Ils ont câliné, cajolé, consolé, rassuré, amusé, bordé et éduqué une génération entière qui porte maintenant leur nom. Et pourtant, l'apport des artisans de Passe-Partout au développement psycho-affectif et moteur des 25-35 ans (merci, ministère de l'Éducation du Québec !) n'a jamais été rétribué à sa juste valeur.

Pour les 125 demi-heures de la première série de cette émission jeunesse, qui ont été tournées entre 1977 et 1979, Marie Eykel n'a engrangé que 35 000 $. Aucune prime ne lui a été versée pour les milliers de reprises et la diffusion - en double - sur les antennes de Radio-Québec et Radio-Canada.En fait, les artisans de Passe-Partout empochaient des salaires trois fois moins juteux que ceux de leurs collègues qui bossaient, par exemple, sur Pop Citrouille à la SRC. Injustice ? Exploitation ? «À l'époque, j'ai payé ma maison 22 000 $ sur le Plateau Mont-Royal», nuance Marie Eykel.

N'empêche, chers poussinots et chères poussinettes. En achetant massivement les quatre premiers coffrets DVD de la série, déjà écoulés à plus de 300 000 exemplaires au Canada, nous avons réparé les injustices du passé. Passe-Montagne, Passe-Partout et Passe-Carreau ont enfin récolté, en plus de notre amour inconditionnel, assez de sous pour assurer leurs vieux jours.

«À Noël l'an dernier, nous avons même battu les ventes de 24 heures chrono. Avec les DVD, tous les comédiens ont gagné de meilleurs cachets qu'à l'époque», confie Jacques L'Heureux.

Mardi, le rideau tombera sur la saga Passe-Partout avec la sortie du cinquième et dernier coffret de la série-culte. Oui, il reste des centaines d'autres épisodes dans les voûtes de Télé-Québec, dont ceux avec Passe-Midi, Passe-Tourelle, le détestable Tintinabulle et, qui d'autre, Passe-Moi-Le-Beurre, tiens. Mais les chances qu'ils soient dépoussiérés demeurent très minces. «En ce qui me concerne, c'est la fin. Ça serait peut-être exagéré de continuer. Les 125 premières émissions ont été les meilleures», tranche Marie Eykel.

Sentiment partagé par Jacques L'Heureux : «Les séries subséquentes sont encore plus complexes pour la libération des droits. Et d'après ce que j'entends, les gens de votre génération préfèrent la première série», indique-t-il.

Vrai. Le départ de Passe-Carreau, jumelé au relookage des personnages, a brisé la magie. Ça, et le fait que nous avions maintenant l'âge de nous acheter des Twist Shandy au dépanneur. Passons.

Sérieusement, j'ai sans doute visionné des centaines de fois chacun des épisodes de Passe-Partout, mais je ne me rappelais aucunement du dernier, soit l'anniversaire de cinq ans des jumeaux Pruneau et Cannelle. On y apprenait des tas de trucs, dont l'âge de Grand-Papa Bi (72 ans), comment dire au revoir dans toutes les langues et, comble du bonheur, Zig-Zag y retrouvait enfin ses parents-zan-zan.

«Je regarde votre génération et je vous trouve débrouillards. Vous êtes créatifs, vous vous prenez en main, vous n'êtes pas empotés. Je trouve que vous formez une génération exceptionnelle», note Marie Eykel.

Et j'ajouterais : zing, dans les dents, jeunes gens de la génération gâtée aux Bibi et Geneviève et Robin et Stella. Vous ne nous arrivez pas à la cheville !

Car, pour les biscuits qui font grandir, il y a Passe-Partout. Pour tout le reste, il y a MasterCard.

Je lévite

Avec It's Always Sunny in Philadelphia. Une série complètement sautée, sorte de mélange de Seinfeld et de Friends, mais sur le crack. On y suit quatre amis dans la fin vingtaine, début trentaine (Deandra, Charlie, Mac et Dennis) qui exploitent un bar miteux, sans trop de succès. Égoïstes, cyniques, paresseux, malhonnêtes et menteurs, tous les personnages y apparaissent sous leur plus mauvais jour. De la télé grinçante et décapante.

Je l'évite

Plus de Millénium à lire. Existe-t-il vraiment un quatrième tome à cette trilogie policière, comme le souffle la rumeur ? Si oui, que l'imprimeur démarre les rotatives. Si non, je rentre en désintox afin d'anéantir ma dépendance à Lisbeth Salander et Mikael Blomkvist.