Le Canadien écrase nos humoristes

C'était hyper prévisible. La présentation du premier match entre le Canadien de Montréal et les Flyers de Philadelphie sur RDS a complètement aplati la cérémonie des Olivier à Radio-Canada, qui a perdu dimanche soir 40 % de son audience par rapport à l'an dernier.

Score final: 6-0 pour Philly, mais aussi 1 655 000 fans pour le hockey, contre 848 000 accros à l'humour. L'an dernier, les Chick'n Swell avaient rabattu près de 1 407 000 fidèles sur les ondes de la SRC. Toute une dégringolade. Sur V, la grande finale de Big Brother a captivé (hum, hum) 384 000 personnes. TVA n'a pas fait le poids avec une reprise du Banquier (399 000) et un gala Juste pour rire (312 000).

Malgré ce gala des Olivier en dents de scie, il faut tout de même saluer les efforts déployés par les trois Chick pour moderniser et bonifier une formule traditionnelle en y incorporant des éléments surprenants, voire déroutants. Pour un animateur, accepter l'animation d'une remise de prix en 2010 est un contrat encore plus casse-gueule que de répondre au téléphone de Call-TV. Car ce type de soirée fait rarement - jamais? - l'unanimité. Alors, bravo pour l'audace.

Et contrairement à ce que l'on aurait pu prédire, les fans du CH n'ont pas déserté RDS après la deuxième période, alors que la troupe montréalaise tirait déjà de l'arrière 4-0. Entre 20 h et 20 h 30, 1 784 000 fans étaient plantés devant la chaîne sportive. Une demi-heure plus tard, BBM en dénombrait encore 1 676 000 à encourager les Glorieux. C'est ce qu'on appelle de la dévotion, qui a freiné un exode de masse vers la SRC.

Pas étonnant que Pierre Karl Péladeau se décarcasse pour implanter du hockey à l'antenne de TVA: la présence du Canadien en séries éliminatoires accomplit des miracles pour la station dédiée à 100 % aux sports. Mercredi soir dernier, où les soldats de Jacques Martin ont liquidé de façon quasi miraculeuse les Penguins de Pittsburgh, RDS a enregistré sa cote d'écoute la plus juteuse depuis sa mise en ondes à l'automne 1989: 2 417 000 fans ont visionné le match du début à la fin, avec une pointe à 3 459 000 vers la fin. Des statistiques du calibre de Star Académie dans ses belles années.

Toujours mercredi, L'antichambre qui a suivi a aussi brisé son record personnel avec une audience évaluée à 660 000 mordus. Selon RDS, le talk-show sportif a vu ses chiffres grimper de 121 % depuis le début des séries de fin d'année.

Chez V, les chiffres de L'attaque à 5 ont bondi de 120 000 téléspectateurs en saison régulière à près 200 000 en ronde éliminatoire. Cette embellie statistique n'a toutefois pas convaincu la direction de Remstar de conserver le talk-show de Jean Pagé à l'antenne cet automne: la plogue a officiellement été tirée. La dernière émission passera le vendredi 28 mai.

«Nous avons perdu trois parts de marché en un an. C'est une décision qui est basée sur les chiffres, qui ont été en deçà de nos espérances. C'est normal que nos attentes soient plus élevées», note le porte-parole de V, Tim Ringuette.

Évidemment, Jean Pagé, qui a aussi été de l'aventure de 110 % à feu TQS, est déçu du retrait des ondes de L'attaque à 5. «Ce n'était pas une émission qui coûtait les yeux de la tête. Ç'a coûté plus cher cette année parce que c'était produit par La Presse Télé. On a changé un peu le concept pour devenir accessible aux crédits d'impôts. Il fallait obligatoirement avoir quatre sujets par soir pour être reconnu comme magazine. On n'avait pas le choix. Moi, je n'étais pas d'accord. On était dans un cul-de-sac. À l'automne, avec Jean-François Mercier à 22 h et Mario Dumont à 22 h 30, il n'y avait plus de place pour nous», indique Jean Pagé en entrevue.

V souhaite conserver du sport à son antenne, mais n'a pas encore d'idée précise du concept ou du timonier pressenti. À Radio-Canada, La zone a peu profité de l'engouement actuel pour la Sainte-Flanelle. De 118 000 amateurs avant le déclenchement des éliminatoires, le bassin d'amateurs de l'émission de sports avoisine présentement les 136 000.

Hier, Radio-Canada a finalement confirmé, après plusieurs semaines de spéculation, la disparition de La zone. «La zone comme nous la connaissons ne reviendra pas à l'automne. Nous avons un autre projet d'émission à saveur sportive pour la fin de soirée», commente la porte-parole de la société d'État, Nathalie Moreau.

C'est RDS qui doit présentement se frotter les mains. La troupe de Stéphane Langdeau aura-t-elle le champ complètement libre pour la prochaine saison?