Enfin ! Il a fallu poireauter pendant plus de deux heures pour qu'un énorme courant d'émotion traverse le Centre Bell et électrise toutes les chaumières du Québec : l'hommage à Céline Dion. Un joli moment de télévision qui marquera le petit écran québécois, c'est clair.

D'un chic fou dans une seyante robe noire, Céline Dion a encaissé les applaudissements, les sifflets et les olé-olé pendant plusieurs minutes, où de grosses larmes ont roulé sur ses joues. «J'espère qu'ils ne nous ont pas déjà coupés. De revoir sa vie en quelques minutes, c'est un choc, mais quel beau choc», a soufflé «la plus grande chanteuse du monde».Très émue, la diva de Charlemagne a enchaîné : «D'être reconnue chez soi, c'est comme se retrouver dans les bras de sa mère qui vous dit : je t'aime.» Autre ovation de la foule. Autres yeux embués.

Menée par un Luc Plamondon qui manquait cruellement d'aplomb, la rétrospective de la carrière de l'interprète a cependant mis du temps à décoller. Pourquoi avoir conservé les gags douteux sur le chaud lapin René Angélil ? Ordinaire. Une fois les images d'archives lancées, avec l'OSM qui rythmait leur défilement, la magie de Céline a opéré.

Tout de suite après, la revue des 30 ans du gala de l'ADISQ, façon Ici Louis-José Houde, a été délicieuse (avez-vous attrapé la vanne sur Félix Leclerc et Daniel Lavoie ? Génial). Enfin, de la savoureuse télé à se mettre sous la dent.

Car il y a eu hier soir deux cérémonies distinctes : l'avant et l'après-Céline Dion. Avant Céline, la sauce (Saint-Hubert ?) a mis beaucoup trop de temps à prendre. L'énergie des 10 000 fans entassés dans l'amphithéâtre passait difficilement dans nos salons. C'était flagrant pendant Les étoiles filantes des Cowboys Fringants, où le parterre, pétrifié, ne gigotait pas. Malaise.

Le gala a démarré de façon laborieuse avec un numéro musical décousu, qui a mal servi Karkwa et sa pénible reprise du Tour de l'île de Félix Leclerc. Aïe. Et quel lien unissait tous les artistes qui ont défilé sur scène, soit Alfa Rococo (Lever l'ancre), Marie-Mai (Mentir), Gatineau (Pow, pow t'es mort) Sylvain Cossette (Hallelujah de Leonard Cohen), la brune Marjo (Ça fait du bien) et Karkwa (À la chaîne) ? Un peu échevelé comme segment. Et message aux gars de Gatineau : remontez vos jeans. Il y a des parties de votre anatomie que les téléspectateurs préfèrent ne pas zyeuter, merci.

Dans son monologue d'ouverture, Louis-José Houde, qui a révélé avoir perdu sa virginité dans une auto sur Des mots qui sonnent de Céline Dion, a été rigolo et piquant, mais il s'est un perdu dans ses gags d'outils. Trop long. Bravo, cependant, à la flèche décochée au caissier unilingue anglophone, incapable de prononcer 48,42 $ en français. « Même si j'achète Puff Daddy et Jive Bunny and the Mastermixers, tu me réponds en français », a raillé l'humoriste, très élégant dans son habit chatoyant. Et vlan, dans les dents !

Solide et original numéro que celui de Sans Pression, Martin Deschamps, Steve Hill, Éric Lapointe et un quatuor à cordes. Un habile mélange des genres.

Après-Céline festif

L'après-Céline a été plus festif : les vedettes ont desserré leur noeud de cravate et lâché leur fou. Il était temps. Superbe, Marie-Mai, qui a raflé son tout premier Félix à vie, a été craquante. Bravo aussi à Alfa Rococo, un duo composé de Justine Laberge et David Bussières (frère de la comédienne Pascale Bussières et sosie d'Éric Bernier), qui a sincèrement paru sonné par les récompenses.

Côté remerciements, rien de désastreux à signaler. Même Izzzabelle Boulay, qui a accouché de son petit Marcus le 20 octobre dernier, a été brève. Un exploit pour elle. « Je suis encore dans mes émotions de maman. Je n'ai pas beaucoup de cerveau », a lancé au micro la rousse chanteuse.

À l'animation, Louis-José Houde, qui a complété son tour du chapeau hier, n'a pas à rougir. Il a fait du bon boulot. Bémol : ses gags sur les pochettes d'albums sentaient un peu le réchauffé. Mais, bon. Le peu subtil placement du poulet Saint-Hubert a été autrement plus agaçant.

Encore une fois, Babu a écorché le nom d'une gagnante, soit Angèle Dubeau et sa « Piesta ». On dit Pièta, mon cher Babu.

Dernier sujet d'irritation : la longueur de l'émission. Combien d'entre vous êtes restés scotchés à votre téléviseur jusqu'à la fin ? Ça ne prend pas trois heures et demie pour décerner 13 prix. Coupez !

Et quoi ? Claude Dubois a raflé le Félix des meilleures ventes avec un album sorti le 8 mai 2007 ? Voilà un bon exemple de décalage entre la critique, qui a déchiqueté ce Duos Dubois, et le public, qui l'a acheté par centaines de milliers.

La grande question, maintenant : les trophées de Louis-José écraseront-ils les beautés du Banquier dans les sondages BBM ? Chez Julie Snyder, la concurrente, qui conduit des autobus à Québec, jouait avec cinq valises renfermant un demi-million de dollars. Grosse compétition. Au gala de Loft Story 5, l'analyste Jean Perron a créé un gros malaise en déclarant que Charles-Éric provenait d'un milieu pauvre et que ça paraissait. Euh, deux minutes pour rudesse après le coup de sifflet !