Le regard injecté de panique, le corps électrifié par un sixième café Starbucks, j'ai foncé tout droit au deuxième étage de la boutique Apple, rue Sainte-Catherine Ouest. Écartez-vous! Il y a un blessé! Contactez Dre Grey!

Avec d'infinies précautions, et en tremblotant un peu, j'ai lentement retiré mon vieux iBook blanc de la serviette de bain qui le protégeait d'un autre virus ou d'une quelconque attaque d'un (coeur de) pirate.

 

Vite, faites quelque chose, mon bébé est en train de mourir! ai-je hurlé, un brin hystérique, en réalisant que je venais de me transformer Carrie Bradshaw dans Sex and the City, mais sans la verrue au menton.

Hmm, a grogné le technicien Apple, en branchant ma machine sur différents moniteurs sophistiqués. Une première demi-heure a passé. Len-te-ment. Alors? Hmm, a marmotté le technicien. Une autre demi-heure d'attente interminable.

Puis, de battre mon coeur s'est arrêté. Le docteur informatique a prononcé les mots «disque corrompu» et un paquet d'autres phrases savantes qui ont rebondi sur les murs en inox du joli magasin. La tête me tournait. Impossible. Pas lui. Mourir si jeune. Il n'avait que quatre ans. Merde. Comme c'est injuste!

J'ai balbutié un «êtes-vous vraiment certain?» hésitant. Il a répliqué, en franglais: «Je vais essayer un dernier truc et effacer tout le contenu de votre disque dur, j'imagine que vous avez un backup?»

Une copie de secours? Oups. Râclements de gorge. Sourire embarrassé. Non, pas vraiment, ai-je murmuré, honteux, tout en fixant le plancher. Alors, c'est la fin, a tranché le technicien. Je ne peux plus rien faire pour vous, a-t-il enchaîné, en me remettant le cadavre aux touches encrassées et à l'éran rayé.

C'est la fin. Bonsoir toutes mes émissions de télévision. Adieu à toutes mes photos de voyage. Et bye-bye ma bibliothèque musicale au grand complet. Dans ma tête, je calculais combien cette étourderie allait me coûter, en plus d'un ordi flambant neuf à 1500$. Ka-ching.

La cybervie de mon iBook a ensuite flashé sous mes yeux. Nos premiers amis Facebook. Son premier bogue (tellement drôle, à y repenser!). Les premiers courriels échangés (allô, c'est moi!). La première pièce de Roxette téléchargée légalement (si, si!). Les épisodes de The Hills dévorés à quatre heures du matin (Go Whitney!). Et les espressos renversés sur son clavier.

Pensez-y deux secondes. Nous consignons à peu près toute notre vie dans un ordinateur: nos souvenirs, nos factures, notre musique, nos vidéos de famille, nos films préférés. Et que faisons-nous pour se prémunir contre un vol, un bris, une inondation, un feu ou un pépin informatique? À peu près rien.

Coup de fil chez Apple pour vérifier si plusieurs clients en détresse se pointent dans leurs succursales après avoir tout perdu. Réponse? Nous ne parlons que de nos produits, a sifflé une porte-parole de la célèbre compagnie. Ah oui? Et un Mac qui plante, c'est pas un produit, ça?

Passons. Après quelques pianotements habiles, une équipe de spécialistes a finalement pu récupérer la totalité des données de mon iBook, qui revivent aujourd'hui dans un performant iMac gris acier.

Désirez-vous un disque dur externe pour effectuer votre copie de sécurité, a demandé le commis alors que je quittais la boutique avec une immense boîte sous le bras.

Ah oui. Un backup. À quoi ça sert, déjà, un backup?

Je lévite

Avec The Teenagers. Un sympathique trio d'électro-rock français qui a bricolé un album - Reality Check - très chouette. Téléchargez Feeling Better pour un avant-goût.

Je l'évite

Sasha Fierce. Après P. Diddy, qui a changé de nom environ 13 fois, voilà maintenant que Beyoncé adopte l'identité de Sasha Fierce, son alter ego plus ghetto, plus diva, qui s'amuse avec ses amies dans les clubs. Sérieusement, ça prendra plus qu'un changement de nom à Beyoncé pour augmenter sa crédibilité dans les quartiers chauds, yo!.