Le Wild du Minnesota y a mis le paquet: 196 millions de dollars. Mais en s'offrant Zach Parise et Ryan Suter, les deux joueurs autonomes les plus convoités de la cuvée estivale 2012, le Wild vient de réaliser un coup fumant que le Canadien a été incapable de réussir au cours des dernières années: rapatrier deux vedettes locales... ou presque.

Meilleur attaquant libre cet été, Parise est natif de Minneapolis. Son père Jean-Paul y a endossé l'uniforme des North Stars du Minnesota avant que cette équipe ne change de constellation pour aller briller à Dallas.

Suter est de l'État voisin du Wisconsin. Il rentre toutefois à la maison puisque les villes jumelles de Minneapolis et de St. Paul représentent le point d'ancrage des très nombreux amateurs de hockey de cette région des États-Unis où le hockey est roi. Ou presque...

Le Canadien a tenté des coups similaires dans le passé. Il est passé bien plus près qu'on ne le croit de mettre la main sur Vincent Lecavalier par le biais d'une transaction. L'intervention de la LNH par l'entremise du commissaire Gary Bettman a freiné ce projet qui rendait périlleuse la vente du Lightning à Tampa Bay à cette époque. Peut-être même sa survie dans le nord de la Floride.

Au marché des joueurs autonomes, Le Canadien croyait avoir fait tout ce qu'il devait faire pour attirer Daniel Brière à Montréal. Encore là, il est passé très près de réussir. Mais c'est à Philadelphie, dans l'uniforme des Flyers et non dans celui du Tricolore, que Brière se réalise au mieux depuis cinq ans: il marque des buts importants, récolte des points, et contribue au succè de son équipe.

Bien qu'il soit toujours périlleux de se lancer dans le jeu des comparaisons, le coup fumant réussi par le Wild hier trouverait son équivalent à Montréal - ou à peu près - si le Canadien avait été en mesure hier d'annoncer les entrées en scène de Claude Giroux et de Kristopher Letang. Genre, comme...

Giroux et Letang, avec Carey Price devant les buts, avec P.K. Subban, Andrei Markov et les autres défenseurs pour compléter, avec une attaque qui soudainement aurait eu plus de mordant, le Canadien serait devenu un club à prendre très au sérieux.

C'est exactement ce que devient le Wild ce matin: un club sérieux. Un club qui peut prétendre à de bien meilleurs résultats dès l'an prochain. Un club qui joindra le peloton d'élite de la LNH.

Car, en plus de Niklas Backstrom devant le filet, une défensive anonyme qui suivra son nouveau guide Ryan Suter et un noyau offensif - Mikko Koivu, Dany Heatley, Devon Setoguchi, Matt Cullen, Kyle Brodziak - que Parise solidifiera, le Wild compte sur plusieurs des plus beaux espoirs sur le point de faire le saut dans la LNH.

Le Wild n'a accédé aux séries que trois fois depuis qu'il a fait revivre le hockey au Minnesota en 2000-2001. Sa présence en finale d'association au printemps 2003 a pris un peu tout le monde autour de la LNH par surprise. Elle faisait même sourire, alors que des joueurs que personne ne prenait vraiment au sérieux: les Wes Walz, Pascal Dupuis, Sergei Zholtok - oui, oui l'ancien du Canadien qui est mort en plein match (arrêt cardiaque) dans la KHL l'automne suivant -, Cliff Ronning et Andrew Brunette encadraient un Marian Gaborik dominant.

Ce matin, le Wild ne fait plus rire personne. Surtout dans l'Association Ouest. Encore plus dans la division Nord-Ouest au sein de laquelle les Canucks de Vancouver auront maintenant une sérieuse opposition alors que Calgary, Edmonton et le Colorado ne sont plus assurés d'une deuxième place. Loin de là!

Le Wild est né le 25 juin 1999 lorsque la LNH a confirmé le retour du hockey au Minnesota. Avec les mises sous contrat de Zach Parise et de Ryan Suter, le Wild renaît un 4 juillet avec tous les artifices habituellement réservés aux spectacles pyrotechniques associés à la fête nationale des Américains.

Ça promet pour la saison prochaine.

Ah oui: qu'est-ce que je pense de ces 196 millions qui seront versés à Parise et à Suter au cours des 13 prochaines années?

Ils me donnent moins d'urticaire que les millions consentis à des joueurs de moindre talent et de moindre importance.

Parise et Suter font du Wild du Minnesota un très bon club de hockey. Ils rempliront les sièges de l'Excel Energy Center. Ils seront les catalyseurs de l'attaque et de la défense de cette équipe qui avaient justement un urgent besoin de ce type de joueurs. Ils vendront des chandails et attireront des commanditaires. Ils rapporteront des dividendes autant sur la patinoire que dans la collectivité. Tout comme Sidney Crosby et les autres grandes vedettes de la LNH.

On ne peut en dire autant de bien des joueurs autonomes embauchés ces derniers jours.

Et vous savez quoi? Ça risque de s'accentuer au cours des prochaines heures.

Parise et Suter maintenant casés au Minnesota, les adversaires du Wild devront réagir. La valeur de Rick Nash vient du coup de fluctuer à la hausse.

Sans compter que les Alexander Semin, Matt Carle, voire Andrei Kostitsyn recevront des offres désespérantes présentées par des clubs désespérés qui veulent prendre les moyens pour rivaliser, ou simplement se rendre au plancher salarial fixé en vue de la saison prochaine.

Si saison il y a bien sûr...