Logiquement, les Blackhawks de Chicago devraient soulever la Coupe Stanley.

Menés par l'un des joueurs les plus complets de la LNH en Jonathan Toews, leur capitaine, comptant sur des attaquants dangereux en Patrick Sharp, Marian Hossa, Patrick Kane et leurs révélations offensives Bryan Bickell (8 buts, 13 points) et Michal Handzus (2 buts, 7 aides), et une défense plus que solide qui se dresse autour de Duncan Keith, Brent Seabrook et le très surprenant et efficace Niklas Hjalmarsson, les Hawks sont forts. Non! Très forts.

Comme si ce n'était pas déjà assez, ils comptent sur un gardien très solide en Corey Crawford et sur un entraîneur-chef finaliste au trophée Jack-Adams en Joel Quenneville.

Pour toutes ces raisons, les Hawks forment sans contredit la meilleure équipe de la LNH. Pas juste sur papier.

Champions de la saison régulière, les revoilà en grande finale pour la deuxième fois en quatre ans avec la chance de répéter l'exploit de 2010 lorsqu'ils ont offert une Coupe Stanley à leurs partisans, qui patientaient depuis 1961.

Bruins sans complexes

Logiquement, donc, les Hawks devraient gagner.

Mais attention! La logique favorisait aussi Sidney Crosby et ses Penguins de Pittsburgh en finale de l'Association de l'Est.

Et cette logique n'a pas tenu le coup.

Elle s'est même égrainée sous le poids des Bruins de Boston, qui ont muselé l'attaque pourtant féroce des Penguins, qui s'est contentée de deux petits buts dans le cadre d'un balayage en quatre parties.

Cette victoire-surprise - mais ô combien méritée - des Bruins et de leur entraîneur-chef, Claude Julien, oblige donc tous ceux qui seraient tentés de s'appuyer une fois encore sur la logique pour prédire la victoire des Hawks d'afficher un brin de prudence.

De fait, quand on regarde de plus près les deux formations, on se demande comment la logique tiendra le coup.

Oui, les Hawks comptent sur une attaque redoutable. Mais les Bruins n'ont pas grand-chose à leur envier quand on regarde la production du trio de David Krejci-Milan Lucic-Nathan Horton.

Meilleur compteur de la LNH en séries avec ses 21 points (9 buts), Krejci est un prétendant logique au trophée Conn-Smythe.

Horton (7 buts, 17 points) doit également être pris en considération. Tout comme, dans une moindre mesure, le troisième membre de ce trio de choc; Lucic, en plus de brasser rondement la cage de ses adversaires et d'offrir beaucoup d'espace de travail à ses partenaires, revendique 13 points, dont 10 aides.

La liste ne s'arrête pas là. Que non!

Patrice Bergeron, qui livre une lutte à Jonathan Toews et Pavel Datsyuk, des Red Wings de Detroit, pour le titre de meilleur attaquant défensif - lire le joueur le plus complet - de la LNH obtiendra plus que sa part de votes dans la course au Conn-Smythe.

Tout comme son ailier gauche Brad Marchand et le défenseur et pivot de cette équipe, Zdeno Chara.

Contribution défensive

Le capitaine Chara joue un peu dans l'ombre des autres «vedettes» des Bruins depuis le début des séries. Mais il demeure une menace offensive, comme en témoignent ses 11 points - le même total que Bergeron - et son différentiel de +12, le meilleur de tous les défenseurs.

Autre point favorisant les Bruins: la contribution offensive de leurs défenseurs.

Menés par Johnny Boychuk qui revendique 5 buts - 1 de moins que les défenseurs des Hawks réunis -, les arrières des Bruins ont inscrit 15 buts en 16 matchs éliminatoires. Pour vous donner une idée de l'importance de cette statistique, ils en ont marqué 23 au cours de la saison écourtée.

Et s'il est impératif d'encenser le gardien québécois Corey Crawford pour la qualité de son jeu en séries, comment passer sous silence les prouesses de Tuukka Rask devant le filet des Bruins?

Le gardien finlandais mérite aussi d'influencer les prévisions pour le trophée Conn-Smythe. Plusieurs le considèrent d'ailleurs comme le grand favori chez les Bruins.

Autant de candidats au trophée Conn-Smythe donnent une idée de l'équilibre des Bruins, dirigés avec un parfait mélange de doigté et de fermeté par Claude Julien.

Cet équilibre qui leur a permis de hacher finement les Penguins devrait leur permettre de renverser la logique une fois encore.

De gagner la Coupe Stanley une deuxième fois en trois ans.

De se faire haïr plus encore par des partisans du Canadien, qui les détestent déjà souverainement.

Si Bergeron arrive à s'imposer devant Toews et les Hawks comme il l'a fait aux dépens de Crosby et les Penguins, les Bruins gagneront. Peut-être même rapidement.

Mais parce que les Hawks ne devraient certainement pas faire cadeau des deux premiers matchs à Chicago comme l'ont fait les Penguins à Pittsburgh, la série sera longue.

Je favorise Boston pour gagner en six matchs.

Sauf que... Si les Bruins laissent la grande finale se prolonger jusqu'à la limite des sept matchs, les Hawks, et surtout leurs partisans, qui vireront à l'envers le «Madhouse on Madison» comme c'est leur habitude, leur raviront le précieux trophée.

Avec 9 prédictions qui se sont avérées sur les 14 lancées depuis le début des séries, je ne suis pas en droit de claironner à l'aube de la finale. Cela dit, au-delà des doutes associés à ma prédiction favorisant les Bruins, je suis convaincu de deux choses: les deux meilleures équipes des séries s'affrontent en grande finale et elles nous offriront un spectacle de très grande qualité.