a chuté à 16 milliards en 2009. La récession a beaucoup influencé cette dégringolade. Par exemple, au lieu d'acheter de coûteux coffrets, les amateurs ont préféré les louer, les visionner en ligne sur les sites des grandes chaînes, les pirater ou ils ont simplement choisi de les regarder de façon traditionnelle, c'est-à-dire une fois par semaine, à la même heure, au même poste.

Non, malgré des pronostics très sombres, la télé traditionnelle n'est pas morte, loin de là. Ce qui a changé? Nous la regardons maintenant en commentant sur Twitter ou en expédiant des textos. Lors de la dernière cérémonie des Oscars, Nielsen rapporte que 13% des téléspectateurs ont visité en même temps des sites comme Google ou Facebook. Même constat pendant le Super Bowl ou la cérémonie d'ouverture des Jeux de Vancouver.

En fait, pratiquement tout ce qui se rattache au sport à la télévision dite régulière a le vent dans les voiles. Pourquoi? Des parties des séries du Canadien, une finale de Roland-Garros ou une performance historique de Joannie Rochette, ça se passe là, ici, maintenant et en direct. Pour être dans le coup, il faut suivre comme le troupeau et non attendre la sortie de la version piratée.

Et règle générale, les publicitaires raffolent des fans de sports, souvent de jeunes hommes qui claquent beaucoup d'argent en divertissement. Sur ces sages paroles, amis lecteurs, je vous abandonne, j'ai un match du Mondial à regarder en direct dans mon salon, tout en twittant, facebookant et textant mon entourage. C'est ça l'avenir de la télévision, non?

Je lévite

Avec la chanson Notre coeur d'Alex Nevsky, disponible sur iTunes. Un artiste originaire de Granby bourré de talent qui concocte de la pop-rock planante, fière et ambitieuse. Vivement l'album complet, qui devrait sortir à la fin de l'été sur étiquette Audiogram. Et c'est l'inventif Yann Perreau qui le réalisera. Super.

Je l'évite

Les doublons de publicités dans les pauses commerciales. Cet agaçant phénomène se produit souvent dans les reprises de Rumeurs sur ARTV, où la même réclame - souvent très moche - joue deux fois de suite et où la même réclame - souvent très moche - joue deux fois de suite. Voyez comme c'est énervant. Voyez comme c'est énervant.

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