Plusieurs raisons aussi bonnes les unes que les autres expliquent pourquoi les Sabres ont gagné. Ou que le Canadien a perdu. C'est selon.

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La pénalité qui n'en était peut-être pas une imposée à P.K. Subban pour permettre aux Sabres de marquer à cinq contre trois.

Le bâton fracassé de Brendan Gallagher qui a conduit au but de Tomas Vanek qui a doublé l'avance des Sabres 2-0.

L'imprécision des tirs du Canadien ou la capacité des joueurs des Sabres de les bloquer.

La solide performance de Ryan Miller qui a salué son 40e match en carrière face au Tricolore avec une 25e victoire attribuable au fait qu'il a gardé les buts comme il en est vraiment capable et non comme il l'a fait trop souvent depuis le début de la saison difficile qu'il connaît.

Les fans du Canadien ajouteront à cette liste le travail inconstant des arbitres et quelques autres raisons de leur cru.

Mais voilà! Au-delà de toutes ces explications savantes appuyées par des statistiques bien choisies, je vous proposerais l'explication la plus plate qui soit.

Une explication chère au grand philosophe du sport qu'est Yogi Berra. Après le grand principe selon lequel un match n'est pas fini avant qu'il ne soit fini, Berra a cultivé le principe selon lequel une équipe, aussi bonne soit-elle, peu importe le sport qu'elle pratique, ne peut pas toutes les gagner.

C'est donc ce principe tout simple que je brandis pour expliquer le fait que les joueurs du Tricolore voient leur congé dominical assombri par le revers de 3-2 encaissé aux mains des Sabres samedi soir au Centre Bell.

Car quand on y regarde de près, le Canadien a vraiment imposé le rythme dans le match de samedi.

En plus de 39 tirs qui ont atteint la cible, le Canadien a vu 31 rondelles être bloquées en défensive par les joueurs des Sabres alors que 15 rondelles tirées par le Tricolore ont simplement raté le but.

Si je sais compter, ça fait 85 tirs tentés. Et pour tenter 85 tirs, il faut avoir la rondelle pas mal plus souvent que l'adversaire.

Le fait que les Sabres aient tiré 18 fois, dont 5 seulement en première période, témoigne de ce grand principe. L'ennui pour le Canadien, c'est que les Sabres ont été beaucoup plus efficaces, comme l'indiquent les neuf tirs seulement bloqués par le Canadien et les quatre tirs des Sabres qui ont raté le filet de Carey Price.

S'appuyant sur le fait qu'il a cédé deux fois sur 18 tirs, les pourfendeurs de Carey Price ou ceux qui n'ont pas vu le match concluront rapidement que le gardien du Canadien a connu un mauvais match.

Rien de plus faux.

Price a été moins occupé que son vis-à-vis. Prétendre le contraire serait absurde. Mais bien qu'il n'ait pas été très occupé, Price a fait face à plusieurs bonnes occasions de marquer.

Deux autres signes témoignent du fait que le Canadien a imposé le rythme du début à la fin de la rencontre.

Quand tu tires aussi souvent que le Canadien a tiré hier, et donc que tu es en possession de la rondelle plus souvent que l'adversaire, normalement tu te fais frapper rondement. Et beaucoup plus souvent que tu frappes l'adversaire.

Ce n'est pas arrivé hier.

Le Canadien a encaissé 21 mises en échec. Mais il en a distribué 20.

Les Sabres ont aussi commis 19 revirements contre trois petits vols de rondelles.

Le Canadien? Il a donné la rondelle 12 fois et l'a volée 7 fois.

Au final, le Canadien a complété le match avec un différentiel négatif de cinq - entre les rondelles perdues et reprises - alors que les Sabres affichent un différentiel négatif de 16.

Net avantage au Canadien à ce chapitre également.

Pour toutes ces raisons, le Canadien aurait pu et peut-être dû gagner face aux Sabres et venger l'échec en prolongation de mardi.

Ce n'est pas arrivé.

Ce n'est pas arrivé parce qu'on ne peut pas toutes les gagner.

Et vous savez quoi? Ce n'est pas vraiment une catastrophe. Car si le Canadien a perdu en temps réglementaire, les Bruins ont fait de même en s'inclinant 3-2 à Toronto.

Le Canadien maintient donc sa priorité au classement devant les Bruins. Une priorité qui sera mise à l'épreuve avec des visites du Canadien à Pittsburgh, mardi, et à Boston dès le lendemain.

On va les prendre une à la fois...

Lâchez Subban!

J'espère que les deux pénalités écopées par PK Subban contre Buffalo ne soulèveront pas une autre guerre nucléaire entre les pro PK et les contre PK.

En passant, il est pas mal difficile d'être contre PK...

Je veux bien croire que Subban a annulé une attaque massive du Canadien en écopant sa première pénalité en fin de première période. Je veux bien croire aussi qu'il a offert un cinq contre trois aux Sabres et tirant la rondelle dans la foule. Mais Simonac! Le gars passe tellement de temps sur la patinoire, qu'il est normal qu'il soit impliqué dans le plus grand nombre de jeux importants au cours du match. Qu'ils soient positifs ou négatifs.

Est-ce que PK méritait d'être chassé pour avoir retardé le match?

Je ne sais pas. J'ai beau avoir couru toutes les reprises possibles, je n'ai pas obtenu un angle qui permette de conclure avec certitude que la rondelle a touché la baie vitrée avant d'aller choir dans le filet de protection.

Mais peu importe : ce n'est qu'une question de malchance.

Prétendre le contraire serait injuste et mesquin.

Cela dit, est-ce que les pro PK pourraient comprendre qu'il est possible de critiquer Subban quand il commet une erreur, car il en commet comme tout le monde, sans pour autant être sur son dos comme la misère sur le dos du pauvre monde?

Est-ce trop demander?

Chiffre du match : 600

Travis Moen disputait samedi soir sa 600e partie en carrière dans la LNH. Moen, qui ne casse rien cette année comme le confirment ses deux buts et quatre points, a connu un petit match tranquille. La seule statistique associée à son nom en 13 présences totalisant 7 min 5 sec d'utilisation est... une rondelle volée. Pas de tir, pas de mise en échec, rien d'autre qu'une rondelle volée...

Entre les lignes

Je ne sais pas comment c'était devant l'écran ou des gradins si vous étiez au Centre Bell pour la rencontre, mais le duel entre le Canadien et les Sabres était loin, très loin, d'être palpitant du haut de la galerie de presse. Quelques visites dans les corridors avant et pendant la rencontre ont permis de constater que c'était aussi mort dans les coursives que dans les gradins... et sur la patinoire...

Carey Price devra patienter au moins un autre match avant de récolter sa 141e victoire avec le Canadien. Un gain qui lui permettra de rejoindre José Théodore au 8e rang dans l'histoire des gardiens du Tricolore. Michel Larocque est 7e avec 144 et Jacques Plante occupe le tour premier rang avec 314...

Tomas Plekanec a disputé un match du tonnerre malgré le fait qu'il ait été blanchi. En plus de servir quelques occasions de marquer en or à ses ailiers, Brian Gionta et Micheal Ryder, Plekanec a vu Ryan Miller réaliser huit de ses 39 arrêts à ses dépens...

Plekanec a dirigé 11 tirs (8 cadrés, 2 bloqués, un qui a raté la cible) au cours du match d'hier...

Max Pacioretty a égalé Plekanec avec 11 tirs tentés (7-3-1)...

Brendan Gallagher a affiché encore beaucoup de combativité lors du match d'hier. Ce joueur est une boule d'énergie et il sait transmettre cette énergie à ses coéquipiers...

Mike Weber a bloqué huit des 31 rondelles bloquées par les Sabres au cours du match de samedi...

Si on ajoute aux 46 rondelles qui ne se sont pas rendues à Ryan Miller samedi les 47 de mardi dernier, le Canadien a bousillé 93 tirs qui ont soit été bloqués ou qui ont raté la cible lors des deux derniers matchs contre les Sabres...

Ça fait beaucoup...