C'est en séries éliminatoires qu'on couronne les champions. Les vrais.

Tenez: si je vous demandais, comme ça - en fouillant seulement dans votre mémoire et non dans celle de votre iPad -, qui a gagné les cinq derniers championnats de la saison régulière dans la LNH, pourriez-vous y arriver sans vous tromper? Et pour les champions des ligues américaine et nationale au baseball, ou ceux des associations nationale et américaine dans la NFL? Vos rôties auraient le temps de refroidir avant que vous n'ayez trouvé les réponses.

Mais les cinq derniers gagnants de la Coupe Stanley, du trophée Vince-Lombardi ou de la Série mondiale vous viendront avant que vos Froot Loops soient couverts de lait.

La PGA a mis du temps à comprendre l'importance des séries éliminatoires. Avant la création de la Coupe FedEx, elle clôturait sa saison avec un tournoi comme les autres. On se serrait la main, on saluait les amateurs de la casquette, on auréolait le golfeur ayant amassé la plus grosse fortune en gains et on se donnait rendez-vous en janvier à Hawaï.

Instaurée il y a six ans, la Coupe FedEx a tout changé. Elle en a d'ailleurs fait la preuve par 1000 au cours des quatre derniers jours. Les profanes ont été attirés par le duel entre Tiger Woods et Rory McIlroy, qui bataillent pour le trône réservé au golfeur le plus adulé de la planète. Les plus avertis ont passé le week-end à calculer la multitude de probabilités associées aux résultats des 30 derniers joueurs en lice, aux points récoltés en fin de semaine et au classement final que Tiger ou Rory auraient pu dominer s'ils avaient maintenu leur rythme, ou piqué moins abruptement du nez.

C'était sans compter Brandt Snedeker. Le blondinet Américain ne s'est pas contenté de faire la barbe à Woods et à McIlroy. Avec une carte de 68 en ronde finale et un cumulatif de 10 coups sous la normale, Snedeker a déclassé tous ses adversaires; ce matin, il est le champion de la Coupe FedEx. Le cinquième en lice. Tiger Woods l'a gagnée deux fois. Les autres sont Vijay Singh, Jim Furyk et Bill Haas - en prolongation l'an dernier, avec un coup d'approche décoché alors que sa balle reposait dans l'eau, en contrebas du vert.

Snedeker est-il le meilleur golfeur au monde?

Peut-être pas. Mais comme les Kings de Los Angeles, les Giants de New York ou les Cards de St. Louis, champions en titre dans la LNH, la NFL et au baseball majeur, Snedeker a su composer avec la pression des séries, les éléments et les nombreux pièges qui minaient le parcours East Lake, en banlieue d'Atlanta.

Plus riche des 10 millions remis en prime avec la Coupe FedEx et de la somme de 1,4 million offerte au gagnant du tournoi de la fin de semaine, Snedeker occupera pour toujours une place de choix dans l'histoire de ce sport.

Place à la Coupe Ryder

Une place que Snedeker pourrait glorifier davantage au cours des prochains jours.

Pourquoi? Parce qu'après des séries éliminatoires qui ont été rien de moins que spectaculaires, Snedeker, Tiger Woods, Rory McIlroy et les 21 autres membres des équipes américaine et d'Europe convergent aujourd'hui vers Chicago pour prendre part à la Coupe Ryder.

Sélection personnelle de l'entraîneur Davis Love III, Snedeker a prouvé qu'il était en mesure de composer avec la pression. Jim Furyk et Dustin Johnson, deux autres choix personnels de Love, ont connu des moments de gloire en fin de semaine. Furyk flirtait avec la première place samedi avant de commettre des erreurs plus que coûteuses en fin de ronde. Quant à Johnson, l'aigle signé hier au 15e trou - trois coups sur une normale cinq - a confirmé sa puissance et sa précision. Des atouts qui ont milité en sa faveur. Steve Stricker, dernière sélection de Love, a fait moins de vagues en fin de semaine, mais il termine les séries au 22e rang. Son expérience et sa grande complicité avec Tiger Woods serviront la cause des États-Unis.

Mince consolation pour Hunter Mahan, que Love a exclu de l'équipe américaine. Il a rapporté avec Webb Simpson la meilleure carte de la journée d'hier (66), et il termine les séries au huitième rang - à égalité avec Tiger Woods -, après avoir les avoir perdues l'an dernier en prolongation.

Dix des 12 membres de l'équipe américaine ont terminé dans le top 20 de la Coupe FedEx. Une statistique qui confirme la puissance des États-Unis, qui profiteront aussi de l'appui de leurs partisans le long des allées du club Medinah.

Quatre Européens seulement font partie de ce top 20.

Ne vous fiez toutefois pas à ce déséquilibre pour conclure que les Américains rapatrieront facilement la Coupe Ryder. Car encore cette année, le petit, mais ô combien précieux trophée, sera très chaudement disputé.

Photo: Reuters

Avec une carte de 68 en ronde finale et un cumulatif de 10 coups sous la normale, Brandt Snedeker a déclassé touts ses adversaires.